page 116 le patriarche 117

s'il le désirait. Thomas accepta et partit, sans même regarder une dernière fois la maison où il était persuadé que Seth s'était donnée mainte fois à Mathieu Tournalet...

Maintenant Mathieu Tournalet était mort. Il était vengé.

Il rentra en roulant doucement, il n'avait pas envie d'aller plus en avant, il n'avait pas envie d'aider Stéphane, pourtant il sentait qu'il le devait. Il n'avait pas envie d'aller voir cette maison, il avait peur d'y retrouver trop de choses. Trop de peine, il avait peur d'y retrouver Seth, encore et encore, comme un fantôme qui le poursuivrait pour toujours.

Mais si Stéphane était vraiment innocent, comment expliquer la mort de Mathieu Tournalet ? C'était incompréhensible. Stéphane devait mentir, il devait tenter de s'en sortir, comment pourrait-il en être autrement ? Un homme ne se suicidait pas pour faire accuser un autre, c'était illogique. Mathieu Tournalet n'avait rien à craindre de Stéphane, l'affaire était classée. Il n'avait qu'à prévenir la police pour harcèlement et il aurait été débarrassé de Stéphane. Stéphane devait avoir tué Mathieu Tournalet. Mais pourquoi Stéphane lui aurait-il menti ? Ils étaient proches, il pouvait lui faire confiance, il aurait compris... Thomas n'arrivait pas à trouver une explication. Y aurait-il d'autres personnes impliquées ? Mathieu Tournalet était-il menacé ? D'autres personnes auraient-elles tué Mathieu Tournalet et usé de Stéphane pour lui faire porter le chapeau ? Stéphane avait dit qu'il avait été menacé quand il s'était fait expulser de la petite maison, rue Mouffetard, mais ça ne pouvait pas être ça.

Le majordome ? Peut-être lui, pourquoi pas, c'était peut-être lui qui avait tué Mathieu Tournalet pour une raison quelconque et avait fait en sorte d'utiliser Stéphane pour s'en sortir. Peut-être que Mathieu Tournalet n'avait pas d'héritier et qu'il avait promis au majordome une partie de sa fortune ? Le majordome impatient aurait alors profité de la situation ? C'est bien lui qui était allé chercher Stéphane dans le bois, après tout. Mais ce n'était pas crédible, le majordome avait au bas mot deux fois l'âge de Mathieu Tournalet, cette histoire de testament ne tenait pas. Peut-être avait-il simplement de la rancoeur, comme on pouvait en avoir après des années et des années à supporter les même reproches, les mêmes

défauts de son maître ?

Thomas ne se satisfit pas complètement de cette hypothèse, il avait du mal à considérer Stéphane complètement innocent. Pourtant il n'était pas du genre de Jean-Luc. Thomas n'aurait eu aucun problème à le croire coupable si cela n'avait pas été Stéphane mais Jean-Luc ce soir, mais il ne savait que penser concernant Stéphane. Il avait toujours été réglo, il n'avait jamais abusé de son pouvoir, jamais mis sa sirène pour aller plus vite quand il n'y avait pas de raison, jamais sorti son pistolet pour épater la galerie quand Thomas lui l'avait fait. Stéphane était un mec bien, trop bien, énervant parfois, d'être si fort. C'était peut-être rassurant qu'il put avoir cédé, qu'il put avoir failli, avoir été faible. Thomas se rendit compte qu'il avait de la rancoeur, de la jalousie, envers Stéphane, qu'il aurait voulu être aussi fort que lui, et qu'il était rassuré qu'il put avoir été faible.

Maintenant Stéphane allait passer quinze ans de sa vie en prison pour avoir tué l'ancien amant de Seth. Pourrait-il vivre avec cette idée ? Quand il sortirait il ne serait plus rien, il aurait plus de quarante ans et perdu sa vie. Pouvait-il vraiment le laisser ainsi ? Thomas ne bifurqua pas vers Versailles et continua vers Paris. Sa vie à lui était déjà foutue, Seth l'avait consumée avec elle, il n'avait plus grand chose à perdre, il n'avait déjà plus rien... Peut-être pourrait-il aider Stéphane, et à défaut au moins comprendre...

Il mit du temps à retrouver cette rue Mouffetard. Il y était déjà venu mais il était encore avec Emmanuelle à l'époque, il y avait tellement longtemps. Il n'aimait pas trop flâner dans Paris. Il se gara à proximité, il prit avec lui une paire de gants et une lampe de poche. Il faisait assez frais ce matin du vendredi 12 septembre 2003. Il était presque 7 heures du matin et le quartier passant ne tarderait pas à s'animer, il devait faire vite s'il voulait pouvoir entrer dans cette maison sans se faire remarquer.

Si d'après Stéphane la serrure avait était ouverte mardi soir, elle était désormais flambant neuve, il aurait du mal à la forcer. Il pouvait toujours se servir de son arme, mais c'en serait fini de la discrétion. Il serait sans doute plus facile de passer par une fenêtre. Toutefois les deux fenêtres de la petite maison étaient