- Je commence à avoir faim pour ma part :
Erik est le premier à se lancer sur la descente vers la mer.
- Bon, ne restons pas là trop longtemps non plus, ça vous dit du poisson au dîner ?
Naoma est enchantée :
- Oh oui et un feu sur la plage ! Il nous faudrait une guitare...
- Tant qu'à faire des cordes...
Je crois que j'aime assez l'humour d'Erik...
Nous nous élançons vers la mer. Le dénivelé jusque là ne doit pas faire la moitié de celui que nous avons monté depuis la forêt. Je suis bon dernier tout de même, je n'ai jamais aimé les descentes. Le soleil est bas sur l'horizon et déjà s'annonce le plus beau coucher que je n'aie certainement jamais vu, le ciel s'irisant de milles feux. Le pourtour du cratère est constitué d'une bande forestière d'une bonne centaine de mètres, et nous sommes déçus de découvrir que le bord de mer n'est pas une paradisiaque plage de sable fin, ce qui n'est guère étonnant si la planète n'a été que récemment terraformée, le roulis de la mer n'ayant pas eu le temps de transformer les rochers pourtant déjà érodés en grains de sable. Toutefois cette hypothèse de terraformation reste loin d'être certaine, mes connaissances en formation des planètes étant bien loin d'en juger. Après tout c'est peut-être une planète naturelle, ou le vrai berceau de l'humanité, ou je ne sais encore quel monde découvert par cette organisation qui semble nous cacher tant de chose...
La mer est très peu profonde, et ne doit pas dépasser quelques dizaines de mètres entre les bandes séparant les pentes douces des cratères. Nous aurions pu nous en douter, la mer regorge de poissons, à croire que tout est fait sur cette planète pour nous persuader de nous installer là pour toujours, en petits Robinsons. Ce qui est peut-être la volonté des personnes qui nous ont envoyés ici, après tout. Avec quelques remords de nous éliminer, ils ont préféré nous donner une retraite au Paradis ? Il fait beaucoup moins chaud et humide qu'à l'intérieur de la cuvette, et je me demande si les pluies
quotidiennes ne sont pas un microclimat propre au cratère. Le bois beaucoup plus sec et moins pourri que nous trouvons dans les sous-bois confirmerait cette hypothèse. Nous sommes tentés par faire un feu, mais sur le bord de mer il serait sans doute rapidement repéré. De plus si ces étranges hommes-abeilles ont réellement perdu notre trace, comme pourrait le suggérait le fait que nous ne les ayons vu aujourd'hui, ce serait bien inopportun de la leur rappeler.
Mais avant de me payer un bain dans les eaux tièdes et transparentes, j'entreprends de vérifier quelque chose qui me turlupine depuis quelques temps. Je ne retrouve pas les sensations habituelles de mon corps. Je n'ai pas ressenti le classique mal à la plante des pieds pourtant systématique dans mes précédentes randonnées ; pas plus que je n'ai relevé de douleurs aux genoux dans la descente, certes rapide, mais conséquente tout de même, de la pente du cratère. Pourtant tout semble là, mes cicatrices, mes tâches de rousseurs... Mais je ne sens pas mon corps comme je le sentais auparavant. J'ai une sensation diffuse de calme, comme si la tension que j'ai toujours connue s'était envolée. De plus ma peau semble plus douce, plus belle, mes veines ne ressortent pas autant sur mes avant-bras... Naoma me regarde, curieuse, elle sort de l'eau où Erik se trouve à attraper des poissons avec nos petites cages, que nous avons toujours avec nous. Elle est nue, magnifique, je reste un moment extasié devant ses formes parfaites.
- Qu'est ce que tu fais, tu ne viens pas te baigner ? Et me regarde pas comme ça ! Tu me gênes !
- Je crois que ce n'est pas mon corps.
- Comment ça ?
- Ce n'est pas mon corps, il lui ressemble, mais ce n'est pas lui. Et toi, es-tu sûre que c'est bien ton corps, es-tu sûre que tes seins étaient aussi beaux ? Ta peau aussi douce ?
- Mais ? Eh, tu crois que je te vois pas venir avec tes excuses pour pouvoir vérifier par toi-même !
- Non Naoma, je suis sérieux, regarde bien, et quand tu cours, tu