page 260 le patriarche 261

laisse mon poignet pour parer sa chute. Je me retourne, tombe sur lui et me jette sans attendre sur l'homme à qui j'ai donné un coup de pied alors que les quatre autres hommes s'apprêtent à intervenir. Naoma hurle, la foule s'espace. Il est gêné par son poncho et hésite à sortir son épée. Hésitation fâcheuse pour lui car je lui saute dessus par sa gauche et place ma jambe derrière la sienne et la tirant en avant, il perd l'équilibre et tombe en arrière. Je tombe lourdement sur lui. À travers le poncho je saisis l'épée, la fait pivoter pour placer le tranchant contre lui et la remonte tout en m'appuyant de tout mon corps. Il laisse échapper un cri étouffé. Je pars tout de suite en avant en emportant le poncho avec moi de façon à ce que celui-ci lui recouvre le visage. Deux des quatre hommes restants qui hésitaient à agir jusqu'à présent, pensant sans doute que deux seraient assez pour me maîtriser, se lancent vers moi et soulèvent leur poncho pour sortir leurs épées au grand jour. Je récupère sans trop de mal celle de l'homme que j'ai envoyé à terre et pare tout juste un coup impressionnant de l'un d'eux. Elle pèse des tonnes ! Je suis projeté en arrière par la puissance du coup. Trois policiers crient à tout le monde de lever les mains en l'air. Les hommes s'en moquent et ne relèvent même pas. Les deux hommes manient leurs épées d'une seule main avec une dextérité remarquable alors que je ne peux guère, malgré toute ma rage, que parer difficilement les coups qu'il me porte avec mon épée, tenue à grande peine à deux mains. Mais le jeu ne dure pas longtemps, en moins de quelques secondes ils se coordonnent et attaquent simultanément, et alors que je soulève mon épée pour me protéger d'un tranchant du haut de l'un, je ne peux éviter un coup pointant de l'autre, je suis transpercé de part en part au niveau du ventre...

La tension retombe... Le calme... Je lâche mon épée... Elle n'a même pas le temps d'atteindre le sol, un des hommes la récupère alors que l'autre, une fois son épée retirée de mon ventre, se rapproche et me prend sur son épaule. Les policiers continuent de crier, tout comme la foule. Tout tourne... Sans attendre ils partent en courant. Ma pierre, il faut que je la prenne dans ma main... Je suis ballotté... Je ne vois plus clair, pas plus que je n'entends... J'arrive à la récupérer dans ma poche... Je la serre du plus que je peux, le mal s'atténue mais j'ai toujours la tête qui tourne... Je ne crois pas que les policiers aient tiré de coups de feu... Je ne sais pas... J'ai une absence... Il y a du bruit, tellement de bruit... Je ferme les yeux, oublie tout... Je reprends

connaissance quand je suis allongé sur le sol d'un fourgon... Je n'ai plus ma pierre, c'est foutu... Je crois qu'Erik et Naoma sont proches de moi... Je leur demande pardon... J'entend Erik, au loin, il répond que c'était de toute façon le moment ou jamais, et s'excuse de n'avoir pas pu réagir... Naoma pleure...Elle me parle, je crois... Je perds de nouveau connaissance quelques minutes plus tard.