poussent pas, il va les arrêter tous les deux.
Je suis très étonné par la situation et j'avoue que je suis curieux de savoir qui sont ces amis providentiels. Je suis tellement surpris que je n'ai même pas profité de la confusion des trois agents de la CIA pour tenter de leur fausser compagnie. L'un des deux hommes s'approche de celui qui a sorti sa plaque, la lui prend et l'attrape par le col. Il lui parle alors à voix basse dans l'oreille, sans que je n'entende rien. Ses deux camarades ne savent pas quoi faire. Quand l'un d'eux tente finalement de venir en aide à son copain, l'autre homme lui barre la route et l'attrape par le bras. L'agent se plie alors sous la douleur et le supplie de le lâcher. Il s'exécute puis s'approche de moi et dit quelques mots à l'oreille de l'homme qui me tient. Je ne comprends pas ce qu'il dit mais j'ai presque la certitude que ce n'est pas de l'anglais et que c'est la même langue que parlent toutes les personnes de l'organisation que j'ai rencontrées. Pendant ce temps, l'autre homme termine de parler au premier agent de la CIA. Celui-ci acquiesce et fait signe à ses deux collègues de laisser tomber et de le suivre. Sur ce, les deux hommes m'invitent à retourner me préparer pour mon vol. L'embarquement a commencé. Je les remercie, ne sachant pas trop quoi dire de plus, et me dirige vers ma zone d'embarquement. Une dizaine de minutes plus tard je suis à ma place dans l'avion. Le vol doit durer plus de quatorze heures. Étant parti de Los Angeles un peu après 22 heures 30, je n'arriverai que le surlendemain matin vers 6 heures 30. D'ici là, je reprends ma pierre dans la main, et je m'endors de nouveau.
Il fait beau, je suis assis contre la voiture de Juan, Je suis seul, je ne peux pas bouger, pourtant il faut que je parte, il ne faut pas que je reste là, il va revenir et il va me tuer. Il faut que je parvienne à me déplacer, mais mes membres pèsent des tonnes, mon épaule me fait souffrir, je ne peux rien faire, à peine tourner la tête. Je m'endors et je rêve, je rêve que je suis rentré en France, je rêve que je suis un enfant, je rêve que toute ma vie jusqu'alors n'a été qu'un rêve d'enfant. Mais je suis réveillé en sursaut ! Non ! C'est lui ! Lui avec son visage défiguré ! Il est mort mais il veut me prendre, il veut m'emmener, me punir de l'avoir tué ! L'arme de Juan, elle est toujours là, mais je ne peux la saisir, je n'ai plus de doigts ! Mais mains sont deux moignons, je n'ai plus de doigts ! Il me prend par le col, me traîne. Je veux le mordre, mais je n'ai plus de
dent non plus, je ne peux même pas crier. J'arrive finalement à me lever, je pars en courant, je vois la vieille femme au loin, elle peut m'aider. Mais je ne parviens pas à courir, c'est tellement dur, je suis obligé de faire des efforts immenses pour me déplacer. Lui me suis toujours, je sens ses doigts qui me frôlent, il faut que j'accélère ! Non ! Je ne vois plus la vieille femme, ma vision se trouble, je ne sais plus dans qu'elle direction je dois aller ! Je l'aperçois, enfin, mais il y a des hommes qui me barrent la route. C'est Juan, Juan, Jamon, les autres, ils sont tous là, ils sont tous défigurés, ils veulent me prendre, il veulent m'emmener avec eux, car je ne suis pas mort, car ils sont morts par ma faute, car j'étais la seule personne qui devait mourir... Je suis bloqué, entouré, je regrette, je regrette tellement de les avoir tués, qu'ai-je fait !
Je me réveille en sursaut avec une très forte douleur à l'épaule, en sueur. Ma pierre m'a glissé des mains, je la récupère avec satisfaction. Je suis complètement courbaturé, nous sommes le petit matin, j'ai malheureusement manqué le repas du soir, l'hotesse passe pour les petits-déjeuners. J'ai très faim et je parviens à négocier un deuxième plateau repas auprès de l'hôtesse. J'ai beaucoup transpiré en dormant, j'ai toujours mon poncho et je commence à avoir vraiment chaud. Mais je ne peux pas me permettre de l'enlever, ma chemise tachée de sang ferait désordre. Je mange avidement et tente d'oublire mon rêve en me distrayant avec le film en train de passer. Ah mes montagnes, il me semble que je suis parti il y a une éternité...
J'ai dormi plus de dix heures. Je me sens beaucoup mieux, même si je dois sentir très mauvais. Je n'ai pas pris de douche depuis ma nuit dans l'hôtel de Monterrey, et je dois empester. Je profite d'être dans l'avion pour aller aux toilettes et me rincer un peu à l'eau. Je m'asperge le visage, mais, même si l'espace d'un instant j'ai envie de retirer mes vêtements pour me frotter un peu, je me ravise en réalisant qu'il y a de toute évidence une caméra qui surveille l'intérieur des toilettes. Je retourne à ma place et je tente de mettre un peu d'ordre dans mes idées. Tout d'abord qui étaient ces hommes qui m'ont porté secours à Los Angeles ? Les trois hommes prétendument de la CIA devaient sans aucun doute être des personnes de l'organisation, mais les deux autres ? D'après Juan les opposants à