- Et oh, mais ça ne va pas ou bien !
Pénoplée se pose à côté de moi, elle sourit en me voyant par terre.
- Excuse moi, je pensais que tu te rattraperais.
- Tu aurais pu au moins me prévenir !
- Tu as raison. Je suis désolée.
Elle a dit ça sur un ton de lassitude tel que sur Terre je me serais éclipsé en douce tellement j'aurais eu l'impression de l'ennuyer. Je me demande si je pourrai vraiment être ami avec elle, elle semble tellement blasée de tout... Je la cherche un peu :
- Mouais, tu l'as fait exprès !
- Cessons ces chamailleries, entrons. Pfff, regarde, il reste encore des traces de votre feu, bande de barbares !
Elle ne relève même pas et se tourne vers les bâtiments. Je me demande si j'aimerais vraiment arriver à un point tel que même quelque chose de vraiment hors du commun me laisse impassible. Nous ne sommes pas n'importe qui, mince ! Nous venons d'une planète qu'ils ne connaissent pas, nous sommes peut-être ces gars de l'Au-delà qui ont filé en douce il y a je ne sais plus combien de centaines ou de milliers d'années ! Pourtant parfois je retrouve la petite fille en elle, c'est étrange...
- Tu aurais préféré qu'on se laissât mourir de faim ?
Ils ont aussi une sorte de subjonctif passé, qu'ils utilisent beaucoup plus que nous, je ne crois pas que je me serais jamais posé la question si je n'avais pas dû tenter de traduire ces dialogues. Pénoplée à une voix un peu lente, un peu comme si elle réfléchissait avant de dire quoi que ce soit, ou qu'elle vérifiait ce que je pense avec son bracelet, c'est assez déconcertant. Pourtant parfois elle devient plus spontanée, plus humaine presque, pourrais-je dire... Je l'aime dans ces moments là...
- Beaucoup d'entre nous auraient sans doute choisi cette solution
dans votre situation, mais cette remarque ne tient pas compte du fait que pour vous cette décision aurait été une fin définitive, alors que nous pour nous la mort est toute relative.
- Franchement je n'en suis pas sûr. Tu n'as peut-être jamais eu ni vraiment faim ni vraiment soif, mais tu fais des choses que tu n'aurais pas faites dans nombres d'autres situations, crois-moi...
- C'est vrai que je n'ai jamais souffert de faim ou de soif. Mais si vous aviez été un peu plus malins, vous non plus je pense, suis-moi, il doit bien y avoir une cafétéria dans ces locaux.
Pénoplée fait le tour de la pièce principale et entre dans la pièce ou se trouvaient les trois tables. Elle se dirige alors vers la paroi, et une trappe s'ouvre avec à l'intérieur un plateau de nourriture. Ça parait tellement évident, maintenant...
- Oh ! Mais comment pouvait-on savoir ?
- C'est vrai que sans bracelet c'est impossible à trouver, je veux bien le reconnaître. Bon, retournons à nos affaires.
Nous nous dirigeons et entrons dans la pièce aux tubes. Elle a quand même un corps superbe, ces gens là m'étonne... Je ne sais pas si c'est si bien finalement, de vieillir dans un corps qui reste éternellement jeune...
- Quel était le tube de Naoma ?
Naoma ! Mon Dieu excuse moi, je pense à toute autre chose, j'en suis honteux... J'espère tant que tu vas revenir, revenir pour Erik, mais aussi pour moi, pour que je me sente un peu moins seul dans ce monde inconnu... Je lui montre le tube de Naoma :
- Celui-ci.
Pénoplée hésite.
- À vrai dire j'ai peur que si c'est moi qu'il l'ouvre il ne se réinitialise. Tu peux encore ouvrir le tien ?