page 326 le patriarche 327

- Et quand est-ce qu'il doit les voir les charlots ?

Pénoplée répond :

- Ce soir ou demain matin. Ce sont des personnes très importants.

- C'est con que tu n'es pas de photos de cette nana, j'aurai pu aller parcourir les rues en attendant. Retrouver des gens, je sais faire.

Pénoplée hausse le ton :

- Il a des images mentales d'elle, mais il est hors de question que tu fasses quoi que ce soit. Ça suffit désormais, tu n'es pas assigné à résidence mais tu restes ici. Personne ne sort de cet appartement sans mon autorisation.

Guerd entre à ce moment là.

- Même pas pour m'accompagner faire une promenade ?

Pénoplée la regarde avec un regard noir :

- Oui, même pas.

Erik et moi avons le même réflexe, et nous disons tous les deux simultanément "oui maman !". En nous apercevant que nous avons eu la même idée au même moment, nous éclatons de rire. Pénoplée est désespérée.

- Vous êtes vraiment des gamins ! Mais ! Et dire que... ! Oh et puis mince...

J'ai envie d'en rigoler mais en même temps je suis blessé qu'elle s'accroche tellement aux procédures alors que j'ai enfin trouvé un espoir de faire le lien. Je reprends mon sérieux et dis d'une voix calme :

- Finalement ce qui t'intéresse c'est qu'on reste sage pour que tu n'aies pas d'histoires, qu'on trouve enfin l'espoir de retrouver d'où nous venons tu t'en fous...

Elle se retourne vers moi et me regarde un instant sans rien dire, puis finalement :

- Tu comprends vraiment rien...

- Non effectivement, je ne comprends pas pourquoi tu t'acharnes sur des détails alors que cette fille est pour l'instant la seule personne qui peut nous apporter des réponses.

Guerd tire doucement Erik qui résiste un instant puis se laisse finalement faire, nous nous retrouvons de nouveau seul. Je suis assis sur le lit, Pénoplée debout devant moi. Elle se recule et s'assoit dans un fauteuil, me regarde d'un air désolé :

- Tu m'écoutes pas. Tu crois que je suis là à te sermonner pour le plaisir ? Tu crois que je suis satisfaite de voir bloquer ici, tu crois que... je suis contente de savoir que le Congrès va prendre ce que tu as fait comme un signe flagrant d'immaturité et d'associalité ? Tu crois que ne n'ai pas envie de t'aider, de parcourir les rues à la recherche de cette fille ? Tu ne comprends pas que j'essaie juste de faire en sorte que tu puisses continuer à chercher des indices, sans être pieds et poings liés ?

Elle a un sursaut dans la voix. Elle reste silencieuse, retient une larme. Je n'ose pas me lever pour aller la réconforter. Elle se contrôle et reprend une voix grave :

- Tu penses que j'apprécie que des dizaines de membres du Congrès soient en train de me regarder tenter de te raisonner, tu crois que ça me fait plaisir d'être là comme un pantin ridicule ? Tu crois pas plutôt que je devrais me barrer devant tes conneries stupides !

- Ils nous regardent ?

Elle éclate en sanglot :

- Bien sûr qu'ils nous regardent ! Bien sûr que depuis que tu as fait ton héros ils ont les yeux rivés sur toi ! Et sur moi ! Alors que je voudrais juste pouvoir te soigner et te prendre dans mes bras. Mais non ! Tu t'obstines, tu comprends pas qu'avec un peu de bonne volonté ils auraient pu relâcher leur attention...

Finalement elle se lève et se dirige vers la sortie :