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seulement j'avais ma pierre ! À Sydney grâce à elle j'avais réussi à combattre cette emprise ! Mais bien malin celui qui peut me dire si je la reverrai un jour... Si même je reverrai la Terre, la France, ma famille... Deborah...

Cette pause impromptue a toutefois le mérite de me faire réfléchir un peu. Pénoplée n'a pas l'air très méchante, en plus d'être charmante. Peut-être pourrait-elle nous aider si nous gagnions sa confiance. Il me faudrait faire des efforts pour apprendre sa langue, mais j'ai bien peur que les langues étrangères n'aient jamais été mon domaine de prédilection... Je me demande comment ce système parvient à trouver que nous voulons sortir, aurait-il une sorte de signature électromagnétique correspondant aux pensées prohibées ? Peut-être si je m'imagine marchant dans un champ au milieu de la nature il ne m'arrêtera pas ? De nouveau sur pieds, je tente l'expérience, je ferme les yeux et me représente marchant aux milieu d'une prairie. Je ne suis pas bloqué tout de suite, mais à environ un mètre de la paroi la protection se déclenche tout de même. Celle-ci doit avoir plusieurs facteurs de déclenchement. Nouvelle représentation, je suis en face d'un précipice et je dois prendre mon élan et bondir. Lamentable écrasement contre la porte, qui ne bronche pas... Elle ne doit pas être uniquement en bois... Et plus embarrassant résulat je reste paralysé au sol.

Le raffut a réveillé Erik, qui tarde pourtant à se lever et venir m'éloigner de la paroi. Mais encore plus gênante conséquence, je ne peux toujours pas bouger. Voyant ce résultat il prend la peine de me tirer sur le canapé. Il me demande si j'ai tenté d'enfoncer la porte, et je ne peux guère que cligner des yeux pour lui répondre. Je resterai ainsi jusqu'à l'arrivée de Pénoplée, un petit quart d'heure plus tard, et qui semble-t-il au courant de ma tentative me fait comprendre qu'il ne faut pas faire ce genre de choses. Elle me rend l'usage de la parole et de mes bras et je fais signe d'approbation, en tentant de signifier que je ne le ferai plus. Comme la veille elle nous apporte un petit panier pour nos repas de la journée. J'essaie de lui demander de quoi dessiner. Elle a l'air embêtée, et après un petit temps de réflexion elle sort de la pièce mais laisse la porte ouverte. Nous sommes toujours paralysés sur le canapé.

Elle réapparaît cinq minutes plus tard, avec un petit bâton à la main et nous fait signe de sortir ; elle veut sans doute nous faire

dessiner dans le sable, ce qui est bien étrange pour une civilisation qui a l'air en avance sur nous... Toujours est-il que nous nous levons et sortons la rejoindre. Bien sûr tous nos déplacements s'effectuent sous son oeil attentif et j'imagine qu'au moindre faux mouvement nous nous retrouverions de nouveau immobilisés. Elle nous demande de nous mettre à genoux puis me donne le bâton.

À vrai dire je n'avais pas réellement réfléchi au message que je voulais lui délivrer, et je me contente dans un premier temps de tenter de lui expliquer d'où nous venons. J'indique le sud, et dessine approximativement dans le sable la forme du cratère dans lequel nous nous trouvons, ainsi que le village. Elle acquiesce et je passe alors à une sorte d'agrandissement ou je situe ce même cratère sur une carte plus grande avec le cratère d'où nous venons et en son centre les bâtiments dans lesquels nous sommes apparus. Elle est toujours d'accord et confirme déjà avoir connaissance de ces informations ; elle semble demander d'où nous venions avant d'arriver là. Je propose à Erik que nous ne parlions pas de l'épisode sur la lune, il est d'accord, ou plus exactement je crois qu'il n'accorde pas grande importance à la conversation.

La tâche se complique, décrire la Terre n'est pas chose aisée. Elle doit bien se douter que nous venons d'une planète habitée par l'homme, avec de l'eau, des animaux... Exactement comme celle-ci... Je réfléchis quelques instants et me dis que la description du système solaire pourrait lui donner une indication. toutefois je n'ai pas de notion de distance ni de longueur avec elle, et les systèmes avec huit planètes conséquentes doivent être monnaie courante. Je me lance néanmoins dans le dessin du Soleil, entouré de Mercure, puis Venus, en tentant de respecter au mieux mes lointains souvenirs de passionné d'astronomie. Je manque vite de place et je lui demande si je peux me lever. Elle accepte et me donne l'usage de mes jambes. Je dessine les orbites et tente au maximum de respecter une échelle pour la distance au Soleil, et une pour la taille des planètes. Je ne manque pas de spécifier la ceinture d'astéroïde entre Mars et Jupiter, les quatre lunes principales de Jupiter d'une taille comparable à celle de Mercure, les anneaux de Saturne, Neptune, Uranus et finalement je cède à aussi inclure Pluton et son satellite Charron, même si ceux-ci vus de l'extérieur ne sont pas vraiment des planètes, mais dont la trajectoire autour du Soleil