- Mais tu ne l'as pas vue ?
- Sauve l'image dans ton bracelet et donne la moi.
Je pense à cette fille, transmets les différentes images d'elle que j'ai, ainsi que mes souvenirs d'elle sur Terre, et stocke tout ça dans le bracelet. En les regardant de nouveau, je m'aperçois qu'il est très dur d'avoir une image nette du visage, la silhouette et les traits sont à peu près là, mais je suis incapable de me rappeler correctement de la forme de la bouche, du nez, c'est plus une image floue qu'une réelle photo. Pénoplée me rassure que c'est la forme que prennent la plupart des représentations mentales de personnes, et que les artificiels arrivent souvent à reconstituer l'image réelle rien qu'avec ces informations. Elle se connecte à mon bracelet et les récupère, puis reste silencieuse quelques minutes.
- Non, je ne trouve rien, je vais récupérer la mémoire de ton bracelet, pour avoir l'image exacte lorsque tu l'as vue tout à l'heure.
Je vois virtuellement Pénoplée rechercher dans les archives de mon bracelet, et faire défiler les images que j'ai vues par mes yeux, en remontant dans le temps, à partir de l'instant présent. C'est vraiment formidable, je reste toujours sidéré devant cette incroyable prouesse. Tout le monde doit avoir une mémoire parfaite avec de telles fonctionnalités. Elle s'arrête au moment ou j'aperçois la fille après mon atterrisage, Mais l'image est vraiment aussi succincte. Je lui conseille d'aller un peu plus en arrière au moment où le l'apercois de l'abeille. L'image est un peu mieux mais reste assez rapide.
- Non, pas mieux. Pourtant les images étaient quand même pas trop mauvaises. Pas suffisantes on dirait. Désolée... J'ai parlé trop vite...
- Je ne peux vraiment pas sortir ?
Je me dirige vers la porte de la chambre, mais je reste immobilisé à quelques mètres. Un voix intérieure me previens que je ne dois pas tenter de sortir jusqu'à nouvel ordre. Une force me fait ensuite reculer et faire demi-tour.
- C'est mieux foutu que dans les chalets, là-bas à chaque fois
on se retrouvait les fesses par terre.
Pénoplée me regarde et répond d'une voix pleine de lassitude. J'aurais dit de mépris si je ne la connaissais pas :
- On évolue toujours, tu sais...
- "Ils" évoluent.
- Oui si tu veux... Erik vient.
Quelques secondes plus tard la porte devient transparente et Erik la traverse. Il me parle en anglais :
- Bon alors, t'as eu ta fessée ?
- M'en parle pas, je suis bloqué ici.
- Tu veux dire que tu n'as pas le droit de sortir, oh c'est con. Ils sont vraiment paranos.
Pénoplée intervient, elle parle dans sa langue :
- De toutes façons Guewour et deux autres personnes du Congrès veulent s'entretenir avec lui, alors il ne bougera pas jusque là.
Je suis surpris :
- Depuis quand tu comprends l'anglais toi ?
- Je ne le comprends pas, mais j'ai lu vos images mentales pendant votre conversation.
Erik ronchonne, toujours en anglais :
- Putain quelle merde ces trucs.
Pénoplée, écoeurée :
- Aaaah, Berk.
Erik sourit. Je comprends qu'il a dû penser à quelque chose de bien immonde pour se venger de Pénoplée. Il redevient sérieux.