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Mardi 3 décembre 2002

Un peu de répit, enfin, dans ce cybercafé de Melbourne, pour prendre le temps de poser les événements. Pour simplifier la lecture, tout comme l'écriture, je vais tenter tant que possible, sauf oubli, d'écrire les péripéties dans l'ordre et au présent. Ceci de façon à rester dans un ordre chronologique, et de m'éviter d'utiliser tous ces temps barbares du passé que je ne maîtrise pas. De plus ceci me donnera aussi l'occasion de parler des éléments que je ne réalise qu'après coup. Par exemple l'épisode de l'homme qui vendait des bracelets et que je n'ai mentionné qu'au moment où je me suis rendu compte que je ne pouvais pas enlever le mien. Il aurait plus justement trouvé sa place auparavant. Bien évidemment je n'ai peut-être pour l'instant pas encore tous les éléments, mais j'ai l'impression, même si je me pose sûrement plus de questions que je n'ai de réponses, que beaucoup de choses peuvent être mises en corrélation dans ce qui s'est passé depuis mon départ de Paris. Je reprends donc l'histoire où je l'avais laissée.

Lundi 28 Octobre, encore trois jours de travail avant de partir pour l'Île de Ré. Je tente de me déstresser un peu du souci causé par le bracelet ; après tout quand je le prends sans me poser de questions je me sens plutôt bien. Je fais l'effort de me concentrer sur le boulot, et reste un peu tard pour discuter et pas me retrouver seul. Comme d'habitude le soir repas avec les couche-tard du travail. Mardi, mercredi, même histoire, il fait moyennement beau ; je prépare deux ou trois affaires pour le week-end prolongé. Nous serons cinq là-bas. Guillaume, Amaury et moi partons en train mercredi soir, et le lendemain soir Pixel et François nous rejoignent en voiture. Ils travaillent tous à Mandrakesoft. Les parents de Guillaume habitent La Rochelle. Nous allons en train jusque là, et ses parents nous attendent à la gare où ils nous prêtent une voiture pour le week-end. Ce qui est bien pratique et sympathique de leur part parce

que l'Île de Ré est un peu plus grande que ce que je ne pensais. D'autant plus que Saint-Clément des Baleines, le patelin où nous allons retrouver la maison de vacances de la grand-mère de Guillaume, est tout à l'extrémité ouest de l'île.

Un fois sur place le premier soir nous ne nous couchons pas très tôt, entre le voyage et le fait que nous discutons un peu avant de nous organiser pour dormir. La maison n'est pas très grande mais agréable, une grande pièce qui se sépare en deux, une chambre, une salle de bain et une cuisine. On peut tenir à huit dit Guillaume, et à trois ou à cinq demain ce sera tranquille. Il y a en plus un grand jardin où on peut aller faire pipi pour économiser une chasse d'eau, ce qui représente au moins vingt litres, dixit Guillaume, ce n'est pas rien, c'est le nécessaire pour une journée en Afrique.

Jeudi, je dors mal ; je vais paradoxalement à la fois tellement bien, physiquement, et tellement mal, moralement. Je ne sais pas si cela vient uniquement du fait que j'ai des remords, que je me sens coupable, faible, ou si le bracelet me donne aussi ce malaise moral. Mauvaise nuit mais je finis par faire un somme le matin, et pour une fois je me fais réveiller par autre chose qu'un rêve délirant. Guillaume est debout, Amaury ronchonne dans son lit. Après un petit déjeuner grâce aux victuailles gentiment fournies par la maman de Guillaume, nous prenons la voiture pour aller à Saint-Martin faire les courses pour les jours à venir. Manque de chance l'Intermarché est fermé entre midi et 15 heures. Nous y sommes vers 13 heures et quelques et nous décidons d'aller déjeuner dans un petit resto sur le port de Saint-Martin. Tout est plutôt tranquille et joli, il n'y a pas trop de touristes à cette époque de l'année. Guillaume reconnaît à une table une personne connue, qui a fait je ne sais plus trop quoi dans "Notre Dame de Paris", la comédie musicale. Ce doit être le metteur en scène ou quelque chose dans ce genre. Mais ce n'est pas très important.

Nous finissons par aller faire les courses, de quoi tenir quelques jours. Ensuite nous partons à la recherche de pelles de compétition pour les châteaux de sables sur la plage. Nous finissons à un magasin d'outillage où nous nous dégotons une bonne bêche et une pelle de chantier à faire pisser d'envie tous les marmots des plages.