Le lézard mort près de la rivière est déjà presque complètement dévoré, il ne nous aura nourri qu'un seul repas. Mais somme toute nous n'avons pas trop à nous soucier de la nourriture, grâce à nos lances et nos bracelets nous attrapons sans de grandes difficultés les petits animaux autour de nous. La viande crue n'est pas très bonne, mais nous ne mourrons pas de faim. Après plus de six jours passés ici, cette nourriture s'est avérée bien tolérée par nos organismes. Nous souffrons le plus du froid, nos combinaisons sont déchirées, et si elles nous couvrent encore suffisamment, elle ne font plus office de régulateurs thermiques ou de couche, mais nous pouvons nous laver dans la rivière. Le courant fort nous laisse penser que les germes n'ont pas trop le temps de se développer, et nos bracelets la juge relativement potable.
Nous nous sommes un peu avancés vers le versant dégagé, comportant cette grande plaine. La plupart des animaux ne sont pas très hostiles, de plus nos bracelets arrivent à peu près à nous prévenir d'un danger, et les petits charognards que nous avons vu se laissent facilement maîtriser avec les bracelets. Les troupeaux sont revenus à l'orée des bois, le dragon ne s'étant plus manifesté, sans doute aller dévaster plus loin. Les gros lézards qu'ils avaient à moitié tués se traînent péniblement dans la plaine. Leur compatriotes ne semblent pas vraiment leur porter assistance, les laissant agoniser au milieu de la plaine.
Ils auraient pu nous fournir des proies faciles, mais de peur de tomber sur un essaim de lézards à deux queues notre témérité s'est bornée à quelques centaines de mètres de notre cachette. Protégé par l'à-pic d'un côté, nous avons planté des piquets et confectionner une sorte de barrière sur les dix mètres de largeur de l'autre côté. Sans doute un maigre protection si un troupeau de chiens-lézards grillés nous attaque - c'est leur nom officiel désormais - mais au moins une protection psychologique qui nous laisse dormir en relative quiétude.