page 124 le patriarche 125

- Alors, vous êtes venus pour interroger le vieux monsieur ? Où en êtes-vous de l'enquête ?

Thomas se dit qu'il n'allait pas lui cacher plus longtemps la vérité.

- En fait l'enquête a été classée, je ne suis pas censé continuer à travailler dessus.

- Classée ? Mais vous avez trouvé le coupable ?

Thomas lui expliqua sommairement leurs suspicions sur Mathieu Tournalet, puis les pressions pour classer l'enquête, l'énervement de Stéphane, et l'assassinat de Mathieu Tournalet. Il ne lui dit rien sur sa conversation avec Stéphane dans la voiture. Ils s'étaient installés au salon, chacun dans un fauteuil se faisant face, se réchauffant les mains avec la tasse d'infusion. Carole s'était assise à genoux les jambes pliées sur le côté dans le vieux fauteuil en cuir marron, elle se brûla la langue avant de s'écrier :

- Mon Dieu ! Mais oui un ami m'a parlé de ce policier qui avait perdu la tête, c'est donc votre ami ? Vous pensez qu'il l'a réellement tué ?

Thomas voulait le croire, mais il ne le pouvait pas. Il ne pouvait pas s'en convaincre.

- Tout témoigne contre lui, mais pourtant j'ai du mal à croire qu'il ait pu faire ça.

- Parfois nous faisons des choses bien stupides sous l'emprise de la colère.

- Oui peut-être, mais, enfin... Je ne sais pas. Je ne croyais pas Stéphane capable de ça, mais c'est difficile de croire qui aurait pu monter le coup, le majordome peut-être, c'est la seule personne qui a peut-être à y gagner.

- Peut-être que ce Mathieu Tournalet avait des ennemis. Quand ils ont vu que Stéphane lui tournait autour, ils en ont profité pour monter cette mise en scène. Vous m'aviez dit que Mathieu Tournalet n'avait pas d'enfant, n'était pas marié, il faudra peut-être s'intéresser à qui hérite de ses biens. Le premier suspect d'une affaire est souvent celui à qui elle rapporte, non ?

- Oui, vous avez raison, ce sera sans doute un indice.

Décidemment Thomas ne se trouvait pas très perspicace, il aurait pu penser à cela lui-même ! Carole resta pensive un instant, regardant fixement sa tasse d'infusion, rêvant à un riche héritier se frottant les mains de la crédulité de la police.

- Mais que comptez-vous faire alors ?

La seule chose qu'il voulait vraiment en venant ici c'était coucher avec elle, mais cette histoire du vieux monsieur était une bonne excuse.

- Et bien principalement pour interroger ce vieux monsieur et tenter de rajouter quelques pièces au puzzle. Mon chef m'a conseillé de prendre quelques jours de vacances après l'arrestation de Stéphane. Je me suis dit que c'était le bon moment pour tenter d'en savoir un peu plus.

- Ah, vous comptez rester plus que le week-end ?

Thomas sentit qu'elle n'avait pas l'air très enchantée d'imaginer cette hypothèse. Il en fut blessé et son ventre se noua.

- Je ne sais pas, tout dépendra du temps qu'il me faudra pour...

- Oh je ne pense pas qu'il vous faudra plus d'une après-midi pour l'interroger, il ne doit pas en savoir tant que ça, en espérant qu'il ne soit pas fou.

Thomas resta silencieux, il avait la vague impression que ses suppositions concernant Carole étaient loin d'être vérifiées. Elle n'avait sans doute pas vraiment envie de coucher avec lui... Carole le regarda alors fixement et lui sourit :

- Je vois que vous êtes sans doute fatigué, je vais arrêter de vous questionner et vous laisser aller vous coucher. Demain matin faites comme chez vous, vous pouvez vous lever quand vous voulez et vous servir dans le frigo pour votre petit-déjeuner. Personnellement je ne me lève que vers dix ou onze heures. Je vais vous noter