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Nous mangeons cru, sans trop d'enthousiasme, les six oiseaux-lézards et une sorte de gros iguane que j'attrape. Leur viande n'est pas très goûteuse, mais je la trouve déjà meilleure que les premiers jours. Sans rivière à proximité, nous buvons l'eau du lac, que nous laissons décanter un moment au préalable. La pause post-prandiale nous assomme et nous dormons tous les deux, sans monter la garde, de toute façon nos bracelets veillent.

Nous dormons cinq heures d'affilée avant qu'un cor ne nous réveille. Un bâteau passe à quelques centaines de mètre de nous. Nous distinguons des formes humaines sur le pont, mais difficile de dire si ce sont vraiment des hommes. Ils sont en train de pêcher dans le lac.

"Ils sont petits pour des hommes, me syme Énavila, pourtant ils ont une forme humaine."

"On dirait qu'ils ont une queue."

"Oui, c'est vrai... Oui ils ont bien une queue, ce ne peut pas êtres des hommes alors."

"Ils doivent être une forme intelligente de la sorte de singe qui m'a attaqué, dans la forêt."

"Sans doute."

"Tu captes quelque chose ?"

"Non le bracelet ne se synchronise pas, ils sont trop loin ou alors c'est comme pour les bestioles, leur onde mentale est trop différente."

"Il vaut mieux qu'on avance vers le village à pied ou en radeau ?"

"En radeau ça m'arrange, je ne peux pas trop marcher."

"Ah oui c'est vrai."

"Ça serait bien si on l'arrangeait un peu, d'ailleurs, il a souffert dans le courant."

"Pas le temps, on verra plus tard, de toute façon on n'en aura peut-être plus besoin, maintenant qu'on a trouvé un village, il faut

tenter de rentrer en contact avec eux."

"Oui, bon, allons-y alors."

Nous repartons avec le radeau une fois le bateau de pêche passé. Tout en restant près du bord nous avançons vers le village, il nous faut ramer car il n'y a pas de courant, nous n'allons pas bien vite et il nous faut presque quatre heures avant de débarquer à distance raisonnable du village.

Jour 394

"Est-ce que ça vaut la peine qu'on se cache ? De toute façon avec les murailles on ne pourra pas rentrer ?"

"On peut déjà s'approcher un peu pour voir, mais je ne pourrais pas faire grand chose, avec ma jambe."

"C'est peut-être mieux que j'aille voir d'abord tout seul ?"

"Oui bonne idée, je te suivrai avec ton bracelet, ouvre le moi."

"OK."

J'avance doucement vers le village, en tentant de ne pas faire de bruit. Mon bracelet me donne une vision plus lumineuse, en augmentant l'effet de la persistance rétinienne. Les choses sont un peu plus floue, mais on n'y voit presque comme en plein jour. Le mur d'enceinte du village fait bien cinq mètres de haut, aucune chance de le gravir. Je fais le tour en restant à environ cent ou deux cents mètres, à la lisière de la forêt. J'arrive au dessous d'une route surélevée, une sorte d'aqueduc, mais je pense que c'est bien une route en hauteur, toujours sans doute pour se protéger des grillés ou des intrus. La route fait environ trois mètre de large et se trouve à deux mètres de haut, soutenue par une succession d'arches. Elle vient du village et se dirige à perte de vue dans une direction presque perpendiculaire au lac. De l'autre côté de la route il y a des champs cultivés, une sorte de céréale je dirais. Malheureusement je ne peux plus alors rester au couvert de la forêt.

Je décide alors de m'approcher du village, en me cachant