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Jour 187

Ah, les réveils ne sont pas encore un pur bonheur ; leur resterait-il encore quelques marges d'évolution ?

D'autant moins un moment agréable qu'une représentation virtuelle, après un rapide message de bienvenue, me presse de me dépêcher à sortir du téléporteur pour laisser ma place. Un vêtement blanc-crême simple et ample, toujours avec une couche-culotte intégrée, est mis à ma disposition dans la petite capsule où je me trouve. J'ai à peine le temps de regarder par le minuscule hublot et de comprendre que je me trouve dans un vaisseau en orbite, vraisemblablement autour de la planète Adama qui, majestueuse, défile avec la rotation du vaisseau.

Ressentant une pesanteur, j'en déduis que celle-ci doit être artificiellement crée par le mouvement de rotation rapide de la station orbitale. Je m'apprête à sortir quand la même charmante personne réapparaît pour me signifier l'oubli de mon bracelet. Je le récupère rapidement et sors de la petite capsule.

Je me retrouve dans un large couloir donnant sur d'immense baies vitrées qui me permettent. alors, de vraiment contempler Adama. Je me sens plus léger que d'accoutumée, la pesanteur artificielle ne doit pas être aussi forte que celle à laquelle je me suis habitué sur Stycchia. Pourtant la rotation de la station semble très rapide. Je reste quelques minutes accoudé sur le petit rebord le nez presque collé à la vitre admirant la vue magnifique. Dans l'espace ! Je suis dans l'espace ! Ah ! Vie ! Que me fais-tu donc faire ? Où m'emmènes-tu donc ? C'est dingue...

Une voix, sans doute l'artificiel du vaisseau, se présente, "Samrane". Il me souhaite la bienvenue et m'indique que Pénoplée, déjà arrivée, m'invite à la rejoindre à la surface. Samrane m'explique

comment rejoindre ce qu'il appelle surface ; j'en profite pour lui demander quelques renseignements sur la station. Celle-ci existe depuis plus de 2200 années d'Adama, soit plus de 3500 années terrestres ! C'est un immense cylindre aplati de plus de dix kilomètres de rayon, qui tourne sur lui-même en un peu moins de six minutes et crée par ce biais l'équivalent d'un tiers de la pesanteur de la surface d'Adama. Ceci au niveau qu'il appelle la "surface" du vaisseau. La pesanteur étant un peu plus élevée au niveau des téléporteurs, situé à la périphérie. À mon niveau, ma vitesse dans la rotation de la station est de près de sept cents kilomètres par heure.

Samrane me conduit jusqu'à un ascenseur qui se révèle être un immense tube qui traverse l'intégralité de la station, d'un côté à l'autre. Je m'approche de l'extrémité du tube et quand je pose un pied à l'intérieur, une plaque métallique, un peu le même principe que pour accéder aux sous-sol des bâtiments sur Stycchia, apparaît sous mes pieds. Ensuite des bras sortent de cette plaque pour venir former autour de moi une petite barrière arrondie ; une mesure de sécurité j'imagine. Samrane m'explique que ce tube est baigné dans plusieurs puissants champs magnétiques qui lui permettent de piloter indépendamment les nacelles. Une fois la nacelle en route, ma position à l'intérieur du tube m'apparaît virtuellement, et je peux commander mes déplacements. Cette représentation virtuelle me donne aussi l'occasion de voir la station dans son ensemble. Et, comme j'en aurai la confirmation quelques secondes plus tard, d'enfin comprendre que la "surface" de la station est en réalité la partie interne du cylindre qui représente le niveau supérieur.

Je suis étonné alors de découvrir que cette "surface" est une immense bande de presque cinq kilomètres de large qui fait tout le tour de la station. Et ce n'est pas du tout un amas de structure métallique comme le reste de la station, c'est la nature, c'est une bande de terre recouverte d'herbe, d'arbres, de maisons, de rivières... Le rayon de la station étant d'un peu plus de neuf kilomètres à ce niveau là, cette bande de terre a donc une surface de presque trois cent kilomètres carrés. Samrane m'explique que des personnes restent souvent plusieurs jours ou semaines ici avant de partir chez eux ou sur Adama. La population de la station est composée de cent cinquante mille personnes qui sont là depuis plus de trois