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traînait dans le frigo, décidément tout était périmé chez lui, il lui faudrait faire des courses ; puis il s'allongea devant la télé. Il était mort de fatigue, avait un mal au crâne tenace, mais n'avait toujours pas une envie démesurée de se coucher seul dans le noir dans la chambre qu'il avait partagée avec Seth.

Il tenta de mettre un peu d'ordre dans ses idées. Seth connaissait Ylraw depuis au moins quinze ans, elle le suivait depuis lors. Sans doute était-il le prochain sur la liste des porteurs de la pierre, si l'hypothèse de Carole était valable. Cette pensée lui rappela que le troisième volet du Seigneur des Anneaux allait sortir avant la fin de l'année... Il fit une légère digression puis revint à ses pensées initiales. Seth avait sans doute donné la pierre à Ylraw lors de son passage à l'Île de Ré. Ylraw avait été trouvé mort début janvier, deux mois plus tard, en Australie. Seth n'était pas allée en Australie avec lui, pourquoi ? Qu'avait-il fait pendant ces deux mois ? Avait-il eu une mission ? Le fait qu'il possédât la pierre aurait pu lui valoir de devoir prouver qu'il en était digne ? Y avait-il une sorte de rituel initiatique ? Est-ce que cette pierre pourrait être le signe du chef dans une sorte de secte à laquelle appartenaient Seth et Ylraw ?

Thomas s'endormit sur ses idées de sectes et autres pratiques occultes. Il en rêva, cauchemarda pour être plus précis, et se réveilla une fois de plus en sueur, l'image de Seth en tête, et sa brûlure lui rappelant que tout n'était pas clair dès le départ dans cette histoire... Il en arriva même à se demander s'il n'était pas déjà mort, et que tout ceci n'était que le temps arrêté de la lente agonie de son cerveau qui s'éteignait, et que tout allait devenir de plus en plus dément, de plus en plus flou, de plus en plus terrible.

Il se réveilla une première fois à 4 heures quarante, après trois heures de sommeil, puis à 6 heures, et enfin à 9 heures, et il ne put se rendormir. Il hésita un moment à aller travailler, il n'avait pas vraiment donné de date pour ses vacances, et il savait qu'il pouvait les annuler, mais il se dit finalement qu'il allait passer la journée à ne rien faire, pour se reposer un peu de son week-end, pour faire le vide et tenter d'y voir plus clair. Il eut envie d'aller voir sa mère.

Elle était là et fut étonnée mais contente qu'il vint la

voir. Elle avait déjà pris son petit-déjeuner depuis longtemps mais ne rechigna pas à se faire un nouveau thé pour le boire avec son fils unique. Il lui raconta son week-end, chose qu'il faisait si rarement, il lui raconta ses inquiétudes, il lui avoua qu'il était un peu perdu, et elle en fut touchée. Ils parlèrent presque deux heures, de ce qui allait, de ce qui n'allait pas, et il s'inquiéta, pour la première fois depuis longtemps, de la vie de sa mère, de ses ennuis, de ses envies, de ses questions, de ses préoccupations, de ses problèmes de santé.

Ils parlèrent jusqu'à ce qu'une superbe Porsche Cayenne vint se garer dans la cour. Ils ne sortirent pas dans un premier temps, regardant simplement ce genre de véhicule inhabituel devant chez eux, pensant qu'une personne s'était simplement trompée ou voulait faire demi-tour. Mais le 4x4 se gara et un jeune-homme en sortit, il se dirigea vers la maison de Thomas et sonna. Thomas sortit alors pour aller à sa rencontre. Le jeune-homme, habillé de façon décontractée, se tourna vers lui :

- Monsieur Thomas Berne ?

- Oui.

Le jeune se dirigea vers lui et lui tendit la main.

- Enchanté, Fabrice Montgloméris. Je suis cousin de Mathieu Tournalet. Je me suis chargé de reprendre les affaires de celui-ci, je suis en effet son seul héritier, ce dernier n'ayant pas eu le temps, malheureusement, de fonder une famille.

Thomas ne sut que dire, il hésita entre le renvoyer ou lui proposer d'entrer, il resta silencieux, attendant de savoir ce que lui voulait celui qu'il classait, a priori, parmi ses ennemis.

- Je sais que ma présence peut vous surprendre, mais si vous me permettez d'entrer je vous expliquerai plus en détail les raisons de ma venue. Puis-je ?

- Oui, oui, allez-y.

Thomas lui ouvrit la porte et manqua de le bousculer quand celui-ci pensa qu'il allait s'écarter pour le laisser passer tout