page 80 le patriarche 81

- Oui, on ne peut rien vous cacher.

Elle regarda sa montre et s'exclama soudain.

- Oh, mon Dieu ! Déjà 13 heures 30. J'ai rendez-vous à 14 heures. Je suis désolée je vais devoir vous laisser.

Elle se lèva sans que Thomas ne pût même dire un mot. Elle récupèra sa veste et son sac, rangea en fouilli son cahier et ses notes à l'intérieur.

- Ravie d'avoir fait votre connaissance, bonne fin de journée.

- Eh, euh, attendez...

Elle se dirigeait déjà vers le bar pour régler sa note. Elle se retourna :

- Oui ?

Elle avait vraiment un jolie style, avec sa veste marron en mauvais état, son gros sac et ses mèches qui lui tombaient sur les yeux. Thomas n'osa pas lui demander son numéro.

- Bonne après-midi, content d'avoir discuté avec vous.

- Merci, au revoir...

De toute façon il pourrait découvrir son adresse et bien plus au bureau. Il regretta de ne pas lui avoir laissé une photo de Seth, peut-être aurait-elle pu demander à ses connaissances sur l'île si elle leur disait quelque chose. Il la regarda s'éloigner sur le port, en trottinant. Il finit son plat de tagliatelles se disant qu'il pourrait en dévorer deux autres avec le même appétit, mais il se contenta de la même crême brûlée, qui lui avait fait envie, et d'un café.

14 heures 5. Il ne savait pas quoi faire. Il n'avait plus envie de poursuivre ses recherches sur l'île, il n'avait pas pour autant envie de retourner à Paris. Il alluma son téléphone mobile, resté éteint depuis son départ. Trois messages de sa mère affolée. Il ne la rappela pas, après tout il avait bien le droit de partir en week-end où il voulait sans qu'elle le sût, il avait trente-deux ans, que

diable !

Il ne savait pas quoi faire mais il n'avait pas vraiment envie de penser à cette histoire. Il se dit qu'il pourrait profiter d'être sur l'Île de Ré pour faire un tour à la plage, respirer un peu l'air de la mer, puis il rentrerait sur Paris le soir tombé. De toute façon il ne dormait pas, autant mettre à profit ses insomnies. Il paya, regagna sa voiture, et roula de nouveau vers le phare des Baleines. Il se gara à proximité et alla marcher au bord de la mer. C'était encore l'été mais le soleil n'était plus aussi fort qu'il ne le l'avait été pendant les quelques semaines de canicule début août. Il avait bien cru alors qu'il suffoquerait dans les bureaux non climatisés.

L'air de la mer le calma, il lui rappela sa balade avec Emmanuelle en Normandie. Oh il avait tant besoin de tendresse... Il s'assit sur la plage de galets. Il y avait quelques touristes qui cherchaient des coquillages. Seth était venue sur cette île... Mais pourquoi ? Qu'avait-elle fait ?... Qui avait-elle vu ?... Il y avait forcément quelqu'un sur cette île qui avait dû la voir, elle avait bien du loger quelque part, elle avait bien dû manger, croiser des gens... Si vraiment comme il le pensait on ne pouvait pas l'oublier des gens la reconnaîtraient sans doute, mais devrait-il parcourir l'île de part en part pour espérer avoir une réponse ?

Il pourrait simplement déjà laisser une photo à quelques endroits de passage, boulangeries, supermarchés, dans l'hypothèse où quelqu'un la reconnût. Ah il ne savait pas. Il était tellement perdu. Voulait-il continuer cette enquête ? Ou voulait-il tout oublier ? Mais comment oublier... Est-ce que sa vie serait changée pour toujours ? Seth, ô Seth... Il s'allongea tant bien que mal sur les galets et s'endormit. Il rêva de Carole et de Seth, comme si elles se mélangeaient en une seule et même personne...

Il dormit presque deux heures, il était épuisé, jusqu'à ce que son téléphone mobile le réveillât. Il regretta alors de l'avoir allumé :

- Salut c'est Stéphane, t'es où, je suis passé chez toi mais ta mère affolée m'a dit que tu avais disparu.

- Salut Stéf, non c'est bon c'est juste que je ne