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Pénoplée rajoute :

- ...et que tu me connais.

Aille ! Je m'approche d'elle pour lui faire un bisou, elle me repousse en tombant en arrière :

- François ! Arrête ! Je sais bien que tu aurais voulu ne jamais venir ici, rester sur ta planète préhistorique à casser des fenêtres...

- C'est faux ! Tu sais bien que je très content d'être avec toi, mais quand même ! Je ne sais pas pourquoi je suis là, je perds mes amis un à un, je me fais tuer par un géant bleu à l'autre bout de la "Voie Lactée", j'ai le droit d'être un peu énervé !

Je suis allongée sur Pénoplée, elle devient moins farouche.

- La "Voie Lactée" ?

- C'est le nom que nous donnons à la galaxie, voie lactée, "Voie Lactée", dans ma langue, à cause de l'aspect dans le ciel.

- C'est joli... Embrasse-moi.

Guerd se plaint :

- Eh ! Arrêtez, j'ai pas mon Erik moi...

Je me retourne :

- Mais ? Je croyais que vous étiez séparés ?

- Oui, enfin.. Un peu, enfin, c'est pas très clair...

Nous nous relevons et nous asseyons correctement, la situation n'est pas spécialement l'occasion de s'amuser. Naoma ! Décidément, je regretterai donc pour toujours ce dimanche où je t'ai offert un sandwich à Melbourne... Pénoplée reprend :

- Pour revenir au bracelet, Guerd, je pense que ça ne sert à rien de paniquer tant que nous n'avons pas l'avis du Congrès. De toute façon Iurt essaie d'accélérer les choses, peut-être que nous pourrons

passer d'ici à quelques jours. D'ici là, nous ne pouvons faire qu'attendre, je ne vois pas ce que l'on peut tenter d'autre, alors ce n'est pas la peine de dramatiser à outrance...

Nous terminons silencieusement notre repas, puis nous nous laissons guider par Samrane vers nos lits. Nous dormons dans les étages inférieurs. Samrane demande si nous désirons dormir ensemble Pénoplée et moi, je la prends par la main, elle réponds par l'affirmative. Nous ne faisons pas l'amour cette nuit là, je suis trop préoccupé par ce nouveau coup du sort ; Pénoplée le sent et reste dans mes bras toute la nuit.

Jour 188

Je me réveille tôt. Je laisse Pénoplée profondément endormie et quitte discrètement la petite chambre après avoir enfilé un vêtement commandé à Samrane par bracelet interposé. Je me laisse ensuite guider par celui-ci jusqu'à une grande salle donnant sur une immense baie vitrée et largement fournie en fauteuils très confortables. Samrane me propose quelque chose à grignoter mais je refuse, ayant toujours quelques remords à céder à la facilité. Il est vrai que je ne fais plus aussi consciencieusement mon sport quotidien depuis que je suis arrivé au village. Sur Terre pas plus de trois jours sans sport et mon moral faisait une chute libre... Ici les sensations sont différentes. Je ne sens pas mon corps comme sur Terre, j'ai un sentiment de paix intérieure, de calme... Et le sentiment d'avoir un corps interchangeable est étrange. Un peu comme si on pouvait tout se permettre, plus de problème de maladie, de poids, de toutes ces choses qui pourtant nous occupaient une bonne partie du temps auparavant. Sur Terre mon corps était la seule chose que je possédais vraiment, la seule chose que je devais préserver, ici tout est différent...

7 trente-sixièmes de notre jour artificiel, qui a sur la station la même durée que sur Adama, plus long de sept trente-sixième que ceux de Stycchia. Je ne connais pas trop les effets d'un allongement des journées... Peut-être que ces clones on leur horloge biologique automatiquement ajustée pour la planète ou nous arrivons... 7 trente-sixièmes, encore bien tôt. Ah ! Adama... Tu passes devant moi... Si ce n'est la forme particulière de tes continents je te prendrais facilement pour ma bonne vieille Terre...