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était-ce l'amour qui la poussait à le suivre. Oui ! Sans doute, que pourrait bien pousser une femme à suivre un homme depuis toujours ? L'amour, bien sûr. Carole voulait y croire, voulait croire à cette histoire incroyable, car c'était ce qu'elle voulait dire, c'était ce qu'elle voulait faire comprendre aux gens, l'absurdité du monde, et la beauté de l'amour...

Thomas restait, lui-aussi, silencieux. Sa brûlure lui faisait mal. Chaque fois qu'il la croyait disparue, vaincue, chaque fois elle revenait, elle revenait de plus belle, plus forte, plus insidieuse. Il l'a sentait pénétrer en lui, il la sentait chercher son âme. Il la sentait s'emparer de lui. Il tenta d'en faire abstraction, mais elle était tellement présente. Il pensait à Seth... Seth, mon Dieu ! Où étais-tu ? Étais-tu vraiment immortelle ? Allais-tu réellement revenir ? Quelle absurdité, il aurait voulu que Carole ne dît jamais une chose pareille, il savait désormais qu'il allait y croire, qu'il allait croire qu'elle pouvait revenir, qu'elle allait revenir. Et il avait peur.

Cette pensée l'effraya tellement qu'il se releva, presque comme s'il avait vu son fantôme.

- Tu crois qu'ils ont un accès internet ?

Carole sortit de ses pensée et le regarda, elle n'avait même pas fait attention qu'il s'était relevé.

- Sans doute, mais il faut sûrement avoir un portable pour s'y brancher. Pourquoi ? Je regarderais bien mes mails, c'est vrai.

- Pour un itinéraire pour aller chez Ylraw. Je ne suis pas sûr de trouver, d'ici.

- C'est vers Gap, non ? Un fois là-bas tu sauras te retrouver ? Ce ne doit pas être trop dur d'aller jusqu'à Gap d'ici. Et puis on pourra toujours acheter une carte, on a cinq mille euros, après tout.

Thomas eut presqu'envie de la rectifier, "j'ai cinq mille euros", mais il se retient.

- Oui c'est vrai...

- J'irai quand même bien voir mes mails.

- On peut demander s'ils ont un accès, sinon il doit bien y avoir un cybercafé en ville.

- Je suis pour aller en ville, on peut peut-être y aller à pied, j'ai envie de marcher.

Carole se leva en disant sa dernière phrase et se dirigea vers la porte de la suite. Thomas la suivit sans hésitation, il avait aussi besoin d'air, il avait l'impression d'étouffer. Ils demandèrent à l'accueil, qui leur confirma la présence d'accès réseau dans les chambres, et chercha pour eux un accès proche de l'hôtel. L'adresse en main, ils partirent d'un pas rapide vers le cybercafé. Carole avait besoin de bouger, Thomas aussi. Carole eut presqu'envie de faire un petit footing, elle courrait de temps en temps, trop rarement, mais elle avait besoin de se défouler, sans qu'elle ne comprenne trop pourquoi. Mais le cybercafé n'était pas très loin, et elle garda sa frustration de mouvements.

Elle commanda une eau gazeuse, Thomas un coca, et ils s'installèrent côte à côte dans un recoin de la salle. Carole alla voir ses mails, Thomas lui se rendit compte qu'il ne savait pas trop ce qu'il pouvait faire. Il regarda d'abord les sites de jeux vidéos, puis les sites de matériel informatique, les sites d'appareils photos numériques, puis les sites d'ordinateurs portables. Carole regarda son écran à ce moment là, après avoir regardé tous ses mails sans en avoir un seul d'intéressant :

- Eh ! On pourrait s'acheter un portable, avec cinq mille euros, pour prendre des notes, ou pour l'hôtel ?

Thomas se dit qu'effectivement, il pourrait se trouver un petit ordinateur ultra-portable. Mais il se dit aussi que s'ils s'en achetait un, Carole en voudrait aussi sûrement un, et qu'alors il risquait de ne plus rester grand chose des cinq mille euros.

- Mouais... On en a pas vraiment besoin, si ? On peut venir au cyber café, c'est pas si loin de l'hôtel.

Carole fut surprise de sa remarque. Elle aurait cru qu'il serait emballé par l'idée d'avoir une opportunité d'acheter un truc