mais l'ambiance est tout de même significativement différente à celle sur Stycchia. C'est d'autant plus frustrant que le jour, le soleil, la lumière, auxquels je tiens temps, sont désormais synonymes de danger et de mort. J'ai bien peur que ma chance m'ait abandonné. Jusqu'à présent, c'est vrai, les choses étaient parfois catastrophique, mais jamais très longtemps, et la vie était plutôt cool. C'est vrai que j'en ai bavé, à Washington, Mexico, Sydney, Melbourne, sur Stycchia, Adama, mais bon, c'était quand même assez fun dans l'ensemble, ça finissait bien. Là c'est moins sympa, je vois moins comment on va pouvoir s'en sortir, et je pense que c'est un peu le même sentiment que j'avais sur Stycchia, quand nous ne savions pas du tout où nous étions et comment on pouvait faire pour revenir sur Terre. Sauf qu'à l'époque je me consolais dans les bras de Pénoplée, alors que là je me fais bouffer chaque jour par des sales bestioles.
Pénoplée, je suis aussi embêté de t'avoir quitté sur un malentendu. J'aimerais tant que tu ne m'en veuilles pas. C'est un peu désespérant de toujours perdre les gens qui nous sont proches, de toujours devoir les quitter. David, Deborah, Patrick, Naoma, Erik, Pénoplée... Pauvre David, dire qu'il est mort à cause de moi... J'espère que Deborah va bien, ma Deborah...
Je finis par m'endormir pour rêver, encore et toujours, de cette prison dans laquelle je suis, de ce trou noir d'où je ne sais comment sortir, de cet enfer vers lequel je descends chaque jour un peu plus sans savoir comment revenir vers la lumière, lumière que je crains, désormais...
Jour 387
Énavila dort beaucoup plus que prévu, et j'en profite pour chasser quelques bestioles avec les barres, c'est d'une facilité déconcertante. Ces barres sont vraiment formidables, je peux les transformer en épée ou en bouclier en un clin d'oeil, elle peut vraiment prendre n'importe quelle forme, se glisser sur moi pour me faire une armure, devenir une échelle, un parapluie, une lance ou tout autre objet auquel je peux penser. Elles possèdent toutefois des limitations, d'une part la matière qui la compose est limitée, et bien sûr on ne peut pas générer un objet qui nécessite plus de matière ; on peu jouer sur l'épaisseur, mais cela au risque d'augmenter les chances de cassage.
La combinaison est vraiment fantastique, j'ai une vision nocturne parfaite, je me croirais presque en plein jour. Elle possède en plus une possibilité de camouflage qui me rend presque invisible pour les bestioles à partir du moment que je ne suis pas trop dans leur axe de vision, ce qui me permet de rapidement récupérer une bonne dizaine de petite bête. Et, cerise sur le gâteau, elle me permet d'allumer un feu ! Nous en sommes tellement content avec Sarah que nous n'attendons pas Énavila pour manger nos premiers oiseau-lézards au barbecue.
Sarah est vraiment jolie, autant tous les gens de la Congrégation sont beaux, possèdent généralement un corps parfait, autant je ne les trouves pas tous attirant, ou du moins à mon goût. Mais Sarah, peut-être parce qu'elle me rappelle aussi un peu la Terre, quand elle me venait en aide, Sarah est jolie, vraiment jolie, un peu réservée, à la fois sûre d'elle et un peu timide. J'ai l'impression qu'elle cache quelque chose, qu'elle ne veut pas tout raconter, ou simplement veut-elle rester discrète. Elle a dû se cacher toute sa vie, et ne jamais dévoiler ce qu'elle faisait, elle a sans doute développer un sens accru du secret. Elle doit se méfier de tout le monde et de tout ce qu'elle dit, c'est sans doute la raison qui fait que je dois insister et la cuisiner pendant un bon moment à chaque fois que je veux qu'elle me parle un peu.
- Pourquoi Goriodon n'était pas au courant pour la Terre, les précédents chef du Congrès le savaient, non ? C'était qui avant Goriodon, c'était Teegoosh, juste avant le Libre Choix ?
- Oui, tu commences à connaître l'histoire de la Congrégation, c'était Teegoosh. Il était au courant, enfin je crois.
- Comment tu as su toi ? Comment tu es rentrée ?
Sarah hésite, voilà un nouveau sujet sensible.
- Je, et bien, je travaillais, avant le Libre Choix, dans un labo de recherche biologique. Et puis, j'ai subi, un peu à mon insu, une sorte de qualification, et puis on m'a finalement parlé de l'expérience, et j'ai tout de suite accepter.