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relever. Mais j'imagine que mon coup de tête l'a plus surpris que blessé. Il ne saigne même pas et se relance sur moi pour de nouveau frapper avec son poing dans mon ventre. Il a l'air plus énervé et je suis projeté cette fois-ci contre un tas de pierres écroulées au sol. Ce qui ne manque pas de blesser en de nombreux endroits dans le dos.

Arrr ! Mais tu ne crois pas mon gars que tu vas m'achever aussi facilement. J'ai repris un peu mes esprits, et je lui parle en anglais.

- J'ai rien senti, bâtard !

Il commence à vraiment s'énerver. Il me prend et me soulève au-dessus de lui. Il me tient par la gorge et les testicules, ce qui je pense complète désormais harmonieusement l'ensemble des douleurs possibles simultanément. Il ne devait en effet me manquer que celles-ci. Il fait quelques pas et me lance contre le capot de la voiture. Je roule dessus et m'écroule devant le pare-choc avant. Mais les conditions changent. Je suis désormais moi aussi très énervé. Et je parviens à me relever avant même qu'il n'arrive de nouveau sur moi.

- Même pas cap de le refaire, tafiole !

Je suis appuyé les coudes contre le capot, pour me tenir debout et me reposer un peu. Quand il arrive à ma portée, je me redresse et je lui administre un coup de coude dans le ventre de toutes mes forces. Il recule un petit peu, mais beaucoup moins que je ne l'aurais cru après mon coup. Il est beaucoup plus fort que je ne l'imaginais. Il me lance un crochet du gauche pour m'écraser contre le capot, mais je l'évite, lui attrape le bras au passage, le tire, et en sautant sur son dos en me roulant sur lui, il s'aplatit lui-même la tête contre le métal.

- Tiens ! Prends ça ! Eh ! Tu te ramollis ?

Je crois qu'il est dorénavant complètement furieux. Il se retourne subitement, m'attrape et me projette tel un vulgaire chiffon sur les restes du pare-brise de la voiture que je traverse pour me retrouver sur les corps de Cristina et Javier. Je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle qu'il fait le tour du capot et plonge ses grands bras à l'intérieur pour me récupérer et me lancer une nouvelle fois

contre le mur. Je me demande pourquoi je suis encore en vie après tout ces chocs, pourquoi je n'ai pas encore tous les membres de mon corps brisés tellement il déploie de force. J'ai du mal à croire qu'une personne puisse être aussi forte. Comment peut-il me projeter avec autant de facilité ? Face à lui, il semble que je ne pèse que quelques kilos, voire quelques grammes. J'en viens à me demander si je ne suis pas mort et en train d'avoir les derniers rêves délirant de mon cerveau s'éteignant... Mais rêves ou pas je n'en perds pas courage pour autant, comme si pire la situation était, au mieux je la surmontais. J'ai la rage en moi autant que lui à présent, et j'ai toujours cette sensation de brûlure interne qui surpasse presque mes autres blessures, mais qui paradoxalement m'apporte comme de la force, comme du carburant pour continuer, pour résister.

- Arg... Déjà fait ça, projeté contre le mur ! Tu n'as plus d'idée ?

Après le choc, j'ai cette fois-ci réussi à me caler avec mes pieds pour me laisser glisser le long du mur et me retrouver assis au sol. Je crois que je n'ai pas la force de me relever, ou tout du moins pas le temps. Il s'approche pour de nouveau me prendre comme tout à l'heure, à savoir me soulever au-dessus de lui. Mais alors qu'il est en train de me monter en l'air, je lance mes bras, toujours attachés avec les menottes, vers son visage, je fais passer la chaîne sous son cou, et, en attrapant son col et en me projetant en arrière, je parviens à le prendre en étranglement avec la chaîne. Je tiens moi aussi la chaîne avec mes mains pour pouvoir tirer plus, et surtout pour ne pas avoir trop mal aux poignets. Mon épaule me fait extrêmement mal, mais je tiens bon. Il est toujours debout et n'a que faiblement vacillé en arrière. Je ne touche pas le sol, les bras repliés à tirer de toutes mes forces pour l'étrangler. Il se débat et se secoue de droite à gauche avec force pour me faire lâcher prise. Mais je m'accroche et resserre encore mon emprise. Il commence alors à donner de violents coups de coude qui me font décoller de plusieurs centimètres de son dos à chaque fois. Mais je tiens encore. Il se projette en arrière contre le mur en ruine, et je suis écrasé par son poids contre la paroi. Mais comment fait-il pour tenir alors que je l'étrangle avec autant de force ? Cela fait plusieurs dizaines de secondes que je suis accroché ainsi. J'ai du mal à comprendre comment il résiste.