évolue et se regénère au fil du temps. Ce qui fait qu'un bâtiment très ancien, comme celui du Congrès, même s'il a été construit il y a des milliers d'années, change petit à petit de forme, de couleur...
Les bâtiments du Congrès ne sont pas très hauts, contrairement à la plupart des constructions à proximité du Congrès, plus récentes. Pendant longtemps un périmètre de plusieurs kilomètres entourait le Congrès, en souvenir d'époque plus troubles ou certains séparatistes tentaient de faire pression pour leur indépendance. Je grimpe jusque sur le toit, leur sommet est constitué d'une belle terrasse généreusement illuminée par le micro-climat artificiel de la bulle entourant le Congrés et son parc.
Je m'installe au soleil d'Adama, je ferme les yeux, et, après avoir demandé un simple voile anti-ultraviolet à mon vêtement, je m'imagine l'espace d'un instant sur la terrasse de mes parents, sous les doux rayons de mon Soleil. Le système d'Adama et sa lune ressemblent beaucoup à la Terre, Adama est simplement un peu plus grosse, et sa durée du jour, divisée ici en trente-six périodes, doit correspondre je pense à une journée d'un peu moins d'une trentaine de nos heures. J'avais estimé un trente-sixième à environ quarante-cinq minutes. L'année est environ soixante pourcent plus longue qu'une année terrestre. Adama est aussi plus éloignée de l'étoile du système, mais cette dernière étant plus grosse que notre Soleil, le résultat climatique est proche de la Terre, d'autant qu'Adama est aussi recouverte d'océan à près de soixante-dix pourcent. Il m'est difficile de comparer les températures, car j'imagine que la pression d'Adama est plus importante que celle de la Terre, changeant ainsi la température de solidification de l'eau tout comme sa température d'évaporation. Toutefois la température moyenne de la planète me semble de l'ordre de grandeur de celle de la Terre, à quelques degrés près, certainement.
C'est incroyable à quel point il est difficile de trouver des moyens de comparer nos deux systèmes de mesure. Notre unité de distance, le mètre, étant basé sur la vitesse de la lumière et la seconde, il me faudrait me rappeler la définition exacte de la seconde, or je ne souviens que vaguement qu'elle est définie à partir d'un certains nombre d'oscillations, ou de transitions, me semble-t'il, entre les deux niveaux hyperfins de l'atome de Cesium 133, et encore, je ne suis pas persuadé de ce dernier point. Je peux
bien sûr espérer que mon clone reproduit fidèlement ma taille d'origine, ce dont j'ai l'impression, mais je ne pourrais en être certain à deux ou trois centimètres près. Pour la température, difficile de se baser sur les changements de phase de l'eau sans connaître la pression. Je peux toutefois estimer cette dernière en me basant sur la pression terrestre en millimètres de mercure. Pour la masse ce n'est pas simple non plus. Difficile de redéfinir exactement un kilogramme. Je crois me rappeler qu'auparavant la définition du mètre correspondait au dix millionième du quart du méridien terrestre, et le kilogramme comme le poids d'un décimètre cube d'eau à une température de quatre degrés Celcius, défini grâce au mètre. Cette masse est conservée il me semble sous la forme d'un cylindre de platine sous verre je ne sais où. Aucune chance que cette définition me serve ici puisque je ne suis pas sur Terre. Ensuite, si je ne dis pas de bêtise c'est un certain multiple d'une longueur d'onde dans le vide d'une radiation d'un atome de kripton, je ne saurais dire quel isotope. Et pour finir la définition actuelle fut adoptée, à savoir la distance parcourue dans le vide par la lumière en un deux cent quatre-vingt dix-neuf millionième sept cent quatre-ving douze millième et quatre cent cinquante-huitièmes de seconde. J'avais appris ce chiffre par coeur étant gamin, mais quand on se rappelle plus ce qu'est vraiment une seconde, l'utilité est réduite. Bref, à part y aller au feeling, je n'aurai pas de comparaisons précises...
J'ai dormi presque toute la journée, pourtant après mon repas et sous les rayons du soleil je me laisse aller à une petite sieste. Mais je ne suis pas spécialement fatigué et je ne dors pas plus que deux ou trois sixièmes, ce qui doit faire dans les vingt minutes, le temps d'un sommeil léger. Bien installé, même si quelques envies d'aller trottiner me démangent, j'entreprends une conversation intérieure avec mon précepteur.
"Tu as ta pensée propre ou tu n'es qu'une facette d'un artificiel centralisé."
"Un peu les deux, j'ai à la fois une autonomie et la capacité de bénéficier de l'expérience et des informations des autres artificiels."
"Tu es relié par quel moyens aux autres ?"