- Non personne depuis des millénaires. Nous devons d'ailleurs être extrêmement prudents, il semblerait qu'une bonne partie de la station ait des problèmes de pressurisation. Nous nous trouvons dans une salle protégée, mais il ne faudra pas longtemps avant que la station tout entière devienne complètement inhabitable.
- Les autres sont arrivés ?
- Vous faites parties des dernières personnes devant participer, deux autres vaisseaux sont en cours d'accostage. La plupart d'entre-nous sont déjà ici depuis trois ou quatre sixièmes.
Nous marchons doucement dans les couloirs, faisant attention de ne pas faire de faux mouvements qui nous déséquilibre. Je manque de tomber plusieurs fois, mais Yamwreq et les autres ne sont pas beaucoup plus doué, ce qui me rassure.
- Combien de temps allons-nous rester ?
Je marche aux côtés de Yamwreq, Sarah ouvre la marche et Énavila et ses transporteurs nous suivent. La technique la plus efficace pour avancer, montrée par Sarah, semble de se déplacer par petits bonds plus que par des pas.
- Nous resterons sans doute moins d'une demi-journée, nous n'avons de toute façon que très peu de vivres, la station n'en comportant pas, et nous n'avons apporter que du yomrwrel.
Le yomrwrel est une sorte de boisson sucré, un peu gélatineuse, qui est très rafraîchissante mais aussi suffisamment énergétique ; une sorte de super boisson contenant tous les nutriments et oligo-éléments indispensables. Nous empruntons un ascenseur vieillot, digne de l'an 2050, puis nous marchons encore cinq bonnes minutes dans les couloirs gris foncés éclairés par des lumières beaucoup trop fortes. J'avais oublié l'impression d'être ébloui, généralement dans la Congrégation il y a toujours un artificiel bienveillant dans le coin pour atténuer la lumière ou nous faire un peu d'ombre. Finalement nous entendons les autres membres du Congrès parler un peu avant de rentrer dans une grande pièce dont le sommet est constitué d'un immense dôme transparent où l'anneau diamétralement opposé de la station traverse le ciel noir au milieu des étoiles défilant rapidement, témoignant de
la rotation de la station pour créer une gravité artificielle.
Celle-ci est beaucoup plus petite que celle nous ayant accueilli lors de notre arrivée, minuscule même. Toutefois s'imaginer dans une monstre de métal de plusieurs millions ou milliards de tonnes à plus de neuf millions de kilomètres de la planète la plus proche reste encore pour moi une expérience fantastique.
La disposition de la salle ressemble étrangement à une miniature du Congrès, des gradins ovales entourant une place centrale. Nous ne sommes qu'une petite centaine et la salle est comble. Je me trouve sur le gradin tout en bas. Le centre ne doit pas faire plus de quatre mètre de large. Énavila est assise en face de moi, entourée par deux personnes parmi les plus grandes et imposantes du Congrès, sans doute pour la maîtriser si elle décide de s'enfuir. Nous devons revenir au bonne vieille méthodes dans cette antre à l'abri des artificiels.
Goriodon, que je n'avais pas encore vu, entre dans la salle en sautillant, suivi par Symestonon. Ils se placent au centre et demandent le silence. Sarah les rejoint et se place légèrement en retrait par rapport à eux. Le brouhaha diminue et les membres du Congrès s'asseyent progressivement dans la pièce. Symestonon se dirige d'un bond vers Énavila est lui place un bracelet autour du bras. Goriodon, habillé comme tous en combinaison, commente :
- Symestonon place un inhibiteur de mouvements à Énavila. Ce n'est pas un bracelet et il n'y a aucun risque de fuite. Nous allons aussi nous en servir pour la réveiller.
Quelques secondes plus tard Énavila cligne des yeux, et l'étonnement autant que la rage s'entrevoient dans son regard quand elle comprend où elle est et son incapacité à bouger. Goriodon poursuit.
- Pour plus de sécurité, cette station est isolée électromagnétiquement. Cela nous permet d'éviter toute tentative des artificiels de biaiser nos débats.
- Et si quelque chose de grave arrive à l'extérieur, dans la Congrégation ?