- Bof ce ne serait pas pour me déplaire de faire un petit barbecue !
- Toi Franck ça va bien, je croyais que tu ne mangeais que du soja.
- Je varie mes apports protidiques, c'est très différent, et ça fait très longtemps que je n'ai pas mangé de léopard grillé, donc pas de problème !
- Ha ! T'es bête !
Naoma me file une tape, puis nous recopions Erik en mangeant chacun deux ou trois fruits. C'est vrai qu'ils sont fameux. Mais quelques fruits ne nous nourriront toutefois pas suffisamment, et nous serons bien obligés, si nous devons rester ici longtemps, de piéger quelques animaux. Toutefois si je me rappelle bien ce que disait Pixel, la société du temps où l'homme vivait de cueillette et de chasse était celle où les gens travaillaient le moins. En effet quelques heures par jour, pas plus de trois ou quatre, suffisant à assouvir leurs besoins alimentaires, ils pouvaient consacrer le reste de leur temps à se reposer et s'amuser. Je me demande quand même si j'arriverai à subsister sans ne plus jamais aller sur Google News ou linuxfr.org ? Il s'est déjà sans doute passé une éternité depuis mon départ de France, et je serai vraisemblablement à mon retour incapable de comprendre quoi que ce soit suite aux révolutions quotidiennes du monde linux... Bah ! L'heure n'est pas à la mélancolie ! En attendant ce moment, finalement pas tellement redouté s'il marque mon retour au pays, où je serai bon à aller dans un musée, je donne un coup de main à Naoma et Erik pour remplir un des paniers avec des fruits, en mangeant deux ou trois fruits de plus au passage. Nous reprenons notre exploration. En ce qui concerne les animaux, il semble y en avoir beaucoup même si ceux-ci sont apeurés par notre présence. De nombreux et bruyants oiseaux occupent également la coiffe de la forêt, mais la hauteur des arbres est quelque peu rebutante à tout espoir de vouloir y grimper. Les barres de fer nous permettent de progresser plus rapidement en écartant les plantes et lianes qui barrent le passage, même si Erik, qui ouvre la voie, répète à plusieurs reprises qu'il donnerait cher pour avoir une machette. Nous n'avons pas trop d'inquiétudes de nous perdre, la forêt est tellement dense que notre piste pourrait être suivie les yeux fermés.
Nous progressons encore un peu, plus dans l'espoir de trouver quelque chose à manger que d'une issue ; ces quelques fruits nous ont ouvert l'appétit. La forêt semble interminable et il est impossible de savoir quelle direction permettrait de trouver autre chose que des arbres encore des arbres et toujours des arbres. Quand je pense que certains se lamentent de la disparition des forêts tropicales, il est évident qu'ils n'ont jamais été perdus au beau milieu !
Mais notre progression est vite stoppée par une pluie soudaine et intense. Et si la cime des arbres nous évite la douche froide, nous décidons rapidement de remettre à plus tard notre exploration, tant la très forte humidité et la végétation de plus en plus mouillée nous procurent une sensation de chaleur humide et étouffante très désagréable. Naoma me montre comment utiliser la combinaison pour créer une capuche ; il suffit pour cet usage d'étirer au niveau du col pour s'en recouvrir la tête, c'est ingénieux et efficace. Elle m'explique que cette capuche à l'avantage supplémentaire de laver les cheveux, ou en tout cas de les rendre tous jolis. Nous trottinons alors avec nos paniers et nos barres jusqu'aux bâtiments. Les combinaisons sont bien imperméables, et nous n'avons somme toute que quelques rafraîchissantes grosses gouttes sur le visage ; la température devant toujours friser les trente degrés, ce qui devrait nous mettre à l'abri d'un rhume, qui reste j'en ai peur le pire de mes cauchemars, ou le second, après le sable...
L'intérieur du bâtiment aurait tout pour être glauque pourtant il y règne une ambiance réconfortante. La douce lumière doit sans doute y contribuer, ou peut-être la vision de la luxuriante forêt. Nous retournons dans un premier temps à l'intérieur de la pièce avec les tubes, la seule comportant de quoi nous asseoir, et un peu plus fraîche. Nous nous reposons de notre course en mangeant encore un fruit ou deux. Alors qu'Erik entreprend l'exploration méticuleuse de la pièce, Naoma reprend son histoire :
" Donc, nous venions tout juste de découvrir le fonctionnement des combinaisons, et j'étais toujours terriblement inquiète de ne pas parvenir à te faire manger. Tous nos efforts avec Erik pour te faire avaler quelque chose étaient vains, ou presque. Tout ce que nous espérions, c'était que la galette, qui avait la propriété de fondre quand on la gardait dans la bouche, te permette de récupérer un peu