que je n'ai pas tous les éléments pour juger... De toute façon il est à prévoir que ces montages alambiqués se cassent la figure un jour. Il faut toujours payer à un moment ou à un autre, et tous regretteront bien fort et amèrement tous les excès actuels...
Pour revenir au bracelet, il me semble évident qu'il faudrait que je m'en débarrasse. Dans l'hypothèse où ce que je crois est vrai, à savoir qu'il me permet de me sentir bien et que le fait de ne pas le porter me rend malade, c'est manifestement qu'il y a quelque chose de malin à l'intérieur, quelque chose ou quelqu'un qui veut m'en rendre dépendant. Voilà quelques jours que je le porte, et c'est vrai que je me sens bien, mais des remords commencent à me traîner dans la tête. Ah décidément je ne serai jamais bien, quand je n'ai pas le moral je me plains, et quand enfin je le retrouve je ne trouve pas cela normal... C'est vrai que d'un autre côté pourquoi se morfondre ? Après tout ce temps où j'ai mal dormi et où je me sentais mal, je me dis qu'un petit peu de repos n'est pas de trop.
Toute cette histoire est quand même bien dérangeante, et si je m'en rends compte et que je pense que ce bracelet agit sur mon moral ce serait stupide voire dangereux de le garder, ce n'est pas sain. J'aimerais le descendre à la cave, de là-bas il ne devrait pas me poser de problème, voire m'en débarrasser, mais j'ai un peu de remords. Je devrais sûrement le mener à un laboratoire ou à je ne sais pas quel centre mais je n'ai pas vraiment d'idée, la police simplement peut-être... Sans parler que j'ai un sérieux doute sur le fait que l'on me croie, d'autant plus que me connaissant ce n'est peut-être que moi qui me fais des idées sur ce truc, et que cette nana m'a fait tourner la tête, ce qui est sûrement plus dangereux qu'un petit bout de métal inerte. Cela dit il m'arrive quand même des histoires étranges avec ce bracelet, par exemple l'autre jour un homme m'arrête dans la rue, une personne tout à fait anodine, du type bourgeois timide, dirais-je. Il me stoppe malgré tout et me prend par le bras où je porte le bracelet, et me dit plus ou moins :
- Pardon Monsieur, excusez-moi, puis-je jeter un coup d'oeil à votre bracelet ?
Je l'ai laissé faire. Il l'a simplement touché quelques secondes, puis a ajouté :
- Vous ne devriez pas porter ça. Ça peut vous causer de sérieux ennuis.
Et il est parti d'un pas pressé. Sur le moment je suis resté bête, le prenant pour un fou, ne comprenant pas... Je me suis dit après coup, trop tard, que j'aurais dû le suivre, qu'il en savait peut-être plus, et aurait pu m'aiguiller sur l'origine de cette énigme, sur cette fille. Mais ma présence d'esprit est toujours aussi limitée.
Samedi 26 octobre 2002
Je crois que je me suis fait avoir ; j'ai tenté de le descendre à la cave, mais avant même d'être remonté dans mon appartement, j'ai dû redescendre pour le chercher. Je ne me sens pas bien dès que je ne l'ai plus, où que je sois. Le garder m'a rendu dépendant de lui, je ne peux plus enlever ce foutu bracelet. Bordel ! Je ne sais pas trop où j'en suis... J'ai du mal à décrire le sentiment que je ressens quand je ne le porte pas, c'est difficile à exprimer. C'est comme une drogue, j'imagine. Je n'ai jamais vraiment été accro, peut-être amoureux, tout au plus, mais l'effet ne doit pas être très difficile à imaginer. J'ai eu cependant une forme de dépendance au chocolat quand j'étais gamin, j'avais à l'époque un manque de magnésium et je mangeais plus d'une tablette par jour ; je ne savais bien sûr pas trop pourquoi, je pensais que c'était simplement parce que j'aimais ça. J'aimais le chocolat, bien sûr, mais il se trouva alors que je fis à ce moment là une cure de magnésium en capsules, et l'envie d'en manger me passa net. Dans le cas présent c'est un peu la même chose, mais à l'époque je n'étais pas mal à ce point. Quand je l'ai descendu à la cave, la courte remontée à mon étage a été un véritable calvaire. Dans les quelques minutes, secondes peut-être, pendant lesquelles je ne l'avais pas, mon esprit était complètement focalisé dessus. Je me disais que je devrais le remettre, que ce n'était pas grave, qu'après tout si j'étais bien avec c'était stupide de ne pas le garder... J'ai cédé et j'ai fait demi-tour pour aller le rechercher. Nous sommes samedi aujourd'hui, j'ai bossé hier. Rien de spécial, c'est ce matin que je me suis dit qu'il fallait absolument que je m'en débarrasse... Je ne sais pas quoi faire, je ne peux pas le garder, ce n'est pas sain. Mais c'est vraiment terrible, j'ai presque des remords rien qu'à penser au fait de le retirer. Je ne comprends pas, comment est-ce possible ? Pourrait-il me donner des envies ?