page 214 le patriarche 215

laissant de glace je choisis finalement Matthias, principalement parce qu'une ligne de tramway dessert une gare proche de l'adresse.

Adresse qui se révèle être un nouveau bar. Je m'adresse au barman pour demander s'il connaît un certain Matthias White, il me répond que non et me demande si je veux consommer, et que dans le cas contraire je ne devrais pas rester dans son bar. Je lui commande un Coca glacé pour ne pas le frustrer, et cinq minutes plus tard une armoire à glace vient me demander pourquoi je recherche Matthias White. J'hésite un instant au vue du personnage puis me dis que je n'ai finalement pas grand chose à perdre. Je lui explique simplement que j'ai perdu la mémoire et que j'ai retrouvé dans ma poche l'adresse de cet endroit avec le nom de Matthias.

L'armoire à glace ne me croit pas, et devient passablement nerveuse quand j'insiste que c'est la vrai raison. N'arrivant pas à en savoir plus de moi, il s'éloigne en m'envoyant paître. Comme l'envie de sympathiser avec lui reste malgré tout modeste en moi, je termine mon Coca et sort, avec l'espoir que Naoma sera un peu plus facile à contacter que ce mystérieux Matthias.

Bien sûr l'armoire me suit quand je sors, et je me rend compte que j'ai peut-être un compte en souffrance avec ce Matthias White, j'aurai décidément mieux fait de laisser parler mes hormones... Je n'attends pas de me retrouver dans un coin sombre avant de retourner le voir pour lui expliquer qu'il ferait mieux de m'oublier, car je suis vraiment amnésique et dans l'impossibilité de lui dire quoi que ce soit de plus.

Il ne me croit toujours pas, mais je ne sais pas pourquoi, je me sens l'âme d'un sprinteur, et, sans vouloir inhaler une seconde de plus sa mauvaise haleine, je serre le point, lui file un bon coup de genou dans quelques parties sensibles et prends mes jambes à mon cou. Comme prévu l'armoire n'a pas de talent de coureur particulier, et je le sème rapidement. Je continue à courir un bon quart d'heure en suivant la ligne de tramway au cas où le monsieur aurait l'idée de toujours trotiner à mes fesses. Quand une station rentre en concordance avec un tramway approchant, je repars avec en direction du centre ville, en espérant que cet incident ne me posera pas plus de soucis.

Je me demande quand même ce qui me mettait autant en confiance dans le fait que j'étais doué en course à pied. J'en avais le vague sentiment mais c'est sans doute quelque peu propice à ennuies que de baser ses décisions sur de vagues sentiments...

Je me remets de mes émotions par un bon sandwich, j'ai une faim de loup, toujours. Je ne peux résister à en engloutir deux supplémentaire, puis je me dirige ensuite à pied, ayant la flemme de cherche une ligne de bus, vers l'adresse de la belle Naoma ; belle ou tout du moins l'espérais-je. Il est midi 40.