Teegoosh fut un peu désorienté par la réponse de Mélinawahasa.
- Je persiste à penser que la plupart des gens se moquent du pouvoir et de leurs compatriotes, et que les impliquer à tout prix dans les décisions communes est une erreur.
- Ceci est la porte ouverte à toutes les dérives autoritaires du passé !
- Je n'ai pas dit non plus qu'il fallait donner le pouvoir à n'importe qui.
- Comment choisir ?
- C'est bien le problème. Mais vos avis, tels qu'ils sont actuellement, n'apportent pas la solution, car le pouvoir dans la Congrégation passe par bien plus de méandres que les avis seuls.
- Pourtant la gestion du pouvoir dans la Congrégation se passe plutôt bien.
- Pas mieux qu'ici.
- Ici rien n'est plus normal, votre équilibre n'est pas encore revenu.
- Oui, nos frères nous manquent toujours...
Mélinawahasa se rapprocha un peu de Teegoosh, et lui passa la mains sur la joue.
- Vous me manquez aussi, Teegoosh.
Teegoosh la prit dans ces bras, Sarah sourit en voyant les deux formes ne faire plus qu'une, Maroufasse baissa les lumières. Parfois Teegoosh détestait Mélinawahasa, dans ses oppositions incessantes, dans sa réticence à admettre ce qu'il disait, dans ses choix si égoïste, dans son indépendance injurieuse. Pourtant il l'aimait plus qu'il n'avait jamais aimé aucune femme, plus qu'il ne se le serait jamais permis avant de la rencontrer. Car il savait qu'elle ne laisserait pas son amour devenir un béatitude monotone, et qu'il devrait sans cesse se battre pour le mériter.
Mélinawahasa n'était pas très grande, mais elle dépassait
Teegoosh, lui-aussi plutôt petit. Elle demanda à Teegoosh de la serrer fort dans ses bras. Elle se sentait si seule. Sa petite fille ne lui permettait pas encore d'avoir un retour d'affection. Elle aimait Teegoosh, pas parce qu'il lui tenait tête, tous les hommes de caractère tiennent tête, mais parce qu'il était beaucoup plus attentionné qu'il ne le paraissait, et parce qu'il le deviendrait sans doute encore plus. Elle savait qu'il était important qu'il passât du temps avec sa fille, qu'il apprenne, avant de diriger les hommes, à déjà être père.
Ils n'avaient pas fait l'amour depuis presque un sixième. Melinawahasa en avait envie, pourtant il était encore un peu tôt pour elle, seulement deux petits sixièmes après l'accouchement. Elle avait utilisé un guérisseur pour accélérer la cicatrisation de son utérus, mais elle n'était vraiment complète que depuis quelques jours, et elle avait peur d'avoir mal. Elle savait que Teegoosh était préoccupé, trop préoccupé, et bien souvent perdu dans ses pensées, et pas vraiment là, près d'elle, dans son petit coin de chaleur à plus de cent kilomètres (cent quadri pierres) de tout voisin. Elle aimait l'isolement, se retrouver seule, loin de tout, aller chaque jour marcher dans le froid environnant, pour observer la nature tourmentée par les températures montant rarement au dessus de -12°C (descendant rarement en dessous des 40 trièmes), et plus souvent autour de -26°C (45 trièmes). Mais la situation s'améliorait un peu depuis la remise en route du générateur gravitationnel et l'aide, modérée, des artificiels. Il n'y avait encore que dix ans, il faisait bien 28°C de moins (10 trièmes de plus).
Mais ils firent néanmoins l'amour. Mélinawahasa aimait la façon dont Teegoosh lui faisait l'amour, pas tellement qu'elle avait plus de plaisir, mais il était à la fois rude et tendre, un peu timide et pourtant plutôt doué. Il redoubla de tendresse, de peur de la blesser, mais Mélinawahasa, si elle ne jouit pas, eut tout de même du plaisir et peu de douleur. Teegoosh savait l'écouter pour lui faire l'amour comme elle le désirait, mais il partait trop vite après, déjà dans ses pensées, déjà loin d'elle.
- Reste avec moi, Teegoosh.
Teegoosh fut surpris qu'elle ne le vouvoie pas. Il comprit qu'elle voulait être proche de lui quelques instants, qu'elle ne