Jeudi 26 juillet 2001
26 juillet, 2001, 8 heures 50. La lassitude est toujours là.
La lassitude arrive toujours, je ne sais pas trop pourquoi. Sans doute parce que notre monde moderne nous habitue au changement, à la nouveauté, à ne jamais garder quelque chose très longtemps, à en changer au moindre signe d'ennui. Qu'est-ce qui est bien ? Je ne sais. Cette liberté de choisir, d'avoir cette impression de contrôle sur nos vies, mais de ne rester que dans l'éphémère, l'incomplet, l'inachevé, ou cet intolérable mais malgré tout passionnant enchaînement qui ne nous laisse pas d'alternative à la lutte, chaque jour, chaque instant, et où la possession n'est que foutaise, où on ne survit pas seul, où on regarde toujours l'avenir avec des yeux éblouis, mais où ce n'est pas notre ennui qui nous guide, mais notre soif de vivre.
Vendredi 27 juillet 2001
27 juillet, 2001, 8 heures 15, clash plus une semaine, longue nuit, encore, trop de rêves inintéressants.
Je me suis souvent demandé ce qui faisait avancer les gens. Ce qui faisait qu'ils avaient envie de continuer à vivre. La peur de mourir en fait partie, sans doute, la peur de souffrir, le réflexe non naturel de se donner la mort. Mais elle n'explique pas, j'imagine, tous ces jours de désespoir. Certains doivent vivre pour leurs enfants, et c'est une élégante et facile façon de se décharger de la responsabilité de justifier sa vie. D'autres doivent espérer je ne sais quoi, le bonheur sans doute. Mais y a-t-il vraiment de bonnes raisons, dans toutes les raisons qui existent, y en a-t-il au moins une qui soit une vraie raison de vivre, de se battre, jour après jour, de souffrir, jour après jour, de ne jamais baisser les bras, de se relever, quoi qu'il arrive, de ne penser qu'à elle, jour et nuit, jusqu'à la fin ? Les plaisirs éphémères n'apportent pas le bonheur, ils ne font qu'entretenir une illusion, qui s'envole bien vite, quand on rentre, tout seul. Le bonheur est peut-être dans le souvenir, souvenir des bons moments. Mais ne seraient-ils pas plutôt plus à même d'amener la nostalgie ? Mais le bonheur peut-il être autre chose que le souvenir ? Puisque le présent nous dépasse un peu, reste incertain, reste éphémère, et s'envole. Nous ne nous rendons compte du bonheur
que de temps en temps, rarement sur le moment. Les erreurs et les défaillances reviennent aussi, se mêlent, s'entremêlent, et laissent au final une impression étrange, qui doit fluctuer avec les humeurs et les instants. Qu'est ce qui me fait avancer ? Est-ce que je suis heureux ? Pourquoi est-ce que je ne ressasse jamais le passé ?
Samedi 28 juillet 2001
28 juillet 2001, 10 heures 54, samedi, dernier jour de la semaine, jour de repos, jour de solitude, jour de remise en question, jour de réflexions diverses.
Nous sommes si faibles, parfois, souvent, de ne vouloir que de tant de choses, de tant de force, et de céder, si facilement. À vouloir être trop fort on se masque souvent la vue, et on n'en ressort que plus faible, au final. Serait-ce vraiment si dur de se voir comme nous sommes, d'accepter, de comprendre, et de contrôler, peut-être, ne serait-ce qu'un peu ?
Le ciel est gris. Ô mon Soleil ! Où es-tu donc ? Ô mon Soleil ! Comme si ta présence me réconfortait, toi le plus ancien Dieu des hommes... Ô mon Soleil, que dois-je faire ? Ni Dieux, ni démons, ni hommes ne m'ont jamais répondu... Mais toi tu es resté, tout le temps, quelque part où je te retrouve quand les forces me manquent... Mais les forces me manquent-elles vraiment ? N'est-ce pas plutôt mon obstination à fermer les yeux devant l'évidence ?
Et le temps passe, nous attendons un peu, nous croyons que les choses vont changer, mais elles ne changent pas. Elles ne changent jamais, elles n'empirent pas trop, au mieux... 12 Août 2001, 11 heures 13. La vie continue, nous ne savons jamais trop pourquoi, si nous le méritons ou pas. Mais le temps n'arrange rien, il nous rend plus indifférent à la limite. Mais je n'ai pas envie d'être indifférent... Quant à mieux savoir ce qu'il faut faire, c'est comme si l'évidence même était tellement diabolique qu'on se la masque sous des excuses. Nous ne sommes rien sans nos sentiments. Vouloir les contrôler, les limiter, c'est enlever tout le goût de nos journées, de nos pleurs, de nos blessures, de nos amours perdues. Mais de quoi se rappellera-t-on une fois vieux et fatigué ? De nos amours ratées, ou de ces choses que nous avons passé des jours, des semaines, des