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aurait voulu aimer toutes les femmes de la terre. Mais que lui avait-elle fait pour le détruire à ce point ? Mon Dieu, que lui avait-elle fait ?

Finalement après avoir conduit plus d'une heure pour aller nulle part il revint à son travail et passa deux heures dans la salle de sport. Il rentra tard chez lui et ne dîna pas, même si sa mère l'attendait patiemment devant la télé. Cette nuit-là il prit finalement des médicaments pour dormir, il n'en pouvait plus de rêver et de subir l'enfer chaque nuit. Il dormit enfin d'un reposant sommeil sans rêve pour la première fois depuis la mort de Seth.

Mais cela ne lui apporta pas pour autant de l'inspiration pour la journée du jeudi, pendant laquelle ils tournèrent en rond encore et toujours sans trouver la moindre piste. Il ne prit pas de médicament pour dormir le jeudi soir, il avait quelques remords à l'idée d'en devenir dépendant, comme l'était sa mère, mais sa nuit fut un cauchemar, comme il s'y attendait presque. Il avait l'impression de rêver en permanence, qu'il n'avait plus de sommeil, que tout n'était qu'une illusion, qu'il allait se réveiller. Il vivait comme dans un nuage, comme si la réalité s'effaçait. Comme si cette brûlure démoniaque transformait sa vie en supplice permanent.

Il quitta ses cauchemars, ce vendredi 29 août 2003, Sainte Sabine, pour, pensait-il, encore passer une journée sans intérêt. Il avait connu une Sabine autrefois. Pourtant Stéphane et Jean-Luc se donnaient du mal, ils cherchaient avec ferveur l'indice qui pourrait les mettre sur la voie... Il l'avait peut-être aimée, même, il ne savait plus trop. Mais quelle voie ? Quelle voie... La seule voie c'était à lui de la trouver, de la créer, de l'inventer... Peut-être qu'il pourrait la retrouver après tout ce temps... Peut-être qu'il pourrait oublier sa vie avec elle...

Mais il se trompait. Et, contre toute attente, les analyses semblaient indiquer que quelqu'un était passé cette après-midi du mardi 19 août. Quelqu'un ? Mais qui ? C'était impossible ! Stéphane lui commentait les résultats :

- On a bien retrouvé des traces de toi, Seth, ta mère, moi, Seb, mais aussi quelques cheveux de trois autres personnes. Deux semblent assez anciens, mais l'une des personnes doit être passée la veille où le

jour du crime. Toutefois pas de trace d'empreintes suspectes. Cette personne n'a soit rien touché soit portait des gants. Nous n'avons pas de date avec certitude, mais si, comme tu le dis tu n'as reçu personne d'une vingtaine d'années chez toi dans les deux semaines qui ont précédé, c'est probable que ce soit notre homme, d'autant qu'il n'y a pas de trace d'effraction, cette personne a donc dû rentrer alors que la porte était ouverte.

Thomas n'y croyait pas vraiment :

- Les cheveux ne peuvent pas simplement avoir été déposés parce que Seth ou moi les avions transportés sur nous ?

- Si c'est possible pour un ou deux, et c'est pour cela que les analyses sont longues, il en faut un certain nombre pour avoir une probabilité plus grande que la personne soit bien venue. Mais il est toujours possible que ce soit une erreur. Toutefois ça reste une piste.

- Et comment serait venue cette personne ?

- Aucune idée, il y avait trop de traces de voitures dans la cour pour espérer y trouver quoi que ce soit. Toutefois plusieurs cheveux trouvés ont été prélevés dans la chambre, laissant suspecter que la personne y a passé du temps.

Thomas s'était rassis dans son siège, les bras croisés, perplexe. Une personne ? Mais qui... Comment savoir ? Il se retourna vers Stéphane :

- Les cheveux suffisent à trouver qui est cette personne ?

- Pas directement, sauf si nous avons la chance que son ADN soit déjà répertorié, mais dans la mesure où elle n'a pas été violée et où rien n'a été volé, le meurtre était sans doute le seul mobile, donc prémédité, et ce n'est peut-être qu'un homme de main qui a fait le sale boulot. Il nous faudra par conséquent trouver des suspects et comparer.

- Ça ne nous avance pas beaucoup alors...

Stéphane fut déçu et étonné du pessimisme de Thomas :