coupant l'orbite de Neptune est tout de même remarquable; Je dois déranger Erik au passage, Pénoplée le fait lever et aller se rasseoir un peu plus loin.
Une fois le schéma terminé, je lui indique que nous venons de la Terre, la troisième planète, de laquelle je fais un agrandissement. Je dessine la lune, du tiers de la taille de la Terre, et sur cette dernière je tente de représenter l'Afrique et l'Eurasie aussi fidèlement que le petit bâton dans le sable me le permet. Je rajoute l'Australie pour ne pas vexer Erik, et je termine mon show en spécifiant à Pénoplée que je viens de Paris, donc je dessine la Tour Eiffel dans un coin, et Erik de Sydney, auquel j'associe le célèbre Opéra.
Pénoplée reste silencieuse un moment, puis elle répond négativement, sans doute peut-elle consulter quelques bases de données grâce à son bracelet ou un autre appareil qu'elle possède, peut-être comme ces implants dans le cerveau imaginés par Dan Simmons dans Hyperion. Toujours est-il qu'elle n'identifie pas d'où nous venons. Sans doute aussi mes schémas ne sont-ils pas d'une clarté éblouissante. Ne voulant pas rester sur cet échec, j'entreprends alors mes premiers cours de langue. Je lui désigne un objet et elle m'en donne le nom, que je répète souvent avec beaucoup de mal. Elle se prend au jeu et après avoir passé en revue à peu près tous les membres je m'attaque aux maisons et un peu tout ce que nous pouvons observer. Je parviens enfin à la faire rire, simplement par mon accent sans doute lamentable. Elle est superbe, je suis complètement sous le charme.
Erik ne le semble lui pas le moins du monde et il s'impatiente vite de nos chamailleries. C'est compréhensible il est un peu isolé sans pouvoir bouger assis au sol. Il interpelle Pénoplée et lui indique qu'il aimerait retourner dans le chalet. J'ai peur qu'elle ne me ramène aussi, mais si je dois les suivre pour qu'elle garde le contrôle sur moi, elle m'autorise à rester avec elle.
À la fois si belle et si sûre d'elle... J'ai du mal à croire qu'elle soit si jeune. Pourtant je suis plutôt doué dans l'estimation de l'âge des gens, quoiqu'il soit possible que leur tubes leur donne quelques liftings à bon compte. Empli de curiosité et prêt à éventuellement outrepasser quelques principes de galanterie interplanétaire, je m'investis dans la tâche de découvrir son âge. Je
l'avais estimé à une vingtaine d'années vu le physique, mais le moral me ferait remonter le pronostic de quelques années. Je me rappelle de la méthode de Naoma de compter en jours sachant que ceux-ci ont l'air d'avoir une durée voisine des jours terrestres. Pour cette tâche il nous faut d'abord aborder l'écriture des chiffres et des nombres. Mais tout se complique quand je comprends qu'ils ne fonctionnent pas en base décimale, ce qui est très étonnant étant donné les dix doigts qu'elle possède comme moi. Elle compte en base six ! C'est très surprenant. Une fois assimilé le système, qui m'oblige a de nombreux calculs annexes pour composer les nombres, ainsi que la calligraphie de ses six chiffres, j'apprends que la durée de l'année sur cette planète, qui s'appelle "Stycchia", est de quatre cent cinquante trois jours environ. Ce qui fait à peu de chose près un quart de plus que nos années. Une fois que je sais comment elle dit "année", je lui indique alors que mon âge est de vingt-et-un an, en années de Stycchia, et je lui demande le sien. Elle paraît très étonné, et à plusieurs reprise elle cherche à vérifier que nous somme bien d'accord sur ce dont on parle.
Je crois que je n'aurais pas gagné grand chose si j'avais parié... Elle a réfléchi un petit moment avant de me donner la réponse, je pense qu'elle ne doit pas être née sur cette planète, ou plus justement que leur notion d'année est basée sur une autre référence. Mille deux cent trente-trois ans... Je lui fait répéter plus d'une fois. Cet âge représente, en année terrestre, dans les mille cinq cent quarante ans. Je reste sans voix devant mes petits calculs dans le sable. Elle sourit comprenant que je ne m'attendait pas du tout à une telle surprise. C'est sûr que niveau lifting je suis épaté.
Plus de mille cinq cent ans ! Ce n'est, en y réfléchissant, pas si étonnant si leur téléportation leur donne vraiment un nouveau corps à chaque fois, comme je le pense. Il y a peut-être des personnes qui sont encore beaucoup plus vieilles, il n'y a pas de limite, si ce n'est la date à laquelle ils ont crée cette technique. Mais à ce propos connaissant cette technologie depuis plus de mille cinq cent ans leur avance technologique doit être phénoménale. Je réalise tout d'un coup à quel point tous mes repères doivent avoir si peu de valeur avec elle. La notion de temps, de rapide, la notion de nouveauté... Comment pense-t-elle ? Comment peut-on occuper ses jours pendant plusieurs millénaires sans trouver la vie d'une mornitude