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ce que tout s'effondre...

Jusqu'à ce que tout s'effondre, voilà donc ce qu'elle attends... Voilà donc ce que l'on attend quand la mort ne veut plus de nous... Elle pleure... Je me lève pour la prendre dans mes bras, mais elle me repousse.

- Non François, non...

Elle arrête de pleurer. Je me rassois.

- Je ne crois pas ce que tu dis, je ne crois pas que tu sois vieille, tu peux toujours avancer Pénoplée, rien n'est jamais fini. Pourquoi tu veux me laisser ? Pourquoi tu veux m'abandonner ? Je sais que je ne t'ai pas assez montré que je t'aimais, mais pourquoi ne pourrait-on pas rester ensemble, pourquoi ne pourrait-on pas être bien tous les deux, ne l'avons-nous pas été jusqu'alors ?

Il me semble qu'elle a peur, simplement, il me semble qu'elle a peur de notre relation, qu'elle a peur de s'attacher, peur de retrouver des sentiments qu'elle croyait perdus. Elle ne dit rien.

- Qu'est-ce que tu risques ?

Elle ne dit toujours rien.

- Mais je ne veux pas te forcer. C'est vrai que je ne sais pas où je vais, c'est vrai que je ne resterai pas pour une petite vie tranquille sur Stycchia, et que le reste de ma vie s'il le faut je le passerai à rechercher ma maison, mais pourquoi toujours parler du futur, pourquoi toujours ne penser qu'à l'éternité ? Ne peut-on pas être bien tous les deux pendant tout le temps qui...

- Qu'il te faudra avant de trouver quelque chose de plus intéressant à faire ou quelqu'un de mieux ? Non merci !

Je te retrouve, gamine effrontée !

- Merde ! Je dois quoi, te jurer fidélité jusqu'à la fin de mes jours, tu crois que c'est facile pour moi de savoir où je vais ? Je suis complètement paumé !... J'ai besoin de toi.

Elle m'énerve ! Ah ! Et puis tu n'as pas besoin d'elle... Je crois que si... Mais non ! Tu t'en es bien passée jusqu'alors !

Quelques minutes de silence s'écoulent. Motivé par sa résistance, déçu, triste, stimulé, tout à la fois mon corps au mieux de sa forme, subtile gestion de la situation, sentant sa faiblesse :

- Il vaut mieux que je m'en aille alors. J'imagine que tu préfères ne plus me voir d'un moment.

Elle ne répond pas. Je me lève et me dirige vers la porte. Elle me laisse partir. J'avais espoir qu'elle me retînt. Erreur de jugement...

Jour 157

29 trente-sixième, à deux doigts de changer de jour, j'ai couru presque toute la journée, de rage, de conviction ou de joie, que sais-je, l'adversité me donne cette énergie incommensurable que j'ai besoin d'évacuer. J'ai remonter le long du bord de mer jusqu'à la limite Nord du cratère, parcourant sans doute près de cinquante kilomètre dans la journée. J'arrive à mon chalet, je suis exténué, mais heureux...

Jour 160

Toujours pas de nouvelle de Pénoplée, je ne la croise même pas, elle ne doit pas être là. J'ai passé ma journée et la précédente à discuter avec les habitants du villages, à me promener avec eux. Mon périple d'il y a trois jours m'a cassé en morceau, je boite presque en marchant, Chalet fait de son mieux pour me remettre sur patte, se demandant si je ne suis pas un peu fou de faire des choses pareilles. Je passe toujours beaucoup de temps seul ou avec lui. Je suis encore triste je crois, même si me sens bien. Triste comme on l'est à chaque fois. De toute façon je ne peux guère faire qu'attendre notre départ pour Adama, alors je profite un peu d'une vie de calme.

Jour 163

Pénoplée, je pense à elle sans interruption depuis hier.

Je la croise Pénoplée enfin. Nous restons émus un instant. Je la