Carole ne put s'empécher de briser le silence après que la vieille dame ait terminé son histoire :
- Mais, Seth ne vous connaissait pas ? Comment vous a-t-elle trouvé ?
- Étienne lui avait parlé de moi, je pense que c'est la raison pour laquelle elle est venue nous unir.
- Mais ensuite ? Qu'est devenue Seth ? Avez-vous eu des nouvelles, gardé le contact ?
- Étienne lui écrivit de temps en temps, à une adresse rue Mouffetard, elle répondit jusque dans les années 30, puis il n'eut plus de nouvelle. J'écrivis simplement une dernière lettre, en 1997, après la mort d'Étienne.
Soudain Thomas se redressa :
- Mais oui ! Je l'ai lue !
Carole regarda Thomas sans réellement le prendre au sérieux.
- Comment ça tu l'as lue ?
- Oui, quand Stéphane a suivi Mathieu Tournalet, dans Paris, celui-ci est allé à une petite maison dans le cinquième. Il m'a recommandé ensuite d'y aller jeter un oeil. Et c'est là que j'ai trouvé des tas de lettres, et justement une des dernières non ouverte parlait d'une personne morte à l'âge de 99 ans, la lettre venait de Nice, c'était sans doute la votre, Madame.
La vieille dame ne dit rien. Carole réfléchit un instant.
- Mais alors, ça voudrait dire qu'il y a bien un lien entre la
Seth qui a rencontré Étienne, Mathieu Tournalet et notre Seth à nous ?
Elisabeth répète calmement, le sourire au coin des lèvres :
- Je vous ai déjà dit que je pensais que c'était la même.
Thomas refusa de croire à une telle hypothèse, tellement qu'il trouva une explication :
- Mais c'est impossible, Seth aurait eu alors presque le même âge que vous, alors qu'elle n'avait que 30 ans, ou 35 au plus. Non c'est plutôt que Mathieu recherchait des informations sur Seth, et qu'il s'est lui-aussi trompé en trouvant la trace de celle que vous avez connu, mais qui n'a sans doute rien à voir avec celle qui nous intéresse.
Carole fit la moue :
- Oui, en tout ça cette explication semble plus crédible que de penser que tu sois sorti avec une personne de presque cent ans qui en paraissait trente...
Ils restèrent tous trois silencieux quelques instants. Il restait encore quelques biscuits, mais Thomas n'avait vraiment plus faim, le repas avait été succulent autant qu'abondant. Il se donna encore dix secondes, et si personne ne parlait, il en prendrait un. Mais il ne compta que jusqu'à huit, Carole prit la parole :
- Vous ne voyez toutefois aucun lien entre vous et ce Monsieur Mathieu Tournalet, ou Fabrice Montgloméris ?
Thomas la regarda avec des yeux méchants, Carole le vit et ne comprit pas ce qu'elle avait fait de mal.
- Non, pas du tout. Peut-être que ce Monsieur Tournalet eut affaire à Étienne, mais il ne m'en a jamais parlé. Je pourrai toutefois regarder dans ses affaires, mais ça me paraît toutefois bien improbable, rare furent les choses que nous ne partageâmes pas Étienne et moi.
Thomas se pencha pour prendre un biscuit et répondit :