page 332 le patriarche 333

reste juste là près de toi, je ne veux pas forcément faire l'amour avec toi, mais j'aimerais être proche un petit moment, juste me mettre dans tes bras...

- Tu sais très bien que c'est mal Deborah, tu sais très bien que je ne veux pas cautionner ta vie. Que je suis contre ce que tu fais, tu ne fais pas le bonheur autour de toi, tu ne fais que préparer leur malheur quand ils comprendront que tu te joues d'eux. Ce n'est pas parce que tu es plus forte qu'eux que tu as le droit de jouer avec.

Elle ne réagit pas tout de suite. Je pensais qu'elle se sentirait attaquée et répliquerait sur le champ, mais elle laisse passer quelques secondes avant de répondre.

- Je ne suis pas si forte que ça, Ylraw, tu sais.

Elle se relève du lit, et s'avance pour ressortir de la pièce. À la faible lueur je m'aperçois qu'elle pleure. Elle passe près de moi. Je la prends délicatement dans mes bras et lui demande de m'excuser. J'avance doucement vers le lit, écarte les couvertures et l'invite à se coucher près de moi. Après tout, juste un peu de tendresse... Elle est sur mon épaule, sa jambe sur la mienne. Quelques minutes s'écoulent. Je ne crois pas à ce moment que j'ai envie d'autre chose que de la serrer fort dans mes bras, d'avoir enfin une présence proche après tous ces jours de cavale et de solitude. Je l'embrasse sur le front, lui demande pardon, lui dit que je suis bien, content de l'avoir, là, près de moi. Elle remonte légèrement vers moi et m'embrasse dans le cou, me glisse à l'oreille qu'elle aussi, qu'elle se sent bien contre moi. Les idées s'emballent. Il suffit d'un flash, et mon corps décide. Mon corps décide de ce qu'il veut, et elle le sent, et je sais que j'ai perdu. Elle m'embrasse de nouveau, sa main passe doucement sur mon torse, relève mon tee-shirt et se glisse pour toucher ma peau. Je tente vainement un contrôle, de ne pas réagir, de penser à autre chose, de penser à un abricotier, c'est mon truc d'habitude... Je tiens quelques minutes, elle s'approche encore plus, passe sa main dans mes cheveux pour m'embrasser et me faire tourner la tête... Ah ! Et puis au diable les abricotiers ! Nos lèvres se joignent, enfin, doucement. Elle se serre encore, se frotte doucement contre moi, ma main parcourt son dos, et relève délicatement sa robe de chambre. Elle est nue. Je la caresse. Ses doigts montent et

descendent, augmentant progressivement leur amplitude, effleurent mon corps tendu, s'imprègnent de mon excitation naissante tout en la développant. Un frisson me parcourt, ma main se crispe sur sa fesse. J'ai envie que les choses s'accélèrent, elle aussi. Mais l'impatience est contrecarrée par la satisfaction du moment. Pour que ce ne soit pas une fois parmi d'autres, pour que nous profitions de nous découvrir un peu plus. Elle passe sur moi, assise sur mes jambes. Je lui retire sa robe de chambre, et, Soleil, ô mon Soleil ! Que de ta lumière sur la Lune je perçois les douces courbures de son corps musclé. Elle se cambre quand mes mains lui caressent les seins et descendent vers ses reins, pour l'agripper à la taille, la retourner et l'étendre sur le dos. J'éloigne les draps pour voir, pour voir son corps, pour voir ses seins, son ventre. Le caresser. J'adore caresser le ventre... Nous nous embrassons encore, et ma main, enfin, s'attarde le long de ses cuisses. Elle écarte un peu les jambes, pour indiquer, pour demander. Elle guide ma main vers elle, et de mes doigts j'écarte doucement ses lèvres humides pour lentement les glisser un peu plus profondément. À son tour ses doigts glissent le long de mon bras, de mon torse, et délicatement sous mon caleçon, pour me pousser à la limite, pour accélérer les choses. Elle s'impatiente et à son tour elle me repousse ; mon caleçon, mon tee-shirt quittent la scène pour devenir simples spectateurs. Nus, enfin, tous les deux. Sa bouche parfait mon excitation. Quelques instants, quelques secondes, je profite d'être soumis, puis je la remonte vers moi, et lui murmure à l'oreille.

- J'ai envie de toi.

Elle répond par un baiser et me glisse à l'oreille :

- Prends-moi, Ylraw, je te veux.

Elle récupère un préservatif sur la table de nuit, qu'elle avait sans doute déposé là avant de se coucher. Amours, ah mes amours, quel malheur que vous soyez associées à tant d'incertitude ! Mais ne voyez pas en cette protection de l'égoïsme, car c'est elle que je protège. Soyez persuadées qu'elle est pour moi l'un de vous, et ce n'est pas si bref et si artificiel. Et qu'en rien ce protocole ne trouble notre plaisir, et s'évapore pour mieux nous laisser profiter l'un de l'autre, autant de fois que nous le désirerons... L'instant