proche de celle que nous désirons suivre, bien sûr ce n'est plus la même histoire quand nous devons de nouveau ouvrir la voie. Nous nous relayons Erik et moi, mais souvent les buissons ou autres lianes nous obligent à faire des détours. Naoma a la bonne idée de toujours rester face à la direction souhaitée, et nous évitons ainsi les trop grosses déviations. Quelques providentiels nouveaux fruits nous permettent de temps en temps une réconfortante et désaltérante pause. La chaleur est étouffante, nous le ressentons d'autant plus en quittant la combinaison pour faire nos besoins. Celle-ci ont une certaine capacité à isoler ou absorber notre chaleur pour donner une impression de fraîcheur. Naoma jette un oeil en arrière :
- S'ils nous cherchent vraiment, ils n'auront pas beaucoup de mal à nous retrouver, vue l'autoroute qu'on laisse...
Naoma a raison, et nous décidons alors d'être plus discrets, nous contorsionnant plutôt que les plantes pour nous faufiler. Sûrement quelques heures s'écoulent encore avant que l'habituelle pluie ne nous indique que nous avançons dans l'après-midi. Nous ne faisons pas de pause pour autant, et profitons simplement de quelques passages privilégiés ou de petites douches nous permettent de nous rafraîchir et boire abondamment. Nous parlons peu, chacun plus concentré à se frayer un passage et perdu dans ses pensées. Le soir arrive vite, et nous n'hésitons pas à le faire arriver plus vite pour justifier une pause. La journée nous a permis de capturer quelques proies, et une fois un tapis moelleux d'herbes confectionné, nous ramassons du bois mort dans l'espoir de pouvoir faire un feu, si ce n'est le soir même, au moins le lendemain matin.
Ne sachant si un tour de garde est nécessaire, nous admettons un compromis en plaçant les barres de métal en équilibre autour de nous de façons à ce qu'elles tombent si quelque chose ou quelqu'un s'approche. Je crois cependant que nous n'avons pas beaucoup dormi cette nuit là, inquiets de tous les bruissements de la nature. C'est quand la lumière du jour pointa son nez qu'enfin je m'endormis de fatigue, pour être réveillé quelques heures plus tard par les jurons d'Erik ne parvenant pas à faire du feu. Dans ce climat le bois mort pourri vite, et il est toujours humide, sans abri où l'entreposer comme nous le faisions dans la clairière, j'ai bien peur que nous devions nous habituer aux crudités... Mais la faim justifie nos
faibles moyens et les petits animaux se laissent manger, une fois dépecés et nettoyés.
La matinée ressemble à la précédente, si ce n'est que nous avançons moins vite. Vers la mi-journée nous engageons une nouvelle tentative de faire un feu, c'est un échec, et le gros lézard capturé par Erik fini tel quel dans nos estomacs, accompagné de quelques fruits pour faire passer... Soudain Naoma nous fait taire, et le temps de faire abstraction des bruits d'oiseaux et autres animaux nous entendons comme elle, un bourdonnement. Tout le monde aux abris ! Nous nous séparons pour nous glisser sous divers arbustes et broussailles. Le bourdonnement s'amplifie puis se stabilise en dessus de nous, nous sommes sans doute repérés. Commence alors une virevolte digne d'un essaim, pendant plusieurs minutes voire dizaines de minutes. Ils nous cherchent, c'est certain, mais sans doute appréhendent-ils de traverser le couvert pour venir jusqu'à nous. Ils s'en iront finalement, nous laissant quelques temps dans l'incertitude.
Je demande enfin :
- Vous les entendez encore ?
Erik répond :
- Non, depuis un moment.
Naoma s'interroge :
- Ils ont eu peur vous croyez ?
J'ai un avis moins optimiste :
- Je pense qu'ils ne savaient pas trop comment descendre jusqu'à nous, ils avaient l'air nombreux.
Nous nous relevons finalement et repartons. Naoma s'inquiète toujours :
- Vous pensez qu'ils savaient que c'était nous ?
Mais je lui rappelle que les éléments ne sont pas vraiment en notre faveur :
- Ils ne seraient pas restés si longtemps sinon, je doute qu'ils