qui me rend plus discret et anonyme, tout du moins je l'espère. J'ai attaché mes cheveux avec un mouchoir, en espérant que l'effet suffira à me donner une autre tête. Mais tout semble sans danger ; l'approche de l'immeuble est calme et personne aux alentours n'a d'apparence suspecte. Il est vingt et une heure passées quand je sonne à la porte de Naoma, désormais vraiment en retard.
- Franck ! Enfin François, enfin non Franck ! Mais où étais-tu donc ? Tiens c'est marrant ton truc dans les cheveux. Mais ça fait plus d'une heure que je t'attends ! En plus je ne savais que faire, n'ayant aucun moyen de te joindre ! Tout va...
Je la coupe en rentrant et referme la porte derrière moi. Nous sommes directement dans la pièce principale et six personnes sont déjà attablées. Je dis rapidement bonsoir et j'entraîne Naoma dans la cuisine.
- Non, tout va mal. J'ai été pris en chasse par deux hommes qui avaient une photo de moi. Je suis de toute évidence recherché, il faut que je parte au plus vite. Pourrais-tu me redonner mon argent. Je pense que je vais quitter la ville dès ce soir.
- Mon Dieu ! Si vite ! Mais ne devrais-tu pas aller voir la police, ou quelque chose ?
- Je ne suis pas plus en sécurité auprès de la police que du Pentagone ou autre palais du gouvernement. Ceux qui me recherchent couchent autant avec la police que l'armée, ces chacals sont puissants et partout. J'ai peur que ce ne soit que seul que je puisse espérer trouver une échappatoire, ou en tout cas c'est ce qu'ils ont réussi à me faire croire..
Je vais avec elle dans sa chambre, pour récupérer l'enveloppe avec mon argent, près de cinq mille dollars, la moitié de ce que j'estimais nécessaire pour rentrer, c'est vraiment trop bête... Naoma est très embêtée.
- Mais, que pourrais-je faire ? Je ne peux pas t'aider ? Je ne vais plus te voir ? Et Martin ?
Je soupire.
- Tu ne me reverras sûrement pas d'un petit bout de temps, mais
je ne t'oublie pas pour autant, panique pas. Une fois tout ce bazar terminé, je repasserai vous voir, Martin et toi, et tous ceux qui m'ont aidé, d'ailleurs. Explique à Martin, tu peux lui raconter mon histoire en gage de remerciement. Tu m'excuseras de ne pas tenir ma promesse et de le quitter avant qu'il ne maîtrise la confection du pain au levain, mais je suis un peu pressé par les événements, pour le coup...
- Oui, je lui raconterai. Je suis tellement surprise que tout change si vite. Je croyais pouvoir passer encore beaucoup de temps avec toi, je m'imaginais au moins encore deux ou trois mois, et voilà que tu pars avant même que nous ne nous soyons vraiment connus... Je suis triste et inquiète de te savoir repartir. Mais je ne sais pas trop quoi faire. Si tu veux je peux te donner un peu d'argent en plus, mais il faut que j'aille à un distributeur pour le faire, Martin aussi serait sûrement prêt à te donner un coup de main.
Je suis naturellement gêné et tenté de refuser, toutefois cette proposition pourrait tellement arranger les choses ; je pourrais partir le plus tôt possible, dès que j'ai mes faux papiers, sans attendre de devoir encore amasser de quoi payer mon billet. Si vraiment je peux avoir mes faux papiers sous quelques jours, alors de retour en France je serai en mesure de les dédommager rapidement, en moins d'une semaine ils auraient remboursement de leur prêt. Je suis resté silencieux un moment, Naoma s'impatiente :
- Alors ?
- Ça me gêne énormément, Naoma, mais d'un autre côté ce serait tellement pratique pour moi de pouvoir partir au plus vite. Je n'aurais pas encore à courir pendant plusieurs semaines à la recherche d'argent pour mon billet. Je suis très embarassé par ta proposition, mais si toi et Martin pouviez effectivement me prêter de quoi acheter mon billet, je pense que je pourrai vous rembourser très rapidement une fois en France.
- Écoute, je pourrai dès demain avoir quatre mille dollars à la boulangerie, et je demanderai à Martin de compléter, combien te faut-il ?
- J'avais compté qu'il me fallait au total dix mille dollars, quatre mille pour les faux papiers, et six mille pour