page 340 le patriarche 341

réveiller ces saloperies, espérai-je, si les deux autres étoiles le peuvent aussi, la nuit ne suffit peut-être pas toujours.

- La super géante rouge était levée, cette nuit ? demande Énavila.

- Je ne sais plus, dis-je, je ne sais plus quand les bêtes ont arrêter de taper, il me semble qu'il faisait sombre, mais peut-être pas nuit, peut-être qu'elle était encore dans le ciel. De toute façon on verra bien.

- De toute façon on verra bien, dit Énavila, on n'a guère le choix.

Nous restons silencieux un instant. Je m'allonge sur le sol caillouteux, exténué. Je dormirais bien. Énavila va encore me faire remarquer que je suis une larve.

- Il nous faut nous reposer, oui, s'accorde Énavila, mais il nous faut d'abord tenter de récupérer de la viande du gros lézard, pour manger aujourd'hui et peut-être demain.

Elle n'était pas complètement contre l'idée de se reposer, elle doit être aussi fatiguée. Elle s'est plus battue que moi. J'ai un peu honte.

- Allons-y, lui dis-je, descendons.

Je me relève et je descend doucement vers le lézard, j'ai encore l'appréhension qu'une de ces bestioles se réveillent ou sorte subitement de l'eau. Énavila me suit, Sarah n'est pas très chaude.

- Si tu restes là-haut, crie-je à Sarah, essaie peut-être d'aller un peu vers l'entrée du passage pour voir si d'autres bêtes ne viennent pas.

"D'accord, nous syme-t-elle."

- Tu n'aurais pas dû lui dire ça, me dit Énavila, elle va encore se paumer.

- Tu n'est pas très cool envers Sarah, elle est un peu timide mais elle n'a pas peur.

- Elle est morte de trouille.

- Et après, moi-aussi j'ai peur, t'as pas peur toi ?

Elle ne répond pas. Nous allons voir la tête du lézard, dans l'eau, il semble bien mort, il ne bouge plus du tout.

- Il faudrait qu'on fasse du feu, dis-je.

- Tu sais faire, non ? Vous en aviez fait sur Stycchia.

- Erik y était arrivé, oui, mais on avait mis du temps.

- Et bien on essaiera, sinon on mangera cru.

Énavila arrache un bout de chair et le goûte. Elle en prend un deuxième, je goûte aussi. Ça n'a pas vraiment de goût, un peu amer, enfin, un goût un peu étrange.

- Il faudrait qu'on en coupe un bout et qu'on le monte là-haut, j'imagine qu'ici il va rapidement être dépecé par les charognards du coin.

Déjà plusieurs insectes tournent autour du lézard, presqu'aucun ne tourne autour des bestioles. Il faut dire qu'elles empestent un peu, et leur chair est comme carbonisée. Je ne sais vraiment pas la maladie qu'elles ont chopée.

Après avoir, sans succès, tenter d'arracher un bout de chair avec les pierres que nous trouvons, nous nous rendons à l'évidence qu'il nous faudra d'abord fabriquer des outils avant de pouvoir récupérer de la viande.

Je demande à Sarah où elle se trouve.

"J'ai suivi le rebord de la brèche, me syme-t-elle tout en m'envoyant les images de ce qu'elle décrit, elle reste étroite pendant presque un quatri pierre, ça monte un peu, on passe une crête, puis elle s'évase sur l'autre versant. Plus qu'un affluent je pense que c'était le cours initial de la rivière, qui à dû changer. Le versant est constitué d'une grande prairie, il y a beaucoup d'animaux, une autre petite rivière semble arriver à quelques quadri pierres de là."