page 152 le patriarche 153

me faire un pansement.

- Et toi ta jambe ? C'est la gauche, c'est bien ça ?

- Oui, bien amochée je pense, mais je peux encore conduire.

- Il faut que nous trouvions un moyen de te retirer cet émetteur, sans ça ils nous retrouveront toujours.

- C'est de la foutaise cet émetteur, je n'en crois pas un mot. Et puis pourquoi nous, même si c'était vrai, tu n'en as pas toi, d'émetteur, pourquoi ne te barres-tu pas de ton côté ? Tu m'as sorti du parking, tu aurais pu me laisser en pâture aux autres. En contrepartie je me dois de te laisser partir.

Erik a raison. Dans l'action je m'étais lié à lui comme si nous faisions équipe. Mais qui est-il si ce n'est la personne qui m'a mis dans cette pagaille ? Après tout que lui devais-je ? Quelle raison me poussait à croire que nous étions alliés ? M'inspirait-il confiance ? Pensais-je avoir plus de chance de m'en sortir avec lui ? Il est vrai que je le trouvais plus digne de confiance que Matthias, tout en étant sûrement plus malin. Certes il était dans le camp des méchants, des bandits, sans doute mêlé à des affaires de drogue ou de meurtres. Mais de quel méchant parlons-nous ? Et que penser du bien et du mal, maintenant, dans ce bazar ? N'était-ce pas des policiers qui m'avaient poursuivi à Sydney ? Et cette organisation, présente semble-t-il dans toutes les arcanes du pouvoir, où est la place des justes désormais ? Non, trop peu d'amis ou d'aides ont croisé ma route, et je ressentais qu'Erik pouvait m'aider.

- Bon alors je te dépose où ?

Ne répondant pas à sa précédente remarque, Erik avait pris pour acquis que j'acceptais sa description des choses.

- Tu ne me déposes nulle part, pas pour l'instant tout du moins. Dans un premier temps nous allons tenter de te virer l'émetteur et de soigner ta blessure, et après tu pourras faire ta vie. Et me fais pas chier avec pourquoi je fais une chose pareille. C'est comme ça c'est tout.

Erik ne semble pas mécontent de ma décision.

- OK. On va aller dans une planque à moi pas loin d'ici. C'est l'appart d'une copine j'ai les clés elle est en vacances, on pourra jeter un oeil à nos blessures, et ensuite... Ensuite j'en sais rien.

- Tu vas retourner voir Matthias ?

- Non, Matthias est un con, ça fait longtemps que je voulais me barrer. Je pensais que ces quatre cent cinquante mille dollars était l'occasion rêvée, mais bon, s'il n'y a pas d'argent, je ferai sans.

- Tu ne crois pas qu'il va croire que tu t'es barré avec le blé ? Tu devrais au moins lui dire que tout a foiré pour qu'il te laisse tranquille, non ?

- C'est vrai, tu as peut-être raison, enfin je verrai.

- Et tu vas faire quoi après, seul ?

- J'en sais rien, mais cette vie me fait chier, j'ai envie d'autre chose, plus grand, plus je ne sais pas quoi. Enfin j'en sais rien... On s'en fout après tout... Et toi ?

- Je vais tenter de retourner à la boulangerie voir Martin et quand même essayer de prendre l'avion pour retourner en France. Je ne sais pas trop comment je vais faire sans papiers mais peut-être que j'aurai plus de chance au consulat cette fois-ci. Une fois en France, j'essaierai de prendre contact avec des journalistes pour me faire connaître et me protéger des personnes qui me poursuivent, ou alors j'irai me terrer dans un coin paumé pour me faire oublier. Mais tout reste très flou et je ne sais vraiment pas où va me mener cette histoire. Ces trois dernières semaines je pensais m'être tiré d'affaire, mais depuis hier soir tout a rebasculé, et franchement je suis complètement perdu...

- L'histoire que tu nous as racontée hier soir était vraie ?

- Oui, tout était vrai. J'ai un peu insisté sur le fait qu'ils sont très puissants, et enlevé quelques parties difficilement