- À demain, bye.
Mathieu Tournalet... Thomas comprenait de moins en moins cette histoire. Il aurait suivi Seth depuis début août... Depuis bien plus longtemps peut-être même... Mais alors, que voulait cet homme ? Il voulait la voir ? Il voulait la tuer ? Il voulait lui parler ? Qu'avait-elle fait ? Qui était-elle bon sang ! Il eut peur soudain. Et lui, lui ? Risquait-il aussi de se faire tuer ? Mon Dieu qu'avait-il fait ? Si seulement il l'avait laissée ce jour de septembre 1999...
Il n'avait pas envie de rentrer sur Paris, il aurait aimé passer quelques jours ici. Il avait peur de rentrer chez lui... Peur ? Mais Diable ! Il était policier, et son Beretta était toujours à portée de main. Il ne savait pas trop de quoi il avait peur. Peut-être simplement que Seth ne revînt, simplement que son fantôme ne le hantât.
Il se leva et se reprit. Depuis quand croyait-il aux fantômes ! Son manque de sommeil le rendait fou ! Il marcha encore quelques instants sur la plage, puis retourna vers sa voiture. Il dut passer à l'hôtel car il n'avait pas décommandé sa chambre pour le soir, et son sac était encore là-bas. Par chance il n'eut pas à payer la nuit supplémentaire malgré l'heure avancée, mais principalement parce que le gérant savait qu'il était policier. Sur le chemin du départ, il laissa la photo de Seth dans deux boulangeries qu'il croisa, en expliquant de le rappeler pour toute personne se rappelant avoir vu une femme ressemblant à la photo. Il retraversa le pont et reprit le chemin de la Capitale. Il se dit qu'à part avoir déboursé plus de deux cent cinquante euros entre l'essence, les péages et l'hôtel, il n'y avait pas gagné grand chose... Et il en oublia même pour quelque temps Carole, seule rencontre intéressante qu'il fit en ces deux jours.
Il dut s'arrêter, après trois heures de conduite, s'endormant presque au volant, pour se reposer un peu sur une aire d'autoroute. Il dormit deux heures puis son mal le réveilla. Il était rongé. Il rentra chez lui vers une heure du matin, et s'endormit trois heures plus tard devant une rediffusion à la télévision. Il dormit de 4 à 7 heures 30 et c'est sa mère qui le réveilla en frappant à la porte. Il subit ses reproches jusque sous sa douche chaude qu'il fit durer en espérant qu'elle se lasserait de parler fort à la porte de la salle de bain. Mais
elle ne se lassa pas alors il s'habilla en vitesse et partit sans déjeuner. Sa mère ne sut pas où il avait passé le week-end, et elle se dit que son seul fils n'était quand même pas gentil.
Stéphane et Jean-Luc étaient déjà arrivés, ils se moquèrent de lui et de son escapade Réthaise, puis lui donnèrent le peu de renseignements qu'ils avaient récolté sur ce Mathieu Tournalet. Sous la pression du procureur, leur chef avait écourté ses vacances d'une semaine, autant dire que sa femme en fut très énervée, et lui par vases communicants. Il eut tout de même du mal à passer sa colère devant le travail de Stéphane et l'évidence quasi inébranlable de la culpabilité de ce Mathieu Tournalet. Quoi qu'il en soit le matin même les trois compères se dirigèrent vers la superbe demeure du Mathieu en question, sans même avoir pris de croissants, mais deux cafés tout de même en moyenne, le lundi matin étant toujours une période délicate.
Ils se perdirent passablement trois fois avant de trouver enfin, isolée de tout au milieu de la forêt, l'entrée du magistral domaine entourant la résidence en question. Il n'y avait pas de sonnette, et, à leur grand étonnement, un majordome vint ouvrir l'imposante grille au bout de dix minutes. Sans doute devait-il y avoir des caméras ou un système apparenté. Ils furent d'autant plus étonnés de s'apercevoir que le majordome les laissa entrer sans même leur demander la raison de leur venue, et que celui-ci était venu en voiture pour leur ouvrir. Ils suivirent la classieuse Jaguar XJ6 de 1970 sur les un kilomètre trois cent d'allée avant de se garer devant l'immense maison qui tenait plus du château. Ils sortirent de la voiture et le majordome s'excusa de ne pas avoir été assez prompt pour leur ouvrir les portières. Ils furent gênés et ne surent quoi répondre. Stéphane les présenta finalement et transmit au majordome leur ordre de mission. Ce dernier indiqua que Monsieur n'était pas présent mais devait revenir avant midi. Il était presque 11 heures, ils avaient beaucoup tourné avant de trouver l'adresse, ils décidèrent d'attendre. Le majordome les installa dans une grande pièce, respirant le luxe par l'imposante cheminée, qui servait encore, comme en témoignaient les cendres, tout comme par les multiples tableaux et les épées dorées, d'or peut-être, qui ornaient les murs. Ils prirent chacun un fauteuil équivalent à trois fois leur salaire mensuel et se demandèrent si le majordome faisait le voyage vers la porte chaque