- Non Naoma, je suis sérieux, regarde bien, et quand tu cours, tu n'a pas l'impression de ne pas avoir les mêmes sensations ?
- Et bien, c'est vrai que je suis étonnée par la capacité de souffle que j'ai, je ne sais pas même au meilleur de ma forme si j'ai eu autant d'endurance avant, mais je me suis dis que c'était peut-être juste parce que depuis deux semaines on n'arrête pas de courir dans tous les sens...
- Peut-être, je ne sais pas après tout...
- Et puis comment est-ce que l'on aurait pu changer de corps, tu crois qu'ils auraient changer notre cerveau de corps pour le mettre dans un autre ? Remarque, pour toi peut-être, comme tu étais mort ou pas loin sur la Terre, et vraiment mort sur la Lune, c'est peut-être vrai, peut-être qu'ils t'ont mis dans un nouveau corps.
- C'est vrai que je suis mort deux fois déjà... Quelle vie !
- Allez, oublie un peu tout ça et vient te baigner au milieu des poissons !
Erik a déjà attrapé plus de poissons qu'il n'en faut pour tout un régiment. Je nage un petit moment avec Naoma, et c'est vrai que le cratère le plus proche n'a pas l'air très loin, un petit kilomètre tout au plus.
- On pourrait nager jusqu'à l'autre cratère ?
Je suis un peu réticent :
- C'est un peu loin non ? On ne devrait pas plutôt aller aider Erik et commencer à fabriquer le radeau ?
- On peut prendre un peu de repos non ? On pourrait juste se balader un peu, enfin, être un peu tous les deux quoi...
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, même si c'est bienheureux que nous soyons dans l'eau ; ce que je t'avais dit à Melbourne tient toujours.
- Oui, enfin bon plus vraiment, c'est un peu foutu pour ne pas
m'entraîner dans tes histoires maintenant, je crois qu'on va devoir terminer ensemble.
- C'est vrai, mais ce serait injuste face à Erik, et il...
- Et puis quoi encore ! Tu voudrais que je fasse un coup chacun ? J'ai le droit d'en préférer un non ? Si c'est juste pour vous permettre de tirer votre coup je suis d'accord, c'est une mauvaise idée. Bon si c'est comme ça je rentre...
Sur ce elle se retourne et part en crawl vers la plage. J'ai quelques difficultés à la rattraper, et je la stoppe en lui agrippant le bras. Elle se débat.
- Naoma ! Naoma, écoute !
Je ne me rends pas compte si l'eau sur ses joues sont des pleurs ou de l'eau de mer.
- Quoi encore ? Tu voulais pas me blesser et tout, c'est ça ? Et c'est mieux qu'on soit ami ? OK je connais. Tu peux le dire si je ne te plais pas ! Ce serait un peu moins hypocrite que tes excuses à la con !
- Écoute, je meurs d'envie d'aller avec toi de l'autre côté, mais là n'est pas la question. Nous ne devons pas créer de déséquilibre entre nous trois, ou bien l'un va se sentir à l'écart ou de trop. Si on veut s'en sortir, il faut que l'on soit au maximum entre nous trois, ou nous allons perdre de l'énergie dans des querelles stupides.
- C'est Deborah, hein ? C'est elle, tu l'aimes...
- Non ! Enfin je ne sais pas... Et puis on s'en fout ! Je ne la verrai sans doute plus jamais, alors là n'est pas la question, pour l'instant on doit se sortir d'ici. Ne crois pas que tu ne me plaise pas ou que je te rejette, mais c'est à cause de moi que vous êtes paumés ici, et je veux vous sortir de là tous les deux.
- Tu sais ça ne me dérangerait pas de devoir rester ici avec toi...
- Peut-être mais moi je ne pourrais jamais rester ici sans