Lundi 9 septembre 2002
Je ne pensais pas reprendre la plume, pour ainsi dire, et continuer à raconter l'intérêt nul de ma triste vie ; mais à croire que la fin de la version pour mon travail me donnant un peu de temps, la mélancolie ou l'ennui reviennent au galop. Et c'est finalement déjà une chose que de prendre un peu de recul en les déposant. J'ai même retrouvé, pour compléter ce pitoyable tableau, quelques mots de mon enfance, que j'ai rajoutés au début.
Remettons un peu d'ordre dans l'année, presque entière, qui vient de s'écouler. 20 Octobre 2001, premier septembre 2002, un peu plus de dix mois. Dix mois assez classiques, somme toute.
Il se passe pourtant beaucoup de choses en presqu'une année, autant de changements dans la société où je travaille, autant dans le monde, après le 11 septembre, la crise, la chute des bourses, les élections présidentielles en France, l'été, le beau temps, le mauvais temps dans le Sud, les inondations, les tensions du Moyen-Orient, l'Irak... Et tout le reste.
Je ne sais pas si tout cela vaut le coup de s'y attarder. Mais j'aurai tout loisir de revenir en arrière si jamais de nouveaux événements viennent compléter d'autres plus anciens et encore insignifiants aujourd'hui.
Je m'attarderai cependant cinq minutes sur une action que j'ai entreprise, à petite échelle certes, vers le mois de mai 2002. J'ai décidé d'enfin joindre les actes à la parole, et d'envoyer un chèque à Zazie pour avoir écouté ses chansons sans contribution financière de ma part. Je suis conscient que ça n'a rien à voir avec le reste mais dans la vie les choses se mêlent et s'entremêlent et seul le temps peut démêler le tout. Bref ; ne sachant pas du tout où écrire, j'ai,
après recherche, finalement adressé ma lettre au fan-club ou tout du moins le seul contact que j'ai trouvé, à savoir Universal Music rue des Fossés St Jacques à Paris dans le cinquième arrondissement. Voici une copie de la lettre :
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Bonjour,
Parler sans connaître n'est pas sans difficulté. Excusez donc ma maladresse, et ces mots qui ne vous conviennent pas, pas plus que cet esprit que je vous accorde peut-être à tort. Mais nous ne nous adressons finalement qu'à ces images, qu'à notre imagination, et qu'à ce monde qui en est le fruit.
Ce monde justement, dont je veux, succinctement j'espère, sans vous ennuyer si je le puis, vous parler un instant, pour expliquer pourquoi ce chèque, et, si l'on peut dire, ce que j'en attends.
Ce monde qui change, et qui me donne l'excuse de vous écrire, pour vous dire que j'apprécie vos chansons, vos paroles, votre talent. Qui me donne l'excuse car je voudrais encore vous écouter, comme je le fais en ce moment, et que j'aimerais encore vous voir créer, car c'est de cela qu'il est question, alors que je n'ai pas de ces galettes réfléchissantes avec votre nom, où votre surnom tout du moins, marqué dessus.
Je n'ai pas de ces galettes et pourtant je vous entends, et c'est votre voix que j'aime, si belle soyez-vous je n'ai que faire de vos photos sur ces boîtes et ces livrets, qui tuent mes arbres, salissent ma nature, et payent ces camions qui les baladent.
C'est à vous que je dois un peu de bonheur et c'est à vous que je le paye, vous laissant juge d'en répartir, aussi symbolique soit la somme, les parts parmi les méritants de vos partenaires.
J'aime à croire que ce monde change et que vous comprenez que vous pouvez m'aider à supprimer le superflu, à faire que les créateurs gagnent leur liberté, quels qu'ils soient, et que chacun puisse aimer à sa manière.
Le monde change, et la route est longue pour donner à chacun le goût