Une des premières interrogations des hommes étaient les moyens de coordination avec les autres places fortes, pour synchroniser leurs attaques, échanger leurs découvertes, subvenir à des manques locaux ou déjouer des assauts reptiliens. Autant les hommes étaient imprenables dans leurs bastions, autant les alentours étaient complètement suicidaires pour n'importe quel messager. Pour véhiculer des messages, il leur fallait partir en escorte puissamment armées, sachant que ses chances d'arriver à destination sans se faire attraper étaient plus que dérisoires. Pour les cités qui n'étaient qu'à quelques kilomètres les unes des autres, ils utilisaient de grands signes en bois ou en tissus pour transmettre des messages, en développant un alphabet simplifié. Et ainsi de cités en cités pouvaient se faire circuler des informations, mais cette méthode ne pouvait plus être utilisée à partir du moment où l'espace entre deux places fortes dépassait quelques dizaines de kilomètres ou que le relief masquait l'horizon.
Toutefois, ce mode de transmission sommaire n'était pas très efficace, et toutes leurs précédentes obstinations pour créer un appareil volant avaient échoué. Mais huit ans après le début du conflit, une invention commença a changer tout cet isolement : le ballon gonflé à l'air chaud. Si dans un premier temps les tentatives, au gré des vents et à portée des fusils reptiliens, furent plus que des échecs, dès l'avènement du moteur à vapeur, des engins beaucoup plus conséquents, volant beaucoup plus haut, dirigeables, permirent des échanges entre les cités très éloignées. Ces ballons se développèrent rapidement et devinrent le premier moyen d'échange entre les bastions humains, transportant toute sorte de matières premières faisant défaut localement. En parallèle les hommes conquéraient au jour le jour de nouveaux espaces autour de leurs villes ; ceci petit à petit, en ne récupérant pas plus que quelques centaines de mètres à chaque tentative, et ils devaient ensuite rapidement reconstruire une barrière infranchissable pour les reptiliens pour protéger leur nouvelle conquête. Ils passaient d'ailleurs beaucoup plus de temps à reconstruire des murs qu'à se battre ; apparurent alors les barrières mobiles, les murs coulissants, les barrières automatiques, sorte d'immenses boules qui roulaient une centaines de mètres, puis éclataient en formant un champ de mines donnant quelques minutes aux hommes pour approcher avec leur parois mobiles. Les frontières étaient gardées jour et nuit, souvent constituées de trois voire quatre niveaux
de fortification, toujours prêtes à un siège reptilien. Chaque tentatives pour grignoter quelques mètres coûtait souvent la vie à des milliers d'hommes, mais ils agrandissaient leur territoire, récupéraient des cultures, des mines, des forêts.
Seize ans après le début du conflit (dix années d'Adama), les reptiliens étaient toujours près de deux milliards, mais n'avaient pas évolué, et si leur nombre leur permettait d'empêcher une progression trop rapide des hommes, elle ne pouvaient l'endiguer. La politique nataliste et expansionniste de ces derniers portait ses fruits, leur population était repartie à la hausse, frisant avec les deux cent soixante-dix millions, et ils avaient pratiquement multiplié par trois les territoires occupés. Plusieurs cités s'étaient regroupées et des régions entières étaient alors sous leur contrôles, protégée par de nombreux renforts et postes de garde, désormais équipés avec des mitrailleuses toujours plus puissantes et meurtrières. Ils utilisaient des machines à vapeur pour se déplacer, et les premiers engins roulant blindés et surarmés, ancêtre des chars d'assaut, commençaient à faire des carnages dans les villes reptiliennes. Les reptiliens qui commençaient à avoir du mal en contrecarrer le fléau de leurs enfants stériles à quatre-vingt quinze pourcent.
Pourtant ces derniers savaient que leur seul espoir résidaient dans leur capacité à se reproduire, et les rares enfants fertiles étaient rapidement déportés loin des fronts, pour servir de mâles reproducteurs, car seuls les mâles étaient touchés d'infertilité.
Vingt-quatre ans après le début du conflit, la tendance était enfin inversée, la population reptilienne commençait à diminuer. Les hommes pouvaient dorénavant atteindre facilement les villes reptiliennes, même très en amont des fronts, grâce à leurs dirigeables, et y lancer d'énormes bombes qui faisaient d'innombrables victimes.
En l'an vingt, soit trente-deux ans après le MoyotoKomo, les hommes, même si leur trois cent vingt millions ne rivalisaient pas encore avec les un milliard huit cent millions de reptiles, étaient confiants dans leur victoire. L'évolution technique de leur adversaire était quasi nulle, alors qu'eux venaient de découvrir une supériorité technologique de taille, la maîtrise et la production de