l'atteindre en trois ou quatre jours de marche. Maintenant qu'il fait nuit, c'est peut-être jouable.
- Oui, je vais y aller, on ne peut pas l'abandonner comme...
Je regarde en aval du fleuve, pensif.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Énavila se tourne pour regarder elle aussi.
- Il y a une lueur ? demande-t-elle.
- On dirait oui, le soleil s'est couché plus à droite, le bracelet confirme une luminosité supérieure.
- Un feu, peut-être.
- Peut-être, ça n'a pas l'aire très loin.
Nous avons très faim tous les deux, mais nous sommes trop curieux pour ne pas aller de l'avant. Nous n'avons guère de vue car une sorte de barrière rocheuse nous masque le lointain. Le fleuve s'engouffre dans une brèche, le courant y est d'ailleurs beaucoup plus conséquent, et nous devons nous accrocher fort pour ne pas être renversés. Notre radeau en souffre, et je rattrape à la dernière seconde une des barres qui servait à le consolidait et qui s'était détacher. Le passage rapide est assez cours, mais pas vraiment dangereux, il nous a juste surpris. Le passage étroit débouche sur un immense lac dont nous voyons à peine l'autre côté dans le soir tombant. Toutefois, l'origine de la lueur ne fait plus de doute, il y un village de l'autre côté du lac !
- Un village ! Incroyable !
- Il a l'air sacrément fortifié, nous ne devons pas être les seuls à craindre les grillés.
Les lumières nous révèle la forme de ce village au bord du lac, petite forteresse semble avoir ses fortifications qui vont sur le lac même, protégeant un port à l'intérieur. Sans doute les grillés viennent-ils parfois du lac même. Peut-être y a-t-il même des poissons grillés ? Des requins grillés ? Bouh cette idée me fait froid dans le
dos.
- Des bateaux ! Ils sortent du port !
- Mince, tu crois qu'ils nous ont vus ?
- Je ne pense pas, mais le jour est tombé, ils sortent peut-être pour pêcher.
- Il faudrait qu'on se rapproche de la rive, si on se retrouve au milieu du lac, ils vont nous voir.
- Oui, d'autant qu'il n'y a plus trop de courant.
Nous récupérons les deux barres pour ramer en direction du bord. Le lac est très grand, le village doit se trouver à plusieurs kilomètres, peut-être dix. Le lac en fait bien trois de large. Je me demande bien si l'inondation est arrivée jusque là. Sans doute pas, et puis la barrière rocheuse à dû stopper les flots. Par contre le niveau du lac avait dû beaucoup baisser.
Nous ramons presqu'une heure, mais une fois au bord, trop fatigués et affamés, nous décidons de manger avant d'aller plus loin, surtout que l'approche du village sera peut-être dangereuse.
- C'est trop risqué de faire un feu, je pense.
- Ça craint d'encore bouffer cru, marmonne Énavila, il ne fait pas encore super nuit mais ils le verront sans doute, surtout qu'on ne sait même pas à quoi ressemble les habitants.
- Peut-être qu'ils pourraient nous accueillir, on se méfie peut-être pour rien, si c'est des hommes, on devrait y trouver de quoi manger ?
- Oui c'est vrai, mais je n'ai pas la force de ramer plus. On ne perdra rien à prendre quand même un peu des forces et à nous reposer, une fois repérer, s'ils nous sont hostiles, nous ne pourront plus rester dans le coin.
- Tu as raison, bon je vais voir ce que je peux attraper.