Je refuse toujours, de lui donner. Je suis curieux de savoir ce qu'elle peut faire. Elle est décontenancée. Elle perd de son assurance. Elle hésite. Elle m'attaque mentalement, mon bracelet signale une tentative de la part de son bracelet, je choisis simplement ce qui me paraît être le mode de protection.
- Tu viens de m'attaquer, Pénoplée, alors que je ne t'ai rien fait.
- Tu n'as pas le droit d'avoir ce bracelet. C'est toi qui est en tort.
- Comment sais-tu que je n'ai pas le droit, comment le saurais-je, moi ? Puisqu'il m'a été offert à mon arrivée ?
Je m'approche d'un pas. Mon bracelet m'informe qu'elle tente de savoir ce que je pense. Mais je reste calme, essayant de penser à toute autre chose pour troubler son détecteur. Elle recule, elle a peur, mon bracelet me l'indique. Étonnant, pour une fille qui a tout vu. J'avance d'un autre pas. Elle recule encore un peu, mais elle est bloquée entre le tube et la paroi. Elle est prise au piège, si elle veut s'enfuir il lui faudra me bousculer. Elle a de plus en plus peur. Je ne voudrais pas la pousser à bout et la faire réagir trop violemment, mais cette situation m'amuse quand même.
- Je te le donne à condition que tu m'embrasses.
Elle reste silencieuse, m'observant bizarrement. Je reste devant elle, immobile. Elle a toujours peur. Elle perd son visage impassible, son regard devient plus inquiet, plus humain.
- Et qu'est ce qui me prouve que tu vas me le donner ?
- Est-ce que j'ai menti, en te le disant ?
- Non... Je...
- Ça ne te suffit pas ?
- Je ne sais pas. Je...
Elle s'approche de moi, sa peur a diminué. Elle s'apprête à m'embrasser. Quand elle n'est plus qu'à quelques centimètres de ma
bouche, je m'éloigne, retire mon bracelet et lui le tends. J'ai cassé la coquille de l'inébranlable Pénoplée, elle perd un peu de sa superbe, mais gagne beaucoup en humanité.
- Je t'aurais cru plus téméraire, Pénoplée. De la d'où je viens dans ce genre de situation un bon coup de genou dans les couilles et c'était réglé. Le bracelet te rend trouillarde.
Elle est décontenancée.
- Mais, comment as-tu fait ? Pourquoi je n'ai pas détecté ta colère, j'aurais eu la permission de te contrôler alors.
- Parce que je n'étais pas en colère.
Sa voix est encore un peu chancelante, tellement plus attendrissante, j'aurai peut-être dû la laisser m'embraser... J'en ai même un frisson...
- Mais... Tu... Tu voulais quoi ?
- J'étais curieux, simplement, curieux de savoir ce que tu ferais.
- C'était juste pour me tester ?
- Oui, mais j'ai vu que tu avais peur. Ça m'a étonné, intrigué, alors je suis allé un peu plus loin. Tu parais tellement insensible, d'habitude...
Elle reste pensive un instant, jouant avec mon bracelet. Elle me regarde dans les yeux :
- Tu as raison. Je n'aurais jamais réagi de cette façon par le passé. Je ne sais pas pourquoi, mais tu m'as paralysée, mon bracelet ne me donnait rien, je ne savais pas quoi faire. Peut-être suis-je trop dépendante de lui, oui...
- Toutefois ce n'est pas vraiment un problème car je n'avais effectivement aucune animosité à ton égard, donc tu ne craignais bien rien. Je t'ai juste fait croire que tu craignais quelque chose, et peut-être qu'au contraire si tu avais vraiment écouté ton bracelet, tu aurais vu qu'il n'y avait pas de problème.