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Jour 192

Presque deux cents jours depuis le départ de la Terre, et même si le compte n'est sans doute pas exact, ça vaut bien un appétissant et copieux petit déjeuner avec Erik et Guerd pour fêter l'événement. Bien sûr Pénoplée n'arrive qu'alors que nous sommes déjà installés dans l'enceinte du Congrès, ne voulant sans doute pas me rencontrer. Elle se place d'ailleurs à l'opposé de la rangée, laissant Moln, Iurt, Ulri, Guerd et Erik entre nous. Énavila est toujours à ma gauche, avec une place vacante entre nous...

Je salue Énavila :

- Moyoto, bien dormi ?

Elle se retourne vers moi et répond d'une voix calme et froide :

- On n'est pas copains, OK, j'ai juste pensé que tu aurais pu m'aider, j'ai eu tort, c'était pire...

- Va te faire foutre.

Énavila retourne la tête avec un sourire au coin des lèvres, sûrement surprise que je l'envoie balader. Je n'ai pas le moral pour supporter ses remarques désagréables. Et puis je n'ai pas mon précepteur, j'en profite, même si à n'en pas douter ce vicieux retiendra chacune de mes pensées ou paroles de la séance. Je me demande si mon bracelet est actif, il n'a pas l'air. Les sièges fournissent toujours des fonctionnalités approchantes. Je tente de parler avec Pénoplée mais elle refuse mes appels. Encore deux petits sixièmes, le temps que les membres retardataires du Congrès arrivent, et Goriodon ouvre la séance.

- Comme voté hier, la séance initialement prévue demain, sur la

résolution de l'affaire concernant Yacou, Meckwasior et Énavila, se tiendra aujourd'hui.

Le salopard, s'il compte que je réponde au nom de Yacou, il peut crever. Goriodon sourit :

- Je vous rappelle, Yacou, puisque c'est votre nom, qu'à moins que vous ne désiriez rester pour le restant de votre vie sous les ordres d'un précepteur dans un périmètre réduit, qu'il serait plus profitable que vous acceptiez la vérité et vous conformiez aux règles de la Congrégation. Votre ami Meckwasior se montre plus raisonnable.

J'aprécie moyennement qu'il lise dans mes pensées. Heureusement Énavila, elle, n'a pas peur de le remettre à sa place.

- Allez vous faire foutre Goriodon ! Vous n'êtes qu'un menteur et un peureux ! Et la Congrégation en a assez, de vos tromperies. C'est à vous de vous conformer aux règles !

Émoi dans le Congrès. Je parle directement avec Énavila :

- Tu es vraiment sûre qu'il ment ?

- Certaine.

- Comment peux-tu en être si sûre ?

- Je le sens.

Nous sommes tout deux coupés par Goriodon :

- Silence ! Je vous prierais d'être un peu plus respectueux du Congrès et de la Congrègation, et je ne tirerais si j'étais vous aucune fierté à troubler une système qui permet à plus de trois cent soixante milliard de femmes et d'hommes de vivre tranquillement, dans la paix et la sérénité.

- Et dans le mensonge...

Je tente le tout pour le tout, j'ai, paradoxalement, plus tendance à croire Énavila que Goriodon, et je me dis que si Yamwreq a dit vrai, les artificiels tentent bien de cacher des choses à la Congrégation, et Goriodon ayant semble-t-il un lien avec Sarah, il