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alors que je suis obligé de ralentir à cause de la route coupée. Il s'occupe de détruire de nouveau la route derrière moi, me bloquant entre deux feux. L'hélicoptère franchit de nouveau la fumée en la dissipant sous son souffle me survole pour se placer juste devant moi et me viser alors que je ne peux plus avancer qu'à faible vitesse. Panique ! Que faire ? Que veut-il que je fasse ? Que je sorte ? Ne sachant que faire d'autre, je m'arrête. Ma décision est bite prise, ses canons mitrailleurs rotatifs disposés sur ses côtés commencent à se lancer. Je n'ai guère que le réflexe de sortir de la voiture et de partir en courant du plus vite que je peux. Réflexe salvateur juste avant qu'une salve de balles tirées par ses sulfateuses ne transpercent la voiture de toutes parts. Je me retourne pour admirer le carnage. Il poursuit l'ouvrage par deux autres roquettes qui détruisent la Viper dans une explosion digne des meilleurs films d'action.

- Noooon ! Les cons ! Mince, Sac ! Mon sac, les cahiers, arg les salauds !

Je suis toujours étonné des considérations profondément stupides que je peux avoir alors que je suis dans des situations critiques ou pire encore. N'ayant guère d'autre choix je tente néanmoins le tout pour le tout et pars en cavale en direction de rocailles un peu plus loin où je pense pouvoir peut-être me cacher, me rendant bien compte de la mince protection qu'elles peuvent représenter face à ses roquettes.

J'entends de nouveau des explosions, l'hélicoptère est en train de tirer tous ses roquettes dans la Viper. S'ils veulent faire le ménage il va être fait, il n'en restera pas des bouts plus gros que le poing ! Je continue ma course ne prêtant plus attention à leur obstination sur la voiture, en espérant même qu'ils m'en oublient. Mais une fois de plus c'est peine perdue, ce maudit hélicoptère, sa tâche ménagère effectuée, reprend ma direction. Qu'il aille au diable ! Je ne peux rien faire d'autre que tenter de courir en changeant de direction de temps en temps, mais s'ils m'envoient une roquette je serais cuit quoi qu'il arrive. Je cours du plus vite que je peux, plus vite que je n'ai jamais dû courir. Je sens mon rythme cardiaque me marteler la tête, j'halète plus que je ne respire. Mais le sol n'est pas régulier et je cours bien trop vite pour pouvoir faire attention où je mets les pieds ; il ne me faut pas longtemps pour tomber en posant le pied sur une pierre qui glisse sous mon

poids. Je roule lourdement sur plusieurs mètres au sol au milieu du sable et des pierres qui me blessent et me rentrent dans le dos. Épuisé et n'ayant pas la force de me relever sous le souffle de l'hélicoptère, je me retourne simplement pour voir. Mon heure est venue, dirait-on... Si seulement... Ils ne tirent pas de roquette, quelques secondes passent. Je ne distingue presque rien dans le tourbillon de sable soulevé par son souffle, je suis obligé de me protéger le visage avec mon bras. Je sens subitement une piqûre dans ma cuisse droite ; je me plie sous la douleur, comme une épingle qui me transperce. Ils doivent me tirer dessus au pistolet, à moins qu'ils ne veuillent m'endormir de nouveau. La douleur n'est pas trop importante, ils ont dû manquer leur coup et peut-être n'ai-je reçu qu'un éclat. Je décide alors de tenter de faire le mort, pensant que c'est la dernière chose qui pourrait me sauver. Cela retire toute gloire à mon héroïque fin, mais mince !

Je ne sais pas si l'astuce fonctionne mais l'hélicoptère fait demi-tour et s'éloigne. J'ai peine à croire qu'ils se contentent de me croire mort. Ils ne reviennent pourtant pas et l'hélicoptère disparaît en quelques minutes. Je reste allongé cinq minutes, peut-être dix, peut-être plus, le temps que le tourbillon de poussière s'estompe pour laisser place au pesant Soleil. Je m'assis les bras sur les genoux, regardant dubitativement la dépouille de ma Viper.

- Et Beh ! Voilà encore un sacré bazar !

Je me relève péniblement. La douleur à la jambe est faible mais bien réelle, j'ai un peu de sang sur mon pantalon m'indiquant que j'ai bien dû recevoir un éclat. À moins que ce ne soit un poison ou un mouchard ? Bah ! J'essaie de me persuader que ce n'est réellement qu'un éclat pour ne pas m'imaginer des choses plus sordides et en inventer des effets alors qu'il n'en est peut-être rien. Je ne m'inquiète pas plus, obnubilé par un problème bien plus critique à mes yeux, le sable. Je passe plusieurs minutes à cracher et me nettoyer les yeux de ces grains de poussière que j'ai de toutes parts. J'avance vers la Viper, doucement ; elle est encore toute fumante... Tout a été carbonisé, pas la moindre trace de Sac... Il est mort... Je soupire en pestant encore contre le sable, c'est un vrai cauchemar, je ne supporte pas le sable, c'est toujours autant un calvaire que d'en