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- Nous étions retenus prisonniers.

- Pour quelle raison ?

- Aucune idée.

- Depuis combien de temps étiez-vous prisonniers ?

- Une dizaine de jours.

Goriodon s'adresse de nouveau à moi :

- Où étiez-vous auparavant ?

- Nous étions sur notre planète originelle, que nous appellons "la Terre".

Je tente d'utiliser le mot pour dire terre dans leur langue.

- Où se trouve cette planète ?

- Je l'ignore.

De nouveau un silence. Je prends finalement le risque de prendre la parole.

- Mais peut-être aimeriez-vous que je détaille plus précisément les origines de cette histoire ?

Je ne prends même pas le temps d'attendre une réponse quand je vois qu'un immense majorité accepte ma proposition. Je me lance donc dans l'histoire. Pénoplée me fait tout de même remarquer que la coutume veut que Goriodon ou une autre personne donne la parole, même si les avis sont favorables. Bah, je ferai attention la prochaine fois. Je ne m'arrête pas dans mon récit. Dans un premier temps, je détaille la Terre, l'état de la planète, son contexte technologique et politique, sa structuration en pays, les différentes problématiques. J'essaie de faire le plus de similitude possible avec ce que je connais de leur histoire. Tout est facilité car mes images mentales sont projetées et chacun peut voir les scènes que je décris. Goriodon me pose de multiples question pour éclaircir certains points qu'ils ne comprennent pas, notamment sur la répartition des pouvoir, les différences Nord-Sud, la relation à la nature, la religion... Je leur rappelle tout de même régulièrement que certains

éléments ne sont pas indispensables à la compréhension de la suite et nous feraient perdre du temps, et qu'il serait plus opportun d'en repousser l'examen pour la séance future consacrée à notre intégration dans la communauté.

Bref, je passe tout de même plus d'une heure, peut-être deux, à leur détailler la Terre et ma vie de tous les jours à Paris. L'indicateur de sincérité reste au bleu fixe. J'en arrive enfin à l'histoire proprement dite, je leur raconte alors ma première rencontre avec Énavila, dans le parc.

- C'est faux ! Je ne suis jamais allée sur cette planète !

Elle est sincère, son indicateur est formel, tout comme le mien. Une nouvelle couleur, orange, que je n'avais pas remarquée auparavant remplie l'indicateur de position du Congrés, sans doute pour signifier les indécis. Goriodon prend la parole :

- Bien, voilà notre première énigme. Ylraw, quand se situait cet évènement ?

- Les jours de la Terre ne sont sans doute pas tout à fait les même qu'ici, mais leur différence ne doit pas dépasser quelques heures. Par rapport à la date que vous avez dite tout-à-l'heure, à laquelle nous avons été vu pour la première fois, il faut retirer environ cinq jours depuis lesquels nous étions sur Stycchia, puis huit jours que nous avons passé sur la lune, et enfin environ...

Alors, entre le premier octobre et le 22 décembre :

- ...quatre-vingt-trois jours passés sur la Terre.

- Bien, soit quatre-ving-seize jours à compter du premier du deuxième du quatrième de cette année. Énavila, pourrait-on retracer vos activités entre, disons, le premier du dernier du deuxième et le premier du deuxième du quatrième ?

C'est incompréhensible leur machin, heureusement qu'on a un calendrier en surimpression. Énavila prend la parole :

- Je suis restée sur Mériavos tout le deuxième, ce qui m'a valut