page 440 le patriarche 441

véritable merdier, autant je regrette pas d'être là avec toi.

- Moi j'ai toujours su que tu étais cool, depuis le début.

- C'est vrai, c'est vrai que tu m'as fait confiance depuis le début. Pourtant alors je ne te considérais que comme de la marchandise pour négocier ma nouvelle vie.

- Question nouvelle vie tu as été servi !

- Ça ! Putain ! Et pas qu'un peu ! Je me demande bien ce qu'ils font sur Terre. Matthias a dû pêter les plombs depuis longtemps. Quel pauvre naze, et dire que je suis resté quatre ans à bosser avec lui, quel con j'ai pu faire. Il doit être vert de pas me retrouver...

Je me rends compte que je ne connais pas du tout la vie d'Erik.

- Tu as fais quoi avant ?

- Avant de bosser pour Matthias ? J'ai bossé pour d'autre gars, je me suis fais ma petite réputation dans le milieu quoi...

- Tu es né en Australie ?

- Ouais, une banlieu pourrie de Sydney, j'ai fait des études tant que j'ai pu, tu vois à quoi ça mène !

- Tu as fais quoi comme études ?

- J'ai un master de sociologie, j'allais faire un Ph.d quand j'ai tout plaqué.

Je suis vraiment surpris.

- Un master en socio ?! Whaou ! Pourquoi tu as tout plaqué ?

- À ton avis, pourquoi un mec plaque tout en général ?

- Pour une fille ?

- Bingo ! À Sydney j'avais beau me démerder pour les cours ça ne

me dérangeait pas de faire des petits boulots pour des potes du milieu. J'avais déjà des pressions pour arrêter les cours et me mettre à plein temps pour eux. Avec Melissa ça a changé, elle m'a fait sortir de tout ça, redevenir clean. Puis elle est partie à Melbourne, juste après mon master, je l'ai suivie. Comme je ne pouvais pas avoir d'équivalence la première année, j'ai commencé les petits boulots, clean au début. Elle m'a plaqué, c'est devenu moins clean, je ne suis jamais remonté...

- Pourtant tu voulais redevenir clean après Matthias ? Tu as quel âge au fait ?

- Trente-quatre ans. Peut-être trente-cinq maintenant. Oui je voulais redevenir clean, arrêter toutes ces conneries. Tu sais combien j'ai buté de mec, Ylraw ?

- Non. Beaucoup ?

- Treize... Il y a des fois j'étais tellement en galère que j'étais prêt à tuer pour mille dollars, tu te rends compte !?... Finalement ce monde n'est peut-être pas si mal à côté...

- Je suis persuadé qu'il est mieux, que les gens sont plus heureux, plus libres, c'est juste qu'on ne comprends pas encore vraiment la façon dont il fonctionne.

- Ça me fout un peu les jetons quand même, de me sentir enchaîné...

Nous restons silencieux un instant, nous arrivons dans la grande pièce où nous avons pris notre petit-déjeuné le matin. Le jour s'est déjà bien assombri. Nous nous asseyons et commandons un petit encas. C'est vrai que ce monde est quand même sympa sous certains abords :

- Tu vois c'est quand même bien foutu, tu n'as rien à payer, rien à faire, juste tu t'assois et tu commandes ce dont tu as envie.

- C'est sûr qu'il y a des bons côtés, je ne reviens pas là dessus. Peut-être aussi que nous sommes un peu seuls...

- Naoma te manque.

- Je crois.