page 222 le patriarche 223

- Je ne sais pas, Franck, je ne sais pas si c'est toi, tu ne te rappelles de rien, et puis tu es mort. J'ai tellement pleuré, tellement, depuis ce jour... Je t'ai tellement pleuré... Je t'aime tellement...

- On pourra parler de ça un peu après, est-ce que tu peux me parler d'autre chose, de ce que tu sais de moi, peut-être que ça me permettra d'avoir des souvenirs, de me rappeler de certaines choses ?

- Oui, oui, je pourrais te raconter... En fait ça ne fait pas si longtemps qu'on se connaît, enfin, tu es arrivé à Melbourne, c'était en novembre, je ne me rappelle plus trop la date...

Elle réfléchit un instant, puis s'écrit :

- Ah ! Mais attends ! Je vais te faire lire ce que tu as écrit !

- Ce que j'ai écrit ?

Elle se lève et va dans une pièce à côté, avant de revenir avec un feuillet.

- Oui ! Tu écrivais tout ce que tu faisais ! Quand nous avons disparu de chez Martin, il a retrouvé ton texte, et il a conservé !

- Martin ?

- Lis ! Tu verras, tu marquais tout, finalement c'était une bonne idée. Je me suis même remise au Français pour te relire ! Je l'ai presque tout traduit en anglais. D'ailleurs il y a des passages où je ne comprends pas très bien ce que tu as voulu dire, il doit manquer des mots, ou alors c'étaient des expression que je ne comprends pas. Moi aussi je le relis souvent, j'ai dû le lire au moins une fois par semaine depuis que tu es mort...

Elle reste silencieuse un moment en me tendant les feuilles, ses grands yeux se remplissent de nouveaux de larmes.

- C'est la version française, tu arrives à lire ? Tu veux la version anglaise ?

- Je lis les premières lignes, et je m'aperçois que je comprends.

- Non, je comprends ce qui est écrit. C'est long !

- Oui ! Et ce n'est que le début ! Il y a encore cinq autres liasse comme celle là ! Tu écrivais tout ! Mais c'était plutôt une bonne idée, ça va te servir aujourd'hui !

Je commence à lire, dès le début il est question de Melbourne, j'ai peur qu'il ne me manque des éléments pour comprendre. Ah non, ensuite je recommence plus tôt. l'Île de Ré ? Je me demande bien où ça se trouve...

- Tu sais où se trouve l'Île de Ré ?

- C'est en France, là d'où tu viens, mais je ne sais pas où exactement.

Je continue à lire, même si beaucoup d'élément m'échappe. Je ne sais pas ce qu'est Mandrake, qui sont Guillaume, Pixel, Amaury... Naoma tente de me répondre quand elle en sait un peu plus, mais souvent je reste dans le flou, Ylraw ne lui racontait pas trop sa vie d'avant, juste le minimum... Elle me demande si elle peut venir s'allonger contre moi, j'accepte. Elle semble très attaché à moi, j'ai un peu peur de lui demander quel type de relation nous avions, mais elle semble très liée. Elle s'endort presque pendant que je redécouvre cette histoire de bracelet mystérieux, cette pierre, puis Paris, Washington... Je dois la réveiller pour lui demander la suite. Elle se lève, me sourit, elle m'embrasse sur la joue.

- Je suis tellement heureuse que tu sois revenu ! Je ne sais pas comment c'est possible, mais après tout je m'en moque, tu es déjà mort trois fois, alors pour moi tu reviendras toujours. J'avais toujours espéré que tu reviendrais, de la Lune où je ne sais où...

- De là Lune !

- Je te raconterai, quand tu auras fini de lire, tu verras, cette histoire est folle !

Elle revient quelques minutes plus tard avec une grosse pile de livrets.