page 66 le patriarche 67

C'est impossible que personne ne lui ait jamais écrit en quatre ans !

- Peut-être dans sa maison dans les Alpes, j'en sais rien, en tout cas ici elle n'a jamais reçu de lettres.

- Et ça t'a jamais paru bizarre ?

- Non, mais je me rends compte aujourd'hui que je suis resté peut-être un peu comme hypnotisé, à vrai dire quand j'étais avec elle je ne pensais à rien d'autre.

Stéphane traversa la pièce, regardant à droite ou à gauche, comme pour trouver des idées ou des réponses :

- Elle faisait quoi de ses journées, si elle ne travaillait pas, n'avait pas d'amis ? Elle sortait ?

- Avant oui. Elle passait presque toutes ses journées sur Paris, je ne sais pas trop ce qu'elle y faisait. Depuis le début de l'année elle était soucieuse. Elle ne sortait presque plus, et je la sentait plus faible, plus fatiguée.

- Depuis le début de l'année ? Elle a fait quelque chose de spécial à ce moment là, ou à la fin de l'année dernière ?

- Non, pas vraim... Mais si. En novembre ! Elle a passé quelques jours sur l'Île de Ré début novembre. C'est peut-être ça, oui, c'est peut-être là-bas qu'elle a appris quelque chose.

- Tu sais ce qu'elle est allée y faire, tu sais si elle logeait chez quelqu'un, à l'hôtel ?

- Non, elle m'avait dit avoir de vieilles connaissances qu'elle n'avait pas vues depuis bien longtemps. Elle n'y est restée que quelques jours, peut-être même pas une semaine.

Ils étaient passés dans la chambre, Stéphane réfléchit un instant...

- Tu as encore des trucs à voir ?

Thomas referma l'armoire où il fouillait.

- Non, comme je le craignais il n'y a rien...

- Nous pouvons repartir au bureau alors. J'ai bien envie de faire une recherche sur les voitures de sport rouges de l'Île de Ré, si ça se trouve, c'est la solution.

- Tu penses ?

- Qu'est-ce qu'on a d'autre ?

Thomas referma la porte de sa maison à double tour avant de répondre, presque que pour lui :

- Rien...

Il reprit le volant et ils repartirent pour Versailles. Trouver les voitures de sport rouges dans le soixante-dix-huit n'était pas très envisageable, par contre sur l'Île de Ré, après à peine une demi-heure de recherche, moins d'une trentaine de personnes correspondirent au profil de jeune homme fortuné possédant une voiture de sport rouge, au moment de l'établissement de la carte grise, tout du moins. Ce chiffre étonna Thomas mais il comprenait aussi les personnes ayant une résidence secondaire sur l'île. Le procureur, qui ne manqua pas d'appeler, ne se satisfit que difficilement de cette avancée. Savoir que le meurtrier n'était pas un pauvre diable mais potentiellement un fils d'une personne influente et fortunée ne rendrait pas la tâche facile. Quoi qu'il en soit, il félicita Thomas et Stéphane pour ce premier pas.

Vendredi, 19 heures 30. Thomas décida de rentrer. Ils n'avaient pas beaucoup plus avancé le reste de la journée. Ils avançaient à pas de fourmi. Pourtant Thomas était satisfait. Ils avaient découvert la visite de ce personnage le mardi après-midi, et il avait espoir de trouver une piste en se rendant sur l'Île de Ré. Il avait presque envie de sortir ce soir là. Il était fatigué de sa dure nuit précédente, mais enjoué à l'idée qu'une nouvelle vie commençait pour lui. Une nouvelle vie où il ne serait plus le même, où il ne serait plus faible. Où il ne se laisserait pas hypnotiser.

Mais une fois confortablement installé dans son fauteuil devant son grand poste de télévision 16/9 il eut même la flemme de se faire à