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Je me réveille de nouveau dans un lit, mais non attaché et avec beaucoup de lumière cette fois-ci. Une infirmière me tend un gâteau rond américain, je ne me rappelle plus leur nom, donut ou muffin, certainement. Et, ce n'est presque plus une surprise, elle s'adresse à moi en anglais. Pour que l'histoire soit plus claire je vais transcrire le tout en français de façon à ne pas tout compliquer. D'autre part ne comprenant pas exactement tous les mots ou les tournures mon récit ne représentera que ce que je pense qu'elle a dit, mais je pourrais difficilement faire autrement. Et quoi qu'il en soit ce qui compte c'est ce que je comprends, pas tellement la vérité, qui m'échappe de toute façon. Je ferai de même dans la suite du récit.

- Tenez, mangez ça, cela fait combien de temps que vous travaillez ici sans avoir mangé, John ?

John ? Je suis interloqué dans un premier temps, mais j'apprécie dans un deuxième temps qu'il n'y ait pas de photo sur le badge. Me trouvais-je réellement dans le Pentagone ? Je tente de prendre mon plus bel accent américain possible, parlant lentement pour laisser supposer une grande fatigue, mais en profitant pour faire des phrases les plus correctes possibles en anglais.

- Merci, hum, depuis deux jours, je travaille sur un dossier très important, et je n'ai terminé que cette après-midi.

- Vous avez perdu le sens du temps, John, il est 9 heures 30 du matin.

À peine étonné, surtout honteux de n'avoir prévu le décalage horaire, je suis par contre maintenant persuadé de ne plus être en France. 9 heures 30 et ma montre donnant 16 heures 30, je peux être aux USA, ou au Canada. L'hypothèse du Pentagone reste crédible.

- Ha oui euh ma montre doit avoir un problème.

- Vous savez que ce n'est pas bon du tout de faire une crise hypoglycémique. On vous a trouvé inconscient dans l'ascenseur. Mangez donc ces deux donuts, reposez-vous une demi-heure, et rentrez chez vous prendre un bon déjeuner et dormir un peu.

L'infirmière sort de la pièce. Quant à dormir elle n'a pas à s'en faire j'ai eu bien plus que ma dose, par contre le petit-déjeuner je ne dis pas non. J'avale les deux donuts avec tranquillité, concluant que si je suis à l'infirmerie c'est que mes poursuivants ne le savent sans doute pas. Maintenant reste à savoir s'il n'y a que l'infirmière qui n'est pas au courant, ou si je peux sortir d'ici sans trop de problèmes. Une chance qu'elle ne m'ait pas trouvé suspect au point d'en référer à la sécurité. Je vais laisser s'écouler un peu de temps pour que tout se calme dehors. J'attends une vingtaine de minutes et en profite pour me reprendre un peu. Je bois pendant ce temps à petites gorgées, pour ne pas prendre mal au ventre, le verre d'un demi-litre de jus d'orange qu'elle m'a laissé. Avec des quantités aussi grandes pas de doute je suis bien aux US ! Encore une minute et je me décide, prends mon sac et y introduis deux autres gâteaux qui traînent, et je sors discrètement de la pièce. L'infirmière est dans la pièce voisine, je la remercie beaucoup façon US en tentant d'être le plus naturel possible, et je sors l'air de rien. Je suis dans un couloir et j'essaie de deviner le plus court chemin pour partir d'ici. Après un tour ou deux je trouve une sorte d'entrée. Il me faut utiliser le badge pour passer les tourniquets en direction de l'extérieur, tout marche parfaitement, j'ai de la chance.

Et j'ai bien la confirmation que je viens de sortir du Pentagone ! Ce qui tendrait à prouver que les personnes qui me veulent des noises sont des officiels US. Ce n'est pas du meilleur augure et rend le tout encore plus incompréhensible. Désormais il me faut réfléchir un peu et mettre de l'ordre dans tout ce qui est arrivé pour tenter d'y voir plus clair et décider que faire. Première étape, trouver un fast-food et tâter du hamburger. Je marche un peu, traverse les immenses parkings qui entourent le Pentagone. Quelques minutes me suffisent pour trouver un petit restaurant. Je m'installe et commande un breakfast digne de ce nom. En attendant le service je regarde d'un