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étonné, il rigola presque :

- Suspect numéro un ? Tenez donc ? Mais je ne l'ai jamais vue ? Qu'est-ce qui diantre vous fait penser que je puisse être coupable ? Vous me devez quelques explications...

Stéphane, qui croyait voir son manège comme une injure, lui répondit calmement :

- Qu'avez-vous fait la journée du mardi 19 août ?

Mathieu Tournalet réfléchit un instant, puis déclara d'une voix monotone :

- J'avoue que je n'ai pas mon emploi du temps en tête... Si je ne dis pas de bêtises c'est la journée où je suis revenu de vacances. Je me rappelle avoir roulé toute la nuit, et avoir par conséquent fait une entorse à mon habituelle promenade en dormant une partie de la matinée. Les voitures récentes ont beau avoir toujours plus de confort, je crois que nous n'apprécierons les longs trajet que quand elle en prendront en charge une partie...

Jean-Luc le détesta encore plus, Stéphane se retint de lui conseiller le train, et Thomas le trouva un peu gonflé de se plaindre alors qu'il avait une des voitures les plus prisées du monde.

- Ensuite j'ai déjeuné avec des amis, oui, avec qui j'ai passé l'après-midi.

- Où ça ?

Mathieu Tournalet laissa tourner son siège et se leva, il s'avança vers la fenêtre. Stéphane se dit qu'il prenait le temps d'inventer son alibi, Thomas se demandait si cet homme avait couché avec Seth, Jean-Luc avait envie de se lever et de le frapper pour le faire répondre plus vite. Mathieu Tournalet poursuivit :

- Et bien si ma mémoire est bonne nous avons déjeuné dans un restaurant à Chartres, pour ensuite nous avons passé l'après-midi dans leur propriété dans les environs de Nogent-le-Retrou.

Voilà sans doute l'adresse de son restaurant favori, se dit Stéphane, dont le gérant témoignera de l'avoir vu, facture à l'appui,

ainsi que celle de ces plus fidèles amis, qui assureront sur leur vie avoir passé cette après-midi avec lui... Stéphane en fut découragé un instant, il se demanda s'il valait vraiment la peine de s'attaquer à cet homme. Jean-Luc prit la relève :

- Il vous faudrait être un peu plus coopératif.

Mathieu Tournalet se retourna vers le jeune policier, le plus jeune des trois, et le défia :

- Plus coopératif ? Je vous signale qu'en bonne et dûe forme j'aurais pu simplement vous renvoyer devant mes avocats. Mais j'ai fait l'effort de vous recevoir et de répondre à vos questions. Je ne vais tout de même pas m'avouer coupable pour un meurtre que je n'ai pas commis.

Il revint vers le bureau et commença à le contourner :

- Messieurs, je fus ravi de vous accueillir, malheureusement d'autres obligations m'obligent à vous raccompagner. Je me tiens à votre disposition, en tout état de cause mes avocats suivront cette affaire.

Il se dirigea vers la porte et l'ouvrit, puis attendit que les trois policiers quittassent la salle. Il leur serra la main, toujours de façon aussi énergique, puis héla le majordome pour qu'ils les raccompagnât. Ils suivirent de nouveau la Jaguar jusqu'aux grilles, puis prirent la route du retour. Thomas conduisait, Jean-Luc se retourna une dernière fois pour voir le majordome refermer les lourdes portes, puis il s'écria :

- Il est coupable, c'est clair comme de l'eau de roche !

Stéphane acquiesça :

- En tous les cas il a l'air dans le coup, vu comme il évitait les questions et le temps qu'il a mis pour trouver son excuse pour la journée du 19.

Thomas ne dit rien, Jean-Luc poursuivit :

- Il est malin, j'avais envie de lui filer des baffes à des