page 194 le patriarche 195

- Mais... Je crois que...

Carole s'arrêta d'écrire mais elle ne releva pas la tête, elle retint même sa respiration. Elle sentit que Thomas allait dire quelque chose d'important, ou de nouveau, ou de très intime, et elle voulait l'entendre, ne surtout pas le couper.

- Je crois que j'étais comme hypnotisé, comme si je n'avais pas tous mes esprits, comme si quand j'étais avec elle je voulais juste être avec elle, la protéger, et que je me moquais du reste.

Carole sourit et releva la tête, elle tapota la main de Thomas en disant :

- Ça s'appelle l'amour, t'étais amoureux mon vieux, rien de plus...

Thomas se sentit bête, se pouvait-il qu'il fut seulement amoureux ? Il était sans doute toujours amoureux de Seth, oui, mais maintenant c'était différent, maintenant il avait envie de faire l'amour avec d'autre, avec Carole, Emmanuelle... Avant seule Seth comptait, il pourrait même dire que seule Seth existait, penser à une autre fille le dégoûtait presque... Après tout oui, il ne devait être qu'amoureux...

- Peut-être...

Il ne voulut pas continuer sur ce sujet. Carole posa son stylo et soupira.

- Donc bref tu ne sais pas grand chose d'elle...

Carole se recule sur sa chaise, regarda dans le vide, puis revint vers Thomas, elle n'acceptait pas que l'on ne puisse rien découvrir d'une personne en vivant quatre ans avec elle.

- Mais c'est pas possible, tu dois bien avoir des éléments, je sais pas moi, des trucs bêtes, qu'est-ce qu'elle aimait, qu'est-ce qu'elle n'aimait pas, qu'est-ce qu'elle mangeait, qu'est-ce qu'elle regardait à la télé, de quoi elle te parlait, qu'est-ce qui la préoccupait, je sais pas moi, toutes ces choses, est-ce qu'elle te faisait bien l'amour, qu'est-ce qui la faisait tripper, le sexe, la bouffe, la lecture, la couture, la mode, j'en sais rien, elle avait

bien des passions, des envies, des besoins !

Thomas resta silencieux un instant, tentant de se rappeler tous les moments passés avec Seth.

- Je ne sais pas vraiment. Elle était si gentille et si forte. C'est tellement dur à dire. Elle n'était pas fan de cuisine, on mangeait des plats surgelés généralement... Au lit c'était pas mal... C'était même bien, mais... Je ne sais pas si elle en avait vraiment envie, c'était plus moi, et encore... Quand j'étais avec elle j'avais pas vraiment envie d'autre chose que juste la prendre dans mes bras... Ou... Enfin...

- Oui ?

Thomas se sentie bête mais il se parlait plus à lui-même.

- Je crois que ce que j'aimais le plus c'est quand elle, elle me prenait dans ses bras, je crois que j'aurais pu y rester des heures. Elle avait cette chaleur...

- Mais vous ne sortiez jamais ensemble ? Même au ciné, restau...

- Très rarement, au ciné, si, de temps en temps, au restau parfois, mais on ne sortait pas vraiment. Souvent je sortais seul, en boîte, avec des potes. Elle n'aimait pas trop ça. Elle n'aimait pas trop la foule, elle n'aimait pas trop les gens. On se faisait un week-end en Normandie de temps en temps. On n'est presque jamais parti ensemble en vacances, pas plus que trois ou quatre jours.

- OK... Elle ne travaillait pas tu m'as dit ?

- Non, non elle ne travaillait pas. Mais elle n'avait pratiquement jamais besoin de rien.

- Tu lui filais de l'argent pour qu'elle s'achète des trucs ?

- De temps en temps... Enfin souvent on allait plutôt ensemble faire les magasins, elle se prenait deux trois trucs. Elle avait quelques économies, tout du moins c'est ce qu'elle disait. Pourtant on n'a toujours pas retrouvé son compte en banque, donc je ne sais pas si