avoir sur soi. Le nettoyage terminé je marche quelques minutes en me demandant qu'est-ce que je fais dans ce pétrin, puis je me remotive, et pour reprendre courage je récupère la pierre dans ma poche, la serre dans ma main pour oublier un instant tous ces malheurs et recommence à courir au milieu de rien, pensant qu'il faudrait peut-être ne pas trop s'éloigner de la route si je ne veux pas me perdre. Je ne sais pas si c'est l'effet de la pierre mais ma blessure à la jambe ne me fait pas trop souffrir, juste boiter mais sans plus. Dix minutes plus tard, alors que j'ai dû parcourir bien deux kilomètres, je n'avance pas très vite, j'entends les sirènes des voitures de police qui s'approchent. Je suis suffisamment loin pour qu'ils ne m'aperçoivent pas mais je me cache toutefois derrière des rochers. Après quelque temps je décide finalement de m'éloigner en restant à bonne distance de la route pendant quelques heures ; je tenterai de faire du stop par la suite.
Je marche pendant environ trois heures avant de retourner vers la route. Mais je réalise que c'est stupide et sans espoir, vu la façon dont laquelle l'hélicoptère l'a détruite en amont je ne serai pas près de voir une voiture y circuler. 15 heures, je vais continuer à marcher, sans savoir réellement où je vais pouvoir aller, la frontière mexicaine doit se trouver à plus de cinq cents kilomètres, et Austin doit être au moins à deux cents... Pour couronner le tout je n'ai pas la moindre idée de la direction à prendre pour la ville la plus proche. Et si je ne trouve pas une station service ou un endroit où boire dans les trente prochains kilomètres je me dis que je vais être plutôt mal vu l'hygrométrie du coin.
19 heures, je suis exténué ; je m'éloigne un peu de la route pour aller trouver un coin tranquille pour dormir. Je dors on ne peut plus mal, entre le sable et les cailloux, sur un peu d'herbe. Je commence à avoir sérieusement faim et soif.
Lundi 11 novembre. Je n'ai presque pas dormi de la nuit, ma jambe me fait un peu mal. J'ai essayé de regarder plus en détail; je n'ai rien vu d'autre qu'une petite piqûre. Mais la douleur est à l'intérieur, comme s'il y avait vraiment quelque chose qui se soit logé dedans. Je n'ai dû recevoir que l'éclat d'une balle, mais la douleur est plus diffuse, comme si toute ma cuisse était enflammée ; j'espère que la blessure ne va pas s'infecter. Cette histoire est très
dérangeante, ils ne seraient pas partis aussi facilement s'ils voulaient vraiment me descendre. Ce ne sont pas les policiers qui les ont fait fuir, ceux-ci ne sont arrivés que dix minutes plus tard. L'explication la plus plausible me paraît alors qu'ils m'aient mis un mouchard, un traceur, ou je ne sais quoi d'équivalent. Enfin ! Mouchard ou pas pour l'instant l'objectif est de ne pas mourir ici, ou d'essayer tout du moins. Lever donc de bonne heure pour tenter de marcher à la fraîche. Il fait encore très bon dans le coin malgré la saison avancée. Toujours pas d'eau et la situation commence à devenir pénible à supporter. Je marche quatre ou cinq heures, puis je m'arrête faire une pause, tiraillé entre la fatigue, la soif et la faim. Je me trouve une place à l'ombre d'un gros rocher. Je maudis mon sort quelques instants puis je m'endors.