Austin avec moi, et en réalité je t'emmènerai jusqu'à la frontière mexicaine. Qu'en penses-tu ?
- L'idée de trimballer pendant encore une semaine des bassines d'eau me séduit, mais je pense que ce n'est pas très raisonnable.
Elle sourit.
- Oh, t'inquiète pas pour la citerne mon père a eu son compte, par contre maintenant qu'il sait ta résistance il en profitera sûrement pour quelques menus travaux, charger le ciment pour refaire le mur de l'abri des chevaux, l'aider à les tenir pour leur nettoyer les pieds, rentrer le fourrage...
- Génial, ça tombe bien je trouvais aussi que je manquais un peu d'exercice.
- Allez, viens donc déjeuner, je t'ai attendu. Après, comme papa va tarder à rentrer, on ira faire un tour de cheval. Je dois aller vérifier le boulot qu'a fait Bill sur les champs. Seule j'y serais allée en Jeep, mais c'est plus sympa à cheval, et je te ferai visiter un peu le pays.
- Tu me donnes cinq minutes je prends une douche et j'arrive, j'étais tellement fatigué hier soir que je n'en ai pas prise.
- Oui j'avais vu... Bonne idée ! Tu ferais fuir un cheval !
- Sympa.
- Écoute, c'est la vérité, et file-moi tes habits que je te les lave, je te prêterai des miens, tu es a peine plus grand que moi ils t'iront, je porte large. Je t'ai aussi amené de quoi te raser si tu veux, le look islamiste c'est pas trop la mode en ce moment...
Bref, je prends ma douche et me rase. J'y passe un peu plus que les cinq minutes annoncées... D'autre part je n'ai pas une envie outre mesure d'économiser l'eau comme je le faisais en France, j'en profite un peu. Ah ! Qu'est ce que je fiche ici ? Au milieu du Texas ?... Remarque la fille est jolie, alors passe encore... Enfin ! S'il fallait que ça arrive à quelqu'un, autant que ce soit moi... Je me détends un instant puis je me rince tout de même à l'eau froide ;
j'inspecte ensuite un peu ma jambe, qui me fait encore mal de l'intérieur. J'ai peur que la blessure ne s'infecte et je me dis que je devrais passer une radio pour être sûr. Je récupère l'ensemble de mes effets personnels présents dans mes habits, de façon à ce que Deborah puisse les laver. Je fais bien attention de sortir la pierre et de la mettre de côté. J'enfile ensuite les fringues à la cow-boy qu'elle m'a prêtées et déposées sur mon lit, et je descends la rejoindre dans la cuisine. Elle est déjà attablée en train de manger un bol de céréales. Je m'assois en face d'elle.
- Vous ne vivez que tous les deux ici ? Ton père n'est pas marié, tu n'as pas de frères et soeurs ?
Elle finit sa bouchée et m'indique avec la main où je peux trouver un bol, je me relève pour le récupérer ainsi qu'une cuillère ; je me sers un grand bol de céréales, j'ai une faim de loup.
- Ma mère s'est tirée quand elle en a eu assez de mon père, et vu le caractère de mon père c'est foutu pour qu'il se trouve une nouvelle femme. Et non je n'ai pas de frère et soeur, ma mère est partie quand j'avais cinq ans, et c'est mon père qui m'a élevée.
Ah ! Ces céréales sont beaucoup trop sucrées ! Enfin...
- Mais tu ne t'ennuies pas ici, tu n'as pas envie d'aller faire des études, de partir, de te trouver un copain ou je sais pas ?
Subtile remarque pour savoir si elle a un petit ami. Elle soupire puis répond :
- Boah mon père a insisté pour que j'étudie. Je suis allée à l'université à Austin, mais une fois terminé je suis revenue ici. C'était il y a deux ans. Je me suis rendue compte qu'autant la vie ici est dure, autant les gars d'Austin sont inintéressants et seulement focalisés sur leur petit monde et leurs ambitions personnelles. Je suis bien mieux ici. Pour sûr notre relation ne se passe pas pour le mieux avec papa, et je dois bien passer une semaine par mois chez ma copine Dory, qui est institutrice à Bryan et habite à vingt miles d'ici ; mais même s'il est raciste, intolérant et têtu comme une mule, c'est mon père, je l'aime bien ; et puis lui au moins