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Thomas conclut qu'il n'apprendrait rien, que le vieux délirait et qu'il valait mieux qu'il allât occuper son temps à draguer Carole. Thomas se pencha et tourna la tête pour débloquer ces vertèbres cervicales. Théodore lui posa une question :

- Vous travaillez ?

- Euh, oui, bien sûr... Enfin... Oui, je travaille, j'ai un travail

- Oh, ce n'est pas si évident, tellement de gens passent leur temps aujourd'hui à jouer en bourse. Et ils croient qu'ils travaillent ! Mais ils le disent eux-mêmes, ils "jouent" en bourse. Jouer n'est pas travailler. Ils ne créent pas de valeur, ils ne font que profiter d'un système imparfait. Vous ne travaillez pas dans la bourse, au moins ?

Thomas se rappuiya contre le mur, le soleil atténuait sa sensation de fatigue. Il plaça tout de même ses deux mains sur le bord du banc et s'avança un peu, signifiant qu'il allait se lever, de peur que le vieux n'embraye sur d'autres théories fumeuses ou sur une critique interminable de tous les défauts du monde. Il lui répondit en voulant rajouter qu'il devait partir :

- Non, non...

Théodore le coupa avant qu'il n'en eut le temps :

- Bien. Ne vous laissez jamais prendre à ce jeu. C'est contre toute les valeurs de l'homme, c'est utiliser les vices des autres pour s'enrichir, c'est honteux et dégradant.

Thomas se rappela qu'il y a bien longtemps un ami à lui lui avait fait acheter des actions France Télécom, il se demanda bien ce qu'il en était advenu, depuis le temps. Il avait un peu suivi au début, puis les valeurs avaient beaucoup baissé, et depuis il avait oublié tout ça, il serait peut-être temps de s'en débarrasser... Le Soleil se voila, Thomas eut un frisson, il rouvrit les yeux. Il se leva.

- Et bien monsieur, merci beaucoup de m'avoir raconté tout ça.

- De rien, jeune homme. N'hésitez pas à venir me voir si vous

avez d'autres questions.

- J'y penserai.

- Et ? Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?

Thomas qui avait déjà commencé à partir se retourna. Il pouvait difficilement refuser :

- Et bien, oui, si je peux vous aider ?

- Retrouvez son protégé, et tuez-le, sans aucune hésitation. Même si vous deviez passer le restant de vos jours en prison pour ça, vous ne le regretterez jamais.

"Mais qui était son putain de protégé ?!" Cria Thomas intérieurement, Mathieu Tournalet ? Son compte était déjà réglé...

- Oui, oui, ne vous inquiétez pas...

Thomas le remercia encore, puis le salua et regagna sa voiture. Il resta quelques secondes sans démarrer, puis secoua la tête et partit. Il était midi passé. Il pensa plus à Carole qu'à ce que lui avait dit Théodore pendant le trajet de retour.

Quand Thomas arriva à la maison de Carole, il la trouva en robe de chambre dans la cuisine, en train de prendre son petit déjeuner en lisant le Monde. Elle l'accueillit avec un sourire :

- Bonjour. Vous voyez, j'ai menti ; je me lève à peine, je n'ai même pas encore pris ma douche. Je ne vous ai absolument pas entendu partir ce matin ; je me suis même demandé si vous ne dormiez pas encore, avant de voir que votre voiture n'était plus là.

- Ah, euh, bonjour, ça va ?

Thomas ne sachant trop que dire, se dirigea vers elle et lui fit la bise, elle fut surprise et se leva, sa tartine à la main.

- Oops, pardon, je dois être toute collante ; je mange de la configure de myrtille que fait mon père, une vrai merveille, vous