que j'espère. Je ne sais pas trop ce que je voulais avec Pénoplée. C'est vrai que je me préoccupais plus de tenter de comprendre ce qu'il se passait, d'apprendre cette langue, cette nouvelle vie. Je ne sais même pas si j'ai envie d'aller de l'avant, de découvrir ce qui se trame, d'où je viens, où est la Terre...
Je ne comprends pas... Pourtant... Je ne crois pas que j'étais amoureux d'elle, pourquoi est-ce que j'ai mal, pourquoi tout s'embrouille ? Pénoplée, Deborah... Je crois que j'aime Deborah, pourtant... Pourant je la connais si peu... Tout ce temps passé avec Pénoplée, je sais tant de choses de sa vie... Et je ne reverrai sans doute jamais Deborah...
Deux trente-sixièmes et 4 sixièmes, c'est le temps réglementaire de mes déprimes. Deux heures, là-bas...
Oh et puis mince ! Je vais pas me laisser embêter par ces sentiments stupides, je vais me tirer de cette planète pourrie et je vais aller péter la gueule à tous ces zonards qui m'ont envoyé dans ce pétrin !
Je me relève bien décidé à ne pas me laisser abattre et je rejoins Erik, Guerd et Naoma au bord de la plage. Les choses ne sont pas simples non plus pour le pauvre Erik. Depuis le retour de Naoma il tente de s'éloigner un peu de Guerd pour passer plus de temps avec elle ; mais Guerd le sent et ne veut pas lâcher son Beau. Je crois qu'Erik avait dit à Guerd que c'était terminé entre eux, mais la chair est faible et la belle Guerd sait faire tourner quand il faut la tête d'Erik. J'oublie un peu mes propres problèmes en le voyant tant bien que mal tenter de séduire Naoma tout en tenant Guerd à distance. Ah décidément, c'est chose rassurante que ce soit les affaires de coeur qui nous le ternissent un peu. Et à croire que tout n'est pas si voué au hasard qu'on le pense, car je sens que Naoma laisse transparaître quelques signes qui pourraient indiquer qu'elle n'est pas totalement imperméable aux avances d'Erik... Bref je passe une soirée tranquille entre leurs chamailleries et où chacun raconte les diverses bêtises qu'il a pu faire étant jeune...
Jour 155
Cent cinquante-cinquième jour, 12 trente-sixièmes, je n'ai pas revu Pénoplée depuis notre brève rencontre sur la place du village,
mais je n'en peux plus, je n'en peux plus de rester comme ça. Je dois la voir. J'aimerais lui écrire, une lettre, un poème, mais je ne peux pas, je n'ai ni papier ni crayon et je ne sais même pas écrire cette maudite langue...
C'est elle qui me contactera, finalment, un peu plus tard dans la journée, pour prendre des nouvelles. À croire que notre temps de résistance est voisin. Mais je ne joue pas à l'insensible, je lui dis qu'elle me manque, que j'ai des sentiments pour elle et que j'ai envie de la voir. Elle n'est pas au village mais revient le lendemain, nous convenons d'un rendez-vous. J'irai chez elle.
Jour 156
25 trente-sixième, le soir tombe, mon coeur bat la chamade, je me dirige vers la maison de Pénoplée.
26 trente-sixième, nous terminons un repas d'apparat ou chacun n'a fait que prendre ses distances. Je la prends finalement par la main, un moment ou, insouciante, elle ne l'a pas rendue inaccessible comme tout le reste du repas. Elle l'a retire :
- Ah quoi bon François ? À quoi bon ? De toute façon tu vas partir, je sais très bien que tu vas partir. Et je ne suis plus prête pour ça.
Je me radosse au dossier de ma chaise.
- Pourtant je crois que je t'aime Pénoplée. C'est un peu tout mélangé dans ma tête, avec toutes ces questions, avec tout qui s'entremêle... Mais je suis bien quand tu es près de moi.
- Mais ça ne nous mènera à rien, tu le sais bien, tu sais bien que nous n'aurons jamais les mêmes envies, jamais les mêmes ambitions... Tu ne le vois pas mais je suis vieille, François. Je suis vieille et fatiguée. J'ai bientôt 890 ans (plus de mille quatre cent ans). Te rends-tu compte du nombre de désillusions que j'ai eues ? Te rends-tu compte du nombre de rêves brisés ? Du nombre de fois où mon coeur a souffert ? Non François, mon coeur est froid désormais, et je veux qu'il le reste, je ne veux plus de ces souffrances, je veux juste voir le jour se lever chaque matin et se coucher chaque soir, jusqu'à