gardien et l'infirmière reviennent, et je me retrouve quelques instants plus tard dans une nouvelle chambre, proche de la loge de l'infirmière de garde, pour me rassurer. Je le suis effectivement et je m'endors presque paisiblement, en m'imaginant que dès le lendemain j'aurai un vol pour la France et que si le vent a vraiment tourné dans deux jours je serai dans mon appartement à Paris, ou chez mes parents au Soleil... Ah, Soleil...
C'est le bruit de la clé dans la serrure des menottes qui me réveille. Le docteur qui m'a vu la veille est dans la pièce, ainsi que le gardien.
- Toutes mes excuses, monsieur Aulleri, nous avons bien eu confirmation de votre ambassade que vous êtes porté disparu en France depuis une semaine, avec un dernier contact du Texas. J'ai peine à y croire mais votre histoire semble véridique. L'ambassade se charge de transmettre à vos parents que vous êtes bien sain et...
Il se reprend.
- Enfin sauf, du moins.
Il sourit, comme s'il pensait avoir fait une bonne blague. Ce qui ne me fait pas rire. Si ce charlot ne s'était pas obstiné à vouloir m'attacher, je n'aurais peut-être pas eu un second nombril. Enfin, c'est tout de même une bonne nouvelle. Il voit que je ne ris pas, reprend un air sérieux et poursuit.
- Une personne de l'ambassade va passer dans la journée pour vous demander quelques informations pour votre rapatriement, et le règlement avec l'hôpital. Je suis vraiment confus de vous avoir traité ainsi, mais comprenez que je ne peux prendre aucun risque à l'intérieur de l'hôpital.
Je ne réponds pas. Il quitte la pièce quand un infirmier m'apporte mon petit-déjeuner. Et tout en déjeunant, ma pierre me revient à l'esprit. Je ne prends pas le temps de terminer, me lève et sort de la pièce pour demander à une infirmière où se trouve mon ancienne chambre. Elle ne sait pas mais quand je lui précise que c'est celle où la vitre a été cassée la nuit précédente, elle comprend tout de suite et m'indique comment m'y rendre. Personne n'a encore fait le ménage et je retrouve ma pierre rapidement. Une fois de plus je me sens
mieux en la serrant de nouveau dans ma main, elle me redonne du courage, d'autant que les choses se présentent plutôt bien maintenant. Je retourne doucement vers ma chambre, en boitant un peu.
- Excusez-moi, mais si j'étais vous je n'y retournerais pas et je partirais sur le champ. Parce qu'il y en a d'autres qui arrivent.
Je me retourne subitement, surpris. C'est la fille de l'autre jour, et elle m'a parlé d'une voix timide en français. Elle est habillée de la même manière, avec sa combinaison.
- Suivez-moi, nous pouvons sortir par là.
- Et pourquoi devrais-je vous suivre, qui me dit que vous n'êtes pas comme tous les autres en train de vous jouer de moi ?
- Vous faites comme vous voulez, mais deux de vos poursuivants habillés en policier ne vont pas tarder. Et puis je vous ai tiré d'affaire l'autre jour. Je ne pouvais pas savoir que vous ne seriez pas en sécurité dans cet hôpital.
- Comment vous savez que je ne suis pas en sécurité ? Vous étiez là la nuit dernière ? Et pourquoi vous parlez français tout d'un coup ? Et comment vous savez que ces deux policiers sont contre moi ?
Elle est gênée et ne répond pas. Elle s'en va alors, en me disant que je suis libre de choisir de la suivre ou pas. Je suis très énervé mais je décide de lui faire confiance. Elle marche rapidement et j'ai un peu de mal à aller à son rythme. Nous descendons un escalier pour nous retrouver sur l'arrière de l'hôpital ; nous traversons une avenue puis un petit parc. Je n'ai pas de chaussures et j'ai beaucoup de mal à marcher par terre. J'ai toujours ma pierre dans ma main. Je tente de marcher le plus possible dans l'herbe, ce n'est pas très pratique et je titube souvent, d'autant que je n'ai pas une forme olympique. J'ai mal à ma blessure au ventre, en plus des autres auxquelles je me suis presque accoutumé, presque... Je tente de lui poser des questions tout en marchant mais elle ne répond pas. Elle avait raison sur un point, il y a bien deux policiers qui nous ont pris en chasse. Ils débouchent de la même sortie que nous quelques