- Mais ne prends pas ça bien, il faudrait quand même que tu sois dans le vide pour avoir un minimum d'intérêt.
- Pourquoi tu ne m'aimes pas ?
- J'en sais rien, c'est dans mes gènes. Tu dois avoir un capital génétique tellement merdique que tout mon corps te repousse.
Je me tourne vers Sarah alors que nous commençons à avancer en amont du torrent.
- Mouais.
Elle se lève et nous rejoint sans conviction. Nous avançons difficilement le long de la pente escarpée et très dense en lierres et buissons sur laquelle s'écoule le petit torrent. Sans vraiment faire attention, on aurait presque l'impression de se trouver dans une forêt de la Terre, par un bel automne.
- On pourrait aussi tenter de récupérer l'eau de pluie.
- Respire !
Énavila me fait sourire. Elle sourit elle aussi.
Il y a plusieurs types d'insectes sur le sol. Ils ne sont pas très différents des nôtres. Ils sont assez petits, mais ressemblent un peu à des fourmis. Il n'y a pas vraiment de feuilles mortes, par contre, je pense que ces arbres ne doivent pas perdre leur sorte de fils orangers qui doivent faire la photosynthèse. Il y a beaucoup d'arbres morts, par contre, ainsi que des sortes de buisson ou de lierre. Pourtant étrangement le sous-bois n'est pas si encombré, ce qui est étrange pour une forêt sans doute non entretenue. La réflexion d'Énavila confirme mes pensées :
- C'est trop clean pour être naturel, c'est sûr qu'on ne sait pas vraiment ce que naturel veut dire sur cette planète, mais il y a quand même beaucoup d'arbres morts ou cassés ; il y a aussi pas mal de buisson ou de lierre piétiner. À mon avis cette forêt est parcourue par des grosses bestioles.
- Je trouvais aussi que le sous-bois était trop propre pour être
non fréquenté.
Sarah reprend finalement la conversation :
- Pourtant la montée du torrent était beaucoup plus dense. Et on dirait que certaines plantes sont broutées. Regardez, c'est un peu comme si c'était mâché.
Sarah nous montre les pousses d'un jeune arbres. Effectivement le bout est comme machouillé. Ça me fout un peu les jetons :
- C'est peut-être pas très sûr de nous éloigner comme ça du vaisseau, il nous faudrait peut-être trouver de quoi nous défendre un minimum.
Énavila est plus téméraire :
- Pour l'instant on a vu que des fourmis et des sortes d'oiseaux. Et puis ces bestioles on plutôt l'air herbivores si elles bouffent des plantes.
Sarah n'est pas plus rassurée :
- Je suis assez d'accord avec Ylraw, on devrait peut-être retourner au vaisseau.
- Et bien allez-y, je vous raconterai !
Je relativise :
- Pour l'instant on n'est quand même pas très loin du vaisseau, et on a les bracelets, on peut avancer encore un peu.
La pente devient plus douce ou plus raide suivant les moments. Nous avançons encore une vingtaine de minutes avant d'arriver en vue d'une sorte de clairière. Nous n'avons toujours aucun point de vue, les arbres masquent trop notre champ de vision. Nous devinons parfois les pentes de l'autre versant de la vallée, mais il semble lui aussi recouverts d'une épaisse forêt orangée.
- Ça sent pas génial.
Énavila a raison, une odeur très désagréable semble provenir de la clairière. Nous nous arrêtons un instant.