de nombreuses informations à nous fournir. Mais que savez-vous ? N'avez-vous pas des documents ou entendu des choses que vous pensez pouvoir nous être utiles ?
- Je n'ai que très peu d'informations. Je possédais des cahiers écrits par l'un des membres de l'organisation, mais certains m'ont été subtilisés et les autres détruits avant même que je n'aie pu en tirer vraiment quelque chose. Il y a ce bracelet aussi, qui me paraît omniprésent, et que chaque membre de l'organisation semble avoir.
- Un bracelet ? Que voulez-vous dire ?
- Un bracelet, banal, un bijou ou peut-être un signe de reconnaissance. J'en ai eu un moi-même, dont je me suis débarrassé, et j'en ai retrouvé plusieurs tout au long de mon parcours.
- Mais vous venez d'où ? Voilà combien de temps que vous fuyez l'organisation ?
- Tout a vraiment commencé il y a deux semaines, en France. J'ai ensuite été capturé, puis emmené à Washington, aux États-Unis, d'où je me suis enfui pour arriver au Texas, et au Mexique ensuite.
La voiture roule toujours, ne connaissant pas du tout le coin je demande à Juan où nous sommes et où nous allons. Il m'explique que nous avons traversé le centre de Mexico pour aller de l'autre côté de la ville par rapport à l'aéroport, dans une des cachettes de son mouvement. Deux voitures forment le convoi, celle dans laquelle je me trouve et la camionnette bleue qui nous suit. La même que j'ai vue à l'aéroport. Nous roulons encore en ville, dans des rues qui ne sont pas très larges, pas très fréquentées non plus, semblerait-il. Soudain, alors que nous circulons dans une rue étroite, une camionnette qui venait en sens inverse tourne brutalement devant nous pour nous barrer la route. Sa porte coulissante s'ouvre et trois types avec des pistolets ou des mitraillettes commencent à nous tirer dessus. La vitre avant de notre voiture explose en partie. Je sens une vive douleur dans mon épaule gauche. Je crie. Juan et Jamon tirent eux aussi avec leurs pistolets et leurs révolvers en direction de la camionnette. Juan me pousse violemment et me fait allonger entre les sièges arrière et les sièges avant, pour me protéger. Je ne pense ou
ne réalise plus grande chose à ce moment, je pense avoir reçu une balle dans l'épaule, elle me fait terriblement mal. Les coups de feu résonnent et me font bourdonner les tympans, je n'entends presque plus rien. Du sang gicle de partout, je ne sais pas si c'est le mien ou bien celui de Juan, qui se trouve juste au-dessus de moi. La fusillade se poursuit, je ne sais plus si je crie ou pas, je tente de me faire le plus petit possible, de contenir ma douleur. Des personnes semblent tirer du côté désormais, j'entends les impacts de balles dans la portière. Je suis paralysé, bloqué entre les sièges, quelque chose tombe sur moi, ce doit être Jamon ou Juan. Les tirs continuent, il y a toujours du sang qui coule sur mon visage. Je ne sais pas si j'ai reçu de nouvelles balles. Je suis écrasé et complètement tordu au sol. J'ai du mal à respirer, j'ai la tête qui tourne. Le massacre semble durer, toujours des coups de feu, toujours. Je respire par petites inspirations, écrasé sous le poids de Juan ou Jamon, ou des deux. Mon corps me brûle, comme si tous mes muscles étaient contractés et tremblants sous la pression et la panique. Le cauchemar dure encore et encore...
Puis les coups de feu cessent. Tout redevient calme. Je ne saurais dire combien de temps a duré la fusillade. Je lutte pour ne pas perdre conscience. Je râle sous la souffrance. Un long râle peuplé de contractions quand la douleur me lance. J'ai tellement mal. Je ne peux pas bouger mon bras gauche, trop douloureux. J'ai encore les menottes. Je tente sans succès avec mon bras droit de me soulever, mais je n'y parviens pas. Je me concentre un peu pour reprendre des forces et du courage, mais j'ai peur qu'ils ne soient plutôt au contraire en train de me quitter. Je me contrôle pour respirer plus calmement, mais je ne peux pas prendre mon inspiration complètement, cela me provoque de vives douleurs dans l'épaule.
Je reste de longues minutes sans bouger. J'ai toujours du mal à rester éveillé, mais je tente néanmoins une nouvelle fois de me déplacer. Mon corps entier me brûle. Je pivote légèrement. Je déplace mon bras droit, ce qui tire par la même occasion mon bras gauche au bout des menottes. Ce déplacement ne manque pas de faire varier la pression sur mon épaule blessée, et me vaut de nombreux cris de douleur. C'est un cri de rage qui leur fait suite pour parvenir à pivoter encore légèrement et tendre le bras droit en direction de l'ouverture de la portière. J'y parviens finalement, et la porte