Naoma se jette sur moi alors que j'ai à peine ouvert les yeux. Elle m'embrasse sur la bouche sans que je ne puisse rien faire.
- Comment ça va ?
- Bien... J'ai l'impression d'avoir énormément dormi...
- C'est le cas, on a pas dû se coucher après 10 heures du soir, et il est 8 heures et demi du matin. Je vais partir, il faut que je sois à 9 heures à la boulangerie. Je ne vais rien dire à Martin, je ne vais rien dire à personne. Je vais revenir vers 2 heures de l'après-midi. Il vaut sans doute mieux que tu restes ici. Tu peux te faire à manger, je te ramènerai du pain de la boulangerie, je dirai à Martin que je vais une soirée, comme ça je pourrai en prendre plein sans qu'il ne se doute de rien.
- Tu sais où est cette pierre dont je parle dans mes histoires, j'en ai rêvé.
- Ta pierre ! Mon Dieu non ! Je ne sais pas. Tu l'avais chez Martin, mais après, tu l'as sans doute perdu dans la bataille à l'aéroport de Sydney, ou quand nous sommes allés dans les tubes, tu n'as rien trouvé en te réveillant là-bas ?
- Non... Enfin j'ai peut-être mis la main dessus, mais je n'ai pas fait attention, surtout que ça a l'air d'être juste une pierre ordinaire.
- Oui, c'était juste un galet, mais tu en avais surtout besoin pour le bracelet, après je crois que tu l'as gardé juste un peu par superstition.
- Et les bracelets, tu en as un !
- Mon Dieu non ! Je ne sais pas qui en a, le tien tu l'avais lancé dans la mer ! Tu avais écrit que les gens de Sydney en avait, mais je n'en ai jamais vu ! Je dois y aller. Je te fais un bisou et je dis à tout à l'heure, tu ne bouges pas, d'accord ?
- OK, je reste là, de toute façon je ne sais pas trop où je pourrais aller.
- Mouais, tu dis toujours ça et après on te retrouve dans une
autre galaxie ! Si tu veux m'appeler tu peux utiliser le téléphone, voilà mon numéro, mais il vaut peut-être mieux que tu appelles la boulangerie, ça passera plus inaperçu.
- OK, OK. Non mais je vais rester bien sage ici, je t'attendrai.
Elle me fait un dernier baiser puis s'en va, je me laisse retomber sur le lit. Pfff ! Quel merdier ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Est-ce que je vais devoir rester caché ? Est-ce que Naoma est digne de confiance ? Je devrais peut-être tenter de contacter Deborah, ou mon frère. Je n'ai même pas demandé à Naoma quel âge il avait, ni le mien, d'ailleurs, quel âge est-ce que j'ai ? C'est affreux de ne rien se rappeler. Je ne sais plus rien, je ne sais même pas si cette organisation me poursuit à tord ou à raison. Qu'ai-je pu faire avant ? Est-ce que je suis un terroriste, un criminel, un agent secret ? Est-ce que je suis vraiment mort trois fois ? Comment pourrai-je faire pour retrouver la mémoire ? Il existe peut-être des remèdes, des moyens. Peut-être que rentrer chez moi, chez mes parents, de me retrouver dans l'environnement de mon enfance, peut-être que ça m'aiderait. Mais comment rentrer en France, il faut prendre l'avion, je n'ai pas un sous. Peut-être que Naoma pourra m'aider. Mais est-ce qu'il me faut des papiers ? Est-ce que je peux aller en France comme ça ? C'est rageant de ne se rappeler de rien, je ne sais même plus comment tourne le monde. Nous sommes en 2003, dimanche 27 juillet 2003.
Je finis par me lever, très énervé de ne pas parvenir à ne retrouver ne serait-ce qu'un semblant de souvenir. J'allume la télé et je me prépare une énorme platée de pâtes pour déjeuner, j'ai toujours autant faim. Mon mal à la tête va un peu mieux, mais ce n'est pas encore complètement passé. Je me sens telle une boule de nerfs, j'ai envie de bouger, de sauter sur place. J'ai cette tension en moi, si je m'écoutais je frapperai les murs. Je ne sais pas si c'est de ne pas savoir que faire qui m'énerve autant. Je mange toute les pâtes que j'ai préparé puis je passe une grande partie de la matinée à relire mon récit, en regardant la télé. Les informations parle d'une guerre en Irak, une carte m'indique où se trouve l'Irak, et de plusieurs soldats américain tués. Il est aussi question d'un tremblement de terre au Japon, et d'une attaque au mortier d'un église, au Libéria. Quand je vois tous ces morts je me demande s'il n'est pas