page 300 le patriarche 301

La pauvre, sa combinaison est complètement déchirées, il ne lui reste guère qu'un court short et de quoi lui faire avoir un minimum de pudeur.

- Tu ne veux vraiment pas venir dans mon tube, tu fais vraiment pitié.

- Je t'emmerde.

- Désolé, je ne voulais pas te blesser, dans ma langue cette expression n'est pas négative.

Sur ce elle me réponds en français.

- Je sais.

- Tu parles français ?

- Bien sûr...

- Tu veux ma combinaison, alors, la tienne est dans un sale état. Quoi que je n'ai pas vu la mienne.

- C'est pas mieux, tient, enfile là... Tu...

Elle me regarde un instant.

- Tu as beaucoup de cicatrices.

Sa voix ! C'est la première fois que j'entends un ton amical ! C'est magnifique.

- Oui ces sales bestioles m'ont bien amochées.

- Même avant, quand je t'ai mis dans le tube, tu en avais déjà beaucoup.

- Oui, tu sais ça fait plus d'un an que je cours dans tout l'univers, qu'on me tire dessus, que des bestioles m'attaquent, que je me fait frapper, attaquer, écraser au sol, sans que je sache pourquoi, alors ça marque... Encore plus psychologiquement que physiquement, d'ailleurs...

- Tu sais très bien pourquoi.

Elle reprends sont ton désagréable. Je réponds sans même vouloir

la contredire, je ne me réponds qu'à moi-même, de toute façon elle va encore m'envoyer paître.

- Non je ne le sais pas...

Nous restons silencieux un instant, j'enfile ma combinaison. Les bestioles sautent toujours contre le vaisseau. Deux jours qu'elles s'acharnent ! Il ne doit vraiment rien avoir à bouffer dans le coin... Je m'appuie contre la paroi du caisson, à l'opposé d'Énavila, comme pour en être le plus loin possible. Elle est vraiment belle. Elle me rappelle quelqu'un, mais qui, ça remonte à si longtemps.

- Tu peux arrêter de me regarder, s'il te plait ?

- Désolé. Tu me rappelles quelqu'un, tu es allé sur Terre avant de me donner le bracelet ?

Elle ne répond pas.

- Qu'est-ce que ça peut faire que tu me le dises ? De toute façon on est coincé sur cette foutu lune, qu'est-ce que tu veux que je fasse, que j'utilise un bracelet magique pour appeler le géant bleu et lui dire où tu es cachée ? Qu'au début tu te sois trompée, OK, mais maintenant, après tout ça, comment tu peux encore croire que je suis le dernier des salauds qui a détruit tous tes rêves et je ne sais pas quoi encore. Et puis si vraiment tu me haïssais, pourquoi m'as-tu sauvé, aujourd'hui, pourquoi tu ne m'a pas laissé me faire bouffer par ces saloperies de léopards à bec cramés ?

- J'aurais pu, et ne me le fait pas regretter. C'est moi qui déciderait quand je me vengerai de toi, moi seule.

- Pfff, foutaise de merde, t'es pitoyable dans ton entêtement, à quoi ça nous avance ?

- Et à quoi ça t'avance que je te raconte ma vie ?

- Ben, je sais pas, à briser un peu la glace, après si ça se trouve je pourrai te payer un verre.

Elle sourit.