lui n'étant que secrétaire ou à un poste qui n'est pas en relation directe avec des Français. Nous descendons et nous nous retrouvons à l'arrière du consulat. Soudain un homme m'attrape par derrière et me met un tissu sur la bouche. J'ai juste le temps de réaliser avant de m'endormir que je me suis fait une nouvelle fois prendre dans un traquenard. Je m'endors inquiet de ne peut-être plus jamais me réveiller.
Dimanche 15 décembre 2002
Mais je me réveille. Et à bien réfléchir sur le moment je me demande si je n'aurais pas préféré rester endormi. Je suis allongé sur le sol de ce que j'identifie être l'intérieur d'une camionnette ou d'un fourgon. J'ai un mal au crâne terrible. Je reste quelques minutes abasourdi, j'ai un peu de mal à me tirer du sommeil, mais je suis rapidement réveillé par l'odeur qui empeste. Je suis allongé sur le dos. Il fait très chaud, j'ai énormément transpiré et je meurs de soif. J'ai quelque chose sur moi. Je lève la tête et me mets sur les coudes. À la vue du spectacle je pousse un cri et me traîne rapidement en arrière en me débarrassant de ce que j'ai sur le corps. Je me plaque contre la paroi du fourgon, en haletant et en lançant des regards inquiets autour de moi. J'avais étendu sur mes jambes un corps presque complètement carbonisé. Et un autre se trouve dans le même état dans le coin opposé. Je suis recouvert de sang. Il n'y a aucune fenêtre, juste deux néons au plafonnier qui éclairent l'intérieur. Le fourgon est en mouvement. Mes habits sont aussi en piteux état. Il ne m'en reste plus grand-chose. Ils sont complètement brûlés sur tout mes avant-bras et mes jambes, ainsi que sur mon torse. Il ne me reste guère qu'un court short à moitié calciné. J'ai néanmoins toujours mes sandales, à peu près en état. Ma pierre ! Elle est à côté de moi, tombée de la poche de mon pantalon qui n'existe plus, brûlé ou vaporisé. Je la reprends dans ma main. J'ai un bracelet, je le retire tout de suite et le jette au fond du camion. Je ne sais pas du tout combien de temps je suis resté endormi. Je ne comprends pas du tout ce qu'il a pu se passer, qui sont ces deux personnes ? Est-ce que c'est une mise en scène ? Je ne saurais pas dire depuis quand elles sont mortes. Cela empeste vraiment à l'intérieur ; j'étouffe et j'ai la nausée. Il y a trois pistolets sur le sol, deux normaux et un plus petit. Il n'y a pas grand-chose d'autre. Les deux corps ont encore quelques lambeaux de leurs habits sur eux. Par contre leurs vestes se trouvent dans un coin. Je suis toujours assis plaqué au fond. Je me
lève difficilement. Il me semble que j'ai moins mal à la cheville. Peut-être suis-je resté terriblement longtemps dans ce fourgon ? C'est étrange car j'ai soif et faim, mais pas au point de ne pas avoir mangé pendant plusieurs jours. Mon dernier repas datant de l'après-midi où je me suis fait enlever, il peut difficilement être plus d'une demi-journée plus tard. Cependant avec l'odeur qui règne ici et les produits qu'ils ont pu m'administrer, je ne suis sûr de rien. Je m'aide des parois pour ne pas tomber et aller jusqu'aux vestes dans le coin opposé. J'enjambe avec précaution les deux cadavres. Je ne trouve pas grand-chose à l'intérieur des vestes, il n'y a aucun papier. Même pas d'argent ; les temps sont durs, par le passé j'aurais sûrement déniché mille ou deux mille dollars... Mais cela n'a pas d'importance, j'aurais donné beaucoup pour trouver ne serait-ce qu'un semblant d'explication.
Je vais dans un premier temps tenter d'ouvrir la porte arrière. Mais il n'y a aucune poignée, la porte ne semble pas prévue pour qu'on puisse l'ouvrir de l'intérieur. Je frappe et donne quelques coups, mais j'ai faible espoir de pouvoir l'ouvrir. Je me demande comment les personnes à l'intérieur faisaient pour communiquer avec l'extérieur. D'un autre côté si c'est impossible, cela expliquerait pourquoi le fourgon ne s'est pas arrêté de rouler. Si le conducteur n'est pas au courant du carnage qui s'est produit ici, il n'avait aucune raison de stopper. Une sorte d'interphone se trouve sur la paroi avant, je suis vraiment bigleux de ne pas l'avoir vu auparavant. Il y a un petit haut-parleur derrière une grille et un bouton marche/arrêt à côté. C'est étrange il est sur la position "marche" mais je n'entends aucun son. Je manipule l'interrupteur mais rien ne change. Je me retourne et réfléchis aux différentes possibilités qui s'offrent à moi. Je pourrais tirer avec les pistolets sur la porte arrière pour tenter de l'ouvrir. L'idée de moisir ici ne me séduit guère. J'ai bien de la viande rôtie à volonté mais franchement je serais plus tenté par un steak de soja aux olives.
Il n'y a vraiment aucun objet ou outil disponible. Je pose ma pierre sur les deux vestes, pour avoir les mains libres. C'est presque devenu un réflexe de constamment vérifier de l'avoir sur moi. Auparavant, je vérifiais aussi instinctivement que j'avais mon portefeuille dans la poche, désormais c'est pour mon caillou. Comme