nous fonctionnons, ce qui nous fait aller bien ou mal, et un psy c'est important pour apprendre à nous connaître, apprendre à pouvoir nous guérir tout seul, apprendre à savoir nos peurs et nos angoisses, à les révéler plutôt qu'à les refouler sans cesse.
Thomas admit intérieurement qu'il tentait depuis la mort de Seth d'enterrer toute cette histoire. Il se dit qu'après tout découvrir la réalité serait peut-être un remède, un remède à ses cauchemars, un remède à ses angoisses... Mais est-ce que ça pourrait être un remède à sa brûlure ?...
- Tu as raison, c'est vrai que je tente plus de refouler tout ça plutôt que de mettre les choses au clair, tu as raison...
- Oui, enfin, je ne suis pas psy non plus, je dis juste ce que j'en pense. Mais c'est en gros ce que me disait le mien.
- Tu as vu un psy pour quoi ?
Carole hésita un instant.
- Je préfère ne pas en parler, si cela ne te dérange pas...
- Excuse-moi.
- Ya pas de mal.
Thomas réfléchit un instant. Pourquoi était-il venu ici ? Pour Carole, à n'en pas douter, il se moquait bien du vieux. Mais cet Ylraw ? Il ne savait pas trop qu'en penser. Carole lui plaisait, même si elle était à cent mille lieux de penser comme lui, elle lui plaisait. Et il savait qu'en continuant l'enquête, il pourrait continuer à la voir, à lui parler, à tenter de la séduire. Mais il avait peur aussi, peur de cet Ylraw, peur de trouver un homme trop parfait, trop fort pour lui. Peur de découvrir que Seth le voulait depuis si longtemps et que lui n'avait été qu'un passe-temps, qu'un amant pratique pour avoir un logement sur Paris, qu'un idiot qui croyait pouvoir plaire à la femme parfaite... Mais s'il voulait Carole il lui fallait être fort, il lui fallait aller de l'avant, et de plus il avait promis à Stéphane.
- Tu as raison, je vais y aller.
- À Gap ?
- Oui, il est 18 heures passées, le temps de te ramener et de trouver l'itinéraire il sera 19 heures. Je peux rouler jusqu'à minuit, et si je repars tôt demain matin je peux y être avant midi.
Carole retrouva le sourire.
- OK, rentrons, alors !
Ils rejoignirent la voiture et prirent le chemin de la maison de Carole. Mappy donna huit cent quatre-vingt-dix-sept kilomètres entre l'Île de Ré et Gap. Thomas pourrait sans doute faire un pause aux alentours de Clermond-Ferrand, mais dormir dans sa voiture dans une aire d'autoroute ne lui faisait pas peur. Carole lui donna un paquet de biscuits et deux canettes de coca.
- Elle sont périmées, mais bon, je ne pense pas qu'il y ait grand risque à boire du coca périmé. Enfin pas plus que du non périmé, je veux dire.
Thomas la quitta le sourire aux lèvres, satisfait de la simple bise à laquelle il eut droit en partant, accompagné d'un "fais bonne route, mon chevalier". Il quitta l'Île, et suivit scrupuleusement l'itinéraire imprimé que lui avait donné Carole. Il roula vite pour ne pas avoir à penser. Il ne savait pas trop ce qu'il allait trouver là-bas. Il ne savait pas trop ce qu'il voulait trouver. Qu'Ylraw était un minable, peut-être, mais après ? Pourquoi le suivait-elle. Peut-être que c'était son frère, ou son cousin, ce serait pour lui le plus grand des réconforts, qu'elle ait sous son aile son petit frère, le surveille et l'aide dans l'ombre. Le vieux Théodore avait peut-être bien raison, après tout, c'était peut-être bien son protégé... Il se rassura avec cette pensée et mis la musique à fond.
Il fit une première pause vers 22 heures, où il mangea la boîte de biscuits de Carole et but une canette. Il s'arrêta ensuite vers une heure du matin, quand il sentit que ses yeux ne tiendraient plus ouverts très longtemps. Il jugea qu'il avait déjà payé assez de péage d'autoroute pour ne pas encore dépenser de quoi se payer un hôtel, et il dormit trois heures dans la voiture. Il dormit bien, même si la