page 48 le patriarche 49

l'homme qui s'est jeté par la fenêtre. Le gardien court vers elle et je l'entends jurer, laissant présager que mon agresseur s'est enfui. Il accourt par la suite vers moi. Il me demande si je vais bien.

- Tout baigne...

Lui dis-je en crachant du sang.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ? Il vous voulait quoi ce type ?

Pour l'instant j'ai une aiguille de cinq ou six centimètres plantée dans le bide et je crache la moitié de mon sang. De plus je ne serais pas étonné d'avoir aussi un bras cassé ou l'épaule démise, alors j'ai d'autres soucis que savoir ce que me voulait ce gars.

- Il voulait m'offrir des fleurs, mais j'ai refusé.

- C'est vrai ? Vous êtes sûr ?

Je m'énerve pour de bon.

- Mais bordel j'en sais rien ce qu'il voulait ce mec ! Il voulait me buter, c'est pas assez clair comme ça ! Ça vous arrive souvent de tabasser les gens et leur trouer le bide à leur faire pisser le sang avec autre chose en tête ! D'ailleurs vous voyez pas que je suis en train de perdre tout mon sang bordel, ça vous viendrait pas à l'esprit d'appeler une infirm... Kof ! Kof !

Je m'étouffe à moitié avec mon sang en hurlant. Mais l'infirmière arrive déjà et avec l'aide du gardien, elle me replace sur le lit. Elle me retire l'aiguille du ventre. J'ai quelques contractions quand elle nettoie avec un coton ou un tissu imbibé d'alcool ou de désinfectant. Je ne veux perdre connaissance à aucun prix.

- Détachez-moi !

Je les supplie mais le gardien refuse.

- Mais il va revenir !

Le gardien s'approche de la fenêtre avant de répondre.

- Ouh ça m'étonnerait, avec la balle que je lui ai tirée dans le dos ! Nous ne sommes qu'au deuxième étage, mais il y a bien trois ou quatre mètres de haut. Il ne va sûrement pas faire long feu. De plus je vais appeler sur le champ le poste de police, et dans quelques instants ils seront sur place.

- Si ce n'est pas lui qui va revenir, il y en aura d'autres. Détachez-moi, je n'aurai pas autant de chance la prochaine fois...

L'infirmière est de mon avis et me soutient.

- C'est vrai, détachez-le donc, que peut-il bien faire dans l'état où il est ? Regardez-le, il ne peut même pas bouger.

- Désolé, je ne voudrais pas me faire taper sur les doigts.

C'est sans espoir, ce froussard ne changera pas d'avis. L'infirmière prend soin de moi. Je pars dans quelques rêvasseries. Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire. Comment pourrais-je m'en sortir ? Ils me retrouvent toujours. Et ce marabout, où peut-il bien être, comment le retrouver dans une si grande ville ? Cette histoire est démente... Comment le retrouver, c'est impossible, j'aurais dû m'en douter depuis le début... J'ai plus envie d'aller directement à l'Ambassade française et me faire rapatrier, ne serait-ce que pour prendre du repos et mettre un peu d'ordre dans ma tête. D'autant plus que je n'ai plus ni papiers ni argent ici et que je ne pourrai pas m'en sortir très longtemps, surtout dans l'état où je suis. Je demande l'heure à l'infirmière. Il est 2 heures 30 du matin. Je n'ai pas eu le temps de voir mon agresseur, mais au vu des méthodes je parierais pour un copain de celui du Mexique. Mais que me veulent ces gars, pourquoi ne pas me tirer une balle dans la tête directement s'ils veulent me tuer ? Cherchent-ils à m'intimider, à me faire abandonner ? Mais c'est eux qui me courent après, que pourrais-je bien leur avoir fait ? En pensant cela je me remémore le vieil homme dans la pièce où j'étais retenu prisonnier après mon arrivée à Sydney. Il a dit que je m'acharnais sur eux. Est-ce vraiment le cas ? Est-ce que par le simple fait que je recherche ce marabout et que je cherche à comprendre ce qu'il se passe, cela les met en danger ? Ne serais-je pas plutôt un guignol dans l'histoire, manipulé par