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plus courts ici, mais ils ne semblent pas significativement différents de ceux sur la Terre.

Le vingt-troisième et vingt-quatrième jours sont très semblables, nous terminons notre radeau et je suis de corvée d'eau. Nous pouvons désormais transporter une dizaine de litres dans deux gros récipients, faits de bois et de lianes tressées, auxquels s'ajoutent une dizaine d'autres plus petits ou moins réussis que nous abandonnerons sans doute pour notre départ. Notre outillage est devenu plus conséquent, formé de trois ou quatre haches et plusieurs pierres taillées qui nous permettent de creuser le bois. De plus nous possédons plusieurs lances avec lesquelles nous attrapons des poissons. Notre radeau, qui se trouve au bord de l'eau, car nous avons eu peur de ne pas pouvoir le déplacer en le fabricant trop loin de la mer, représente un rectangle de trois mètres sur deux environ. Il est constitué de trois couches de bois bien sec attachées par bien plus de corde qu'il ne faut, mais nous avons quelques doute sur l'effet de l'eau et du sel sur nos tressages.

Le vingt-cinquième et vingt-sixième jour nous avons droit à de la pluie ! Enfin ! Cette aubaine tombe à pic et nous permet de ne pas avoir à nous préoccuper de l'eau et terminer les rames et des cages en bois avec lesquelles nous comptons attraper et stocker les poissons. La pluie cesse en soirée du vingt-sixième jour, et c'est à ce moment que nous embarquons toutes nos affaires sur le radeau, barres de fer, cages, outils, réserve d'eau et de poissons... Notre première traversée est modeste, et sert principalement à mettre notre radeau à l'épreuve. Nous parcourons le petit kilomètre qui nous sépare du cratère voisin. Et nous aurions quoi qu'il en soit guère fait plus, le radeau s'enfonçant beaucoup trop dans l'eau une fois chargé. Nous nous refusons à faire demi-tour, mais il nous faudra rajouter une couche de rondin de bois et rehausser encore le plateau pour espérer voyager au sec.

Le petit cratère où nous nous trouvons doit tout de même faire quelques kilomètres de diamètre, mais la végétation à l'intérieur est beaucoup plus sèche et nous n'aurons pas la chance d'avoir des averses quotidiennes. Ses rebords ne doivent pas faire plus de cent ou trois cent mètres de dénivelée. La pluie des jours précédent a bien formé plusieurs petites retenues d'eau, mais nous avons quelques remords à boire de cette eau stagnante. Nous économisons donc l'eau que nous

avons, dans l'espoir de fabriquer rapidement l'amélioration à notre radeau, et de pouvoir partir en direction d'un cratère beaucoup plus gros, toutefois encore petit en comparaison de celui duquel nous venons, qui doit lui se trouver à plusieurs dizaines de kilomètres de là où nous sommes.

Erik et Naoma s'entendent un peu mieux, et ont un peu appris à se connaître ; elle n'a plus peur désormais de rester seule avec lui, même si elle continue à se blottir contre moi chaque nuit. Je ne sais pas si ces deux personnes auraient pu devenir mes amis si les conditions avaient été plus normales... Ce qui est sûr, c'est que j'aurais eu du mal à rencontrer Erik sans quitter mon travail à Mandrakesoft. Je me demande combien de temps nous allons nous supporter avant que l'un ne dépasse ses limites. Je tente d'être le plus calme possible quand Naoma ou Erik font des bêtises ou quelque chose qui me déplaît, mais j'admets que par moment j'ai besoin d'aller faire un tour un peu tout seul... Ce qui est rarement une solution car souvent Naoma insiste pour venir avec moi quand elle me voit partir...

Mais dans l'ensemble tout se passe plutôt bien, et le vingt-septième jour tout comme le vingt-huitième, nous rajoutons assez fièrement la touche finale à notre rafiot. Nous ne partons pas ce même jour, mais attendons plutôt le petit matin suivant pour partir, cette fois-ci pour la grande traversée. Nous avons eu la chance de trouver plus de fruits sur le bord de mer de ce petit cratère que nous n'en avions sur notre précédent, et cette cueillette nous aidera à supporter le voyage jusqu'à notre prochaine étape.

Vingt-huitième jour, nous naviguons toute la journée, et sous le soleil j'avoue que c'est assez difficile à supporter, heureusement que nous piquons une tête de temps en temps pour nous rafraîchir. Notre radeau rehaussé ne prend plus du tout l'eau, et nous pouvons rester au sec. Nos réservoirs d'eau nous permettent juste de terminer le voyage sans que nous n'ayons à souffrir de soif. Toutefois une grande quantité d'eau s'évapore, et nous buvons beaucoup plus que deux litres par jour sous le soleil. Nous n'arrivons à notre destination que le soir déjà bien avancé.

Le temps se couvrant, annonçant, nous l'espérons, de la pluie pour la nuit ou le lendemain, et nous trouvant sur le bord du cratere