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passe et doucement elle se présente à moi. Elle dirige, et décide, s'ouvre à moi et aide mon sexe à la pénétrer. Je me cambre et laisse échapper un soupir de bonheur. Elle se penche vers moi, et tout s'enchaîne. Le rythme doux et calme des premiers va-et-vient pour préparer, pour ne pas blesser, pour que plus insouciants nous puissions, par la suite, alterner force et douceur, rapidité et lenteur. Me voilà bien frêle après tout ce temps seul, et un peu de contrôle vient ternir ces moments. Contrôle mesuré et chaque instant de doute est l'opportunité de quelques retournements, pour que tour à tour nos corps s'imbriquent en un sens ou l'autre, allongé ou à genoux, dominant ou dominé. Un peu de force, parfois, un peu de lutte, quand l'un veut décider plus que l'autre. Des murmures, toujours, pour décrire à l'autre, pour lui dire, ce que l'on veut, ce que l'on aime, ce que l'on ressent. Et finalement, la perte de contrôle, l'abandon, quand, agrippée à mon dos, accélérant mon mouvement en tenant mes fesses, elle laisse échapper son plaisir, et que je fais de même, en lui murmurant ma jouissance à l'oreille.

Un peu de temps, ensemble, mais si peu, pour que ce protocole, toujours, soit suivi.

- Je ne voulais surtout pas réveiller papa, mais cela méritait bien quelques cris, peut-être auras-tu compensation un peu plus tard, si tu es sage...

Je souris, et retire sur nous les draps, avant de la reprendre dans mes bras. Nos corps transpirants se ressaisissent, et nos chaleurs s'échangent, alors que nos coeurs ralentissent. Quelques minutes, à profiter de l'autre. Puis l'intimité d'une discussion de l'après. Elle me parle doucement :

- Tu penses vraiment ce que tu m'as dit tout à l'heure ?

- Est-ce que tu ne le penses pas toi-même ?

Elle soupire, me fait un baiser.

- Si, un peu, je crois, mais que devrais-je faire ?

- Je ne sais pas ce que tu devrais faire, et de plus je n'ai pas vraiment à te donner de leçon, et rien que le fait que j'aie cédé ce

soir prouve que je suis moi aussi faible.

Elle remonte et m'embrasse sur la joue :

- Oh non, ne dis pas ça, je ne veux pas que tu regrettes. Je suis bien, là, et tu l'as fait pour moi, et c'est très gentil. Je suis flattée.

- C'est au contraire pour toi que je ne voulais pas le faire, pour te montrer que tu as tort de vivre ainsi, et en cédant c'est pour moi que je l'ai fait, pour mon propre plaisir.

- Tu l'as fait un peu pour tous les deux alors.

- Tu sais, je crois que dans la vie il ne faut pas vraiment faire les choses pour soi, parce qu'on le regrette toujours. Il faut les faire pour les autres, car si on est fort, c'est à nous de subir les difficultés à leur place. Et je crois que lorsqu'on est fort, le plus dur c'est les regrets. Si tu penses qu'un jour tu regretteras ce que tu fais maintenant, il ne faut pas le faire, parce qu'on ne se rattrape jamais vraiment.

- Tu ne regrettes jamais rien, toi ?

- Oh si ! Mais entre penser une chose et la faire, il y a toujours un peu comme une grande barrière. Et c'est à ceux qui la franchissent qu'on reconnaît les grands hommes, je pense.

- Tu ne penses pas que tu pourras la franchir ?

- Eh bien, je ne sais pas. Avec mon travail dans Linux, les logiciels libres, cette philosophie, je pensais faire des choses pas trop mauvaises. Mais maintenant, ici, je ne sais plus trop ce que vais pouvoir faire, si je vais pouvoir retourner comme avant, si je vais pouvoir retrouver mon ancienne vie... Je ne sais plus trop si j'ai un avenir, maintenant...

- Tu penses qu'ils ne te laisseront jamais ?

- J'en sais rien. Je ne sais toujours pas pourquoi ils m'en veulent vraiment. Mais s'ils emploient des hélicoptères de combats pour faire le ménage, c'est que ce n'est pas une petite affaire, et