Elle décida finalement de ne rien dire à personne, et de simplement expliquer à son père que vu son pied, elle allait passer quelques jours à Austin chez sa cousine. Elle dut lutter plus d'un quart d'heure pour faire rentrer toutes les affaires qu'elle voulait emporter, dont une grosse veste, dans son petit sac de voyage, de façon à ce que son père ne se doute de rien, étant donné qu'elle avait souvent l'habitude de partir chez sa cousine les mains vides ; elles faisaient la même taille et Deborah se contentait souvent de lui chiper ses vêtements. Son père le remarqua tout de même et elle dut inventer qu'elle ramenait cette veste à sa cousine, car elle lui appartenait et que Deborah lui avait emprunté voilà bien longtemps.
Deborah se rappela alors une des paroles d'Ylraw, toujours se compliquer la vie, remplir ses sacs de choses inutiles ou prendre le plus long chemin, car un jour ou l'autre la vie nous était reconnaissante. Elle sourit en s'imaginant partir à chaque fois avec un sac énorme chez sa cousine, et se représentant la tête de son père en la voyant... Mais bon, il était trop tard, et elle devrait se contenter de son petit sac, ce qui n'était pas forcément une mauvaise chose, car si de la route l'attendait, le moins elle aurait à porter le mieux ce serait. Son père insista pour l'accompagner jusqu'à Austin, sous le prétexte de rendre aussi une petite visite à la famille.
Deborah dut faire nombre de clins d'oeil à sa cousine en arrivant pour ne pas qu'elle parût étonnée de la voir, elle avait complètement oublié de la prévenir, qu'une fois de plus, elle lui servait de prétexte. Mais sa cousine était plus qu'habituée et son père ni vit que du feu. Il ne s'attarda pas et rapidement Deborah put expliquer son intention de partir en France à sa cousine. Sa cousine ne comptait pas vraiment pour le "ne rien dire à personne", Deborah avait une entière confiance en elle, depuis toutes les années où elle lui avouait ses secrets sans que jamais aucune
fuite ne se produisît.
Pourtant avec son pied sa cousine eut nombre de raisons de la retenir et la persuader de remettre son voyage à plus tard, mais elle savait à raison qu'elle ne parviendrait jamais à convaincre cette tête de mule de Deborah. Cinq heures plus tard, Deborah se trouvait dans un avion pour la France, ou plus exactement pour sa correspondance à Dallas. Elle avait tout de même réussit à se dénicher un vol de dernière minute à tarif préférentiel, voulant tant que faire se pouvait économiser le maximum d'argent, ne sachant que trop combien il lui faudrait dans cette aventure. Ce vol était loin d'être idéal, départ à minuit et demi, quatre heures d'attente à Dallas, et arrivée à Paris uniquement le lendemain pour 10 heures. Elle aurait sans doute trouvé un vol mieux organisé le lendemain, mais elle se sentait de partir ce soir là, et avait peur de trop réfléchir en passant la nuit chez sa cousine, la nuit porte trop conseil, parfois.