Aussi étrange que cela puisse paraître, ce sont les artificiels, qui, ironiquement, ont imaginé le concept de Dieu. Quoi qu'imaginé est peut-être un bien grand mot les concernant. Mirtandalos, alors seul, quelques années après le début de l'expérience, parvient à convaincre quelques uns des meilleurs chercheurs de l'époque de venir l'assister, toujours en restant le plus discret possible. Une petite équipe de six personnes est ainsi mise en place, et réfléchit aux moyens de rendre l'expérience fructueuse. C'est dans un brassage d'informations avec l'aide d'artificiels que le concept d'une entité supérieure, surveillant les faits et gestes des hommes, est petit à petit considérée.
Dans un premier temps, Adam et Ève septième du nom évoluent dans un petit coin de paradis, attendant patiemment l'adolescence, sous la surveillance rapprochée des artificiels et de l'équipe, présente sur place. Le contact fréquent avec "l'entité", qui joue le rôle paternel, permet de leur inculquer la notion d'autorité, de la famille et de l'apprentissage de la langue.
Ce dernier point, qui n'était pas retenu auparavant, pour laisser les hommes à eux-mêmes et les pousser à développer leur propre façon de communiquer, a finalement été toléré pour permettre à l'entité supérieure, le Père, ou "Dieu", par la suite, de communiquer et d'enseigner Adam et Ève.
Finalement, si les idées d'Eutir perdurent un peu au début, une marge de plus en plus importante est laissée à Dieu, et une grande connaissance de la nature est fournie à Adam et Ève, ainsi que toutes les notions de morale qui faisaient cruellement défaut à leurs prédécesseurs. Prédécesseurs, qui, d'ailleurs, sont laissés en liberté dans leurs berceaux respectifs, devenant, plusieurs centaines d'années après leur implantation, des groupes nomades cruels et faiblement organisés.
Toute l'attention des artificiels et de l'équipe est de toute façon concentrée sur les jeunes Adam et Ève, qui approchent alors de leur dix-huitième anniversaires. Cette Ève était toutefois un peu plus jeune, de quelques mois, qu'Adam. Le contrôle de Dieu est principalement laissé aux artificiels, qui le conditionne de manière très proche des précepteurs de l'époque, ajoutant en plus des notions plus approfondies sur les principes de bien et de mal, ainsi que l'apprentissage de la culture du sol et la connaissance des espèces vivantes et végétales.
Adam et Ève vivent encore alors sous la dépendance quasi-complète des artificiels, tant sur le plan psychologique et pour subvenir à leurs besoins, même si les enseignements leur permettraient de subvenir, théoriquement sans problème, au sein d'un jardin artificiel comportant suffisamment de quoi leur fournir un régime alimentaire complet et varié, en plus d'une protection contre les animaux dangereux ou les maladies.
Pour compléter l'ironie, si le concept de Dieu a été inspiré par les artificiels, celui du Diable est sortie de l'imagination d'un chercheur, qui trouvait le temps un peu long à regarder le jeune Adam et la jeune Ève nager en plein bonheur dans le jardin d'Éden.
La mise à l'épreuve du couple reste très proche du récit qu'il en est couramment fait dans vos cultures, à savoir que le serpent avait été choisi pour représenter le mal, et mettre à l'épreuve la morale du couple.
L'échec fut plus que retentissant, beaucoup avait parié sur la discipline d'Adam et Ève, c'était sans compter sur le caractère bien à elle de la petite Ève, bien plus développé et affirmé que la soumission monotone du jeune Adam, peureux à en mourir de la punition divine.
Il s'avère, après coup, que les deux jeunes, choisi alors qu'ils avaient déjà presque trois ans, gardaient une certaine part de leur vie originelle, celle des deux clans barbares d'où ils avaient été tirés.
Toujours est-il qu'ils mangèrent la pomme, et leur désobéissance, en un sens, résolut le problème de la transition entre l'état enfant et l'état adulte, sur laquelle les chercheurs