coin. Après quelque temps je finis par dégoter une valise au fond d'un placard. Il semblerait que mon copain soit sur le point de partir, ou vienne juste d'arriver. La valise n'est pas fermée à clé, elle contient quelques habits, d'autres accessoires sans intérêt et, chose plus inhabituelle sur laquelle je m'arrête, plusieurs cahiers écrits en langue étrange ; à mes maigres connaissances je dirais de l'arabe ou une langue de ce type. Certains de ces cahiers ont l'air vraiment très vieux. J'ai l'impression qu'ils forment une sorte de journal. Il y en a en tout une dizaine, trois tout petits, pas plus grands qu'un carnet de notes, les autres plus classiques, et un à peine commencé, sûrement le dernier, qui ressemble aux cahiers banals que l'on trouve en supermarché. Ce pourrait bien être la langue que les deux hommes parlaient entre eux quand ils sont rentrés dans la pièce où j'étais attaché. Pourraient-ils être des terroristes qui auraient infiltré le Pentagone et qui pensent que je possède certaines informations ? Mais le rapport avec le bracelet ? Peut-être que je devrais sur le champ raconter tout à la police locale ? D'un autre point de vue ce n'est peut-être pas du tout ça, ou dès qu'ils sauront que j'en ai parlé à la police, ils feront le nécessaire pour m'éliminer, s'ils ne le veulent pas déjà. Je conviens qu'il est plus prudent que je retourne en France avant d'en toucher mot.
Sortant de mes réflexions, je reprends l'inspection du contenu de cette valise. Et, ô, surprise, un bracelet ! Je commence à me demander si ce n'est pas la grande mode en ce moment, tout le monde se l'arrache ! J'ai vraiment eu tort de m'en débarrasser ! Peut-être étais-je le cobaye d'une maison de mode qui testait sa nouvelle création, et, enragée que je l'ai bassement jeté dans la mer, elle veut se venger par tous les moyens ? Bah ! Restons sérieux. Ce bracelet me fait aussi revenir ma pierre à l'esprit. Je la cherche et la trouve avec satisfaction dans ma poche. Nouvelle surprise, un gros paquet de billet verts. Après décompte : vingt-cinq mille dollars ! Il serait raisonnablement temps que je change de travail, au vu de l'argent qu'il est possible d'amasser alors qu'on est poursuivi ! Je reprends mon inspection, un billet d'avion pour Los Angeles pour ce soir 19 heures, et un pour Dakar partant de Los Angeles le dimanche 10. Finalement tout n'est pas si incompréhensible et incohérent, mon bonhomme serait-il sur les traces de mon marabout ? Sans rien de plus notable dans la valise, je prends les cahiers, les billets d'avion et l'argent et mets le tout dans mon sac. Je ne touche pas au bracelet,
je crois que j'ai un peu une peur paranoïaque de cette chose désormais.
J'en déduis que ma prochaine destination est une petite semaine de vacances à L.A., qui se poursuivra par un peu de safari. Je ressors de l'appartement, toujours avec précaution, et prends l'ascenseur pour les parkings en sous-sol. La recherche de la voiture n'est pas aisée, le modèle sur les papiers ne me renseigne pas beaucoup et elles sont toutes identiques à mes yeux. Je parcours les allées en faisant jouer du beep de temps en temps pour voir si une voiture répond ou si je retrouve la plaque d'immatriculation. Il me faut une bonne demi-heure pour mettre la main dessus, le beep des clés ne marchait pas, les piles devaient être vides. Une fois au volant je vérifie que le départ pour Los Angeles est bien à partir du Reagan-Airport que j'ai vu en sortant du Pentagone ; c'est effectivement le cas. Il ne me reste qu'à trouver la route jusque là-bas. 13 heures 20, je devrais avoir largement le temps d'y être pour 19 heures. Toutefois cinq minutes de réflexion avant de démarrer me laissent supposer que l'homme du Pentagone va sûrement rentrer chez lui s'il devait partir ce soir, et il va moyennement apprécier que je lui ai volé ses billets. Il tentera sans doute de me prendre de court à l'aéroport. Le plus opportun serait que je décale mon vol et parte plus tôt. Une autre solution, plus prudente, voudrait que je parte d'ici directement en voiture et que je cherche un aéroport dans une autre ville ; il y en a légion aux USA normalement. Je m'oriente vers cette solution, me paraissant plus avisée, confortée par les plus de vingt-cinq mille dollars trouvés dans la valise, qui me permettent de me payer un billet pour n'importe où sans problème. Pour continuer dans cette voie, je pourrais aussi m'offrir directement un billet pour Paris, Dakar ou Pétaouchnok. J'hésite mais je repousse la prise de décision à plus tard et préfère sortir de ce parking et m'éloigner de cet immeuble dans un premier temps.
Je ne sais pas trop quoi faire, je roule doucement en direction de l'aéroport en réfléchissant. S'il veut rester une semaine à Los Angeles avant de partir pour Dakar c'est qu'il y a peut-être des éléments importants là-bas. Mais quels moyens aurai-je une fois sur place pour les découvrir ? D'un autre côté il est possible qu'il veuille juste dire au revoir à sa famille avant de quitter le pays. En plus à la vue des indices en ma possession, il n'est pas exclu que ce