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Nous prenons trois abeilles bi-places et en trente minutes nous sommes déjà dans notre suite royale à l'hôtel. L'hôtel n'est pas si démesuré, et il est beaucoup plus calme que la frénésie extérieure. Je choisi une chambre de la suite avec Pénoplée, Guerd arrive à convaincre Erik d'aller avec lui, et Moln et Ulri prennent chacun une chambre. Quelques minutes plus tard Iurt arrive, et nous nous installons tous dans les confortables sièges pour écouter son compte-rendu. Malheureusement il n'a pas beaucoup progressé. Nous ne passerons pas plus tôt devant le Congrès, à savoir dans une dizaine de jours, et Guewour pas plus que les autres personnes à qui il en a parlé n'ont d'idées claires sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, la disparition de Naoma et l'impuissance des artificiels.

Iurt continue en expliquant diverse conversations qu'il a eu avec des personnes que je ne connais pas du tout mais qui sans doute doivent être importantes, ou au moins connues. Je le coupe finalement, lassé par leurs histoires interminables, ils prennent toujours des plombes pour raconter des choses futiles :

- Bon, comme apparemment on ne peut rien faire, je vais aller faire un tour. Tu viens Erik ?

Pénoplée me lance des regards noirs, Erik acquiesce et se lève, nous partons avant même que Guerd n'ait pu faire le dur choix de rester avec eux ou de venir avec nous.

Pénoplée ne bouge pas, sans doute hors d'elle de mon manque de politesse, mais qu'importe... Elle crie :

- Et vous allez où ?

Je ne me tourne même pas pour lui répondre, me dirigeant vers la sortie de la suite.

- Boah, nous balader, de toute façon on a nos bracelets enfants, alors vous n'aurez pas de mal à nous retrouver, et puis c'est vous qui gérez l'affaire, pas vrai ?

Nous prenons rapidement le couloir avec Erik pour nous rendre vers une plate-forme où nous voulons emprunter deux abeilles. Je lui fait part de mon énervement :

- Ils commencent à me prendre un peu la tête avec leur fatalisme à deux balles.

- Oui, c'est vrai que question initiative c'est pas des flèches.

Nous arrivons sur la terrasse, mais nos bracelets ne nous le permettent pas d'emprunter des abeilles, alors nous descendons jusqu'à pouvoir sortir dehors. Mais, il y a pas vraiment de dehors, tout n'est qu'un enchevêtrement de bâtiments les uns sur les autres, il n'y a même pas vraiment de sol, il semble que l'on puisse toujours descendre plus bas, difficile de savoir à quel niveau se trouver le sol originellement. Il y a vraiment des gens de partout, principalement qui discutent entre eux, des badauds, moins de gens pressés qu'à Paris, toutefois. Adama doit être une sorte de point de rencontre géant où les gens se donne rendez-vous pour se voir, une fois tous les trente ans, comme Pénoplée et Phamb.

Toutefois si nous sommes bien décidés Erik et moi de trouver quelque chose, il nous est assez difficile de savoir par où commencer, rapidement nous nous perdons dans ses rues interminables, un véritable labyrinthe en trois dimensions, je n'ose même pas imaginer quand ils avaient encore des supermarchés. Erik est tout aussi perdu que moi.

- C'est le foutoir complet, ça fait dix minutes qu'on marche et on est déjà complètement paumé.

- C'est clair, je comprends pas comment les gens peuvent se retrouver... C'est peut-être ça en fait, tous ces gens sont perdus et cherche leur chemin depuis des millénaires.

Erik sourit.

- Bah, ils ont leur bracelet, GPS intégré, j'imagine.

- C'est vrai, tu as un plan dedans, toi, moi je ne trouve rien.

- J'en sais rien, de toute façon on ne sait pas où on va, si ?

- Ben, je comptais aller faire un tour vers le Congrès, au moins pour voir.