page 412 le patriarche 413

Quelques jours de plus. Cinquante-cinquième jour. Cette forêt est beaucoup plus dangereuse que la première, et à maintes reprises nous surprenons un léopard ou un autre félin à roder autour de nous, et nous avons dû déjouer les attaques de certains téméraires d'entre eux à deux reprises, ce qui valu à Erik une belle balafre, et à Naoma et moi un bon festin. Nous avons de quoi nous défendre et nous nourrir ; haches, gourdins et lances qui nous fournissent viande à profusion, et sécurité lors de nos déplacement. La pluie est suffisamment fréquente pour que nous ayons toujours suffisamment de quoi boire. Nous nous séparons peu, et même nos toilettes sont aménagées un peu plus loin dans un coin protégé, et nous n'y allons jamais tout seul.

Nous n'envisageons pas pour autant de rester ici éternellement, et maintenant que nous avons de nouveau récipients, armes, peaux de bête pour nous protéger du froid et fabriquer des gourdes, nous préparons notre départ. Je vais aussi beaucoup mieux, mes blessures sont cicatrisées et me valent une belle panoplie de croûtes, si jamais je peux retourner sur Terre avec de telle marques, je pourrai plus que pavaner en vantant mon combat avec un léopard. Nos explorations et l'expérience de la vie ici nous conforte dans l'idée que rester proche de la falaise rendra notre progression plus rapide, plus sûre même si le terrain est un peu plus accidenté. Nous n'avons pas trouvé de traces de civilisation, mais nous pensons qu'à une centaine de kilomètres vers le nord nous pouvons trouver un village, il nous a semblé par moment distinguer des petits points noirs se déplaçant dans le ciel, et les nuits claires une douce lueur teinte parfois légèrement le ciel nocturne, du moins nous en convainquons-nous...

C'est ce jour de départ, alors que j'accompagne Naoma aux toilettes, qu'elle me parle d'Erik.

- Franck, je peux te poser une question ?

Quelque chose ne doit pas aller.

- Et bien oui, tu as toujours pu me poser des questions jusqu'à présent, non ?

- Oui mais c'est un peu particulier, c'est à propos d'Erik.

- Que t'a-t-il fait encore ? Des misères ? Pourtant vous avez l'air de mieux vous entendre.

- Non non il est très gentil, et je crois que tu avais raison, c'est un gars bien, non c'est plus sur tes sentiments vis-à-vis de moi.

- Je ne comprends pas, qu'est ce que tu veux dire ? Que vient faire Erik dans cette histoire ?

- Et bien, je me demandais si tu m'avais tout dit sur tes sentiments pour moi ?

- Tout dit ? Comment ça, tu penses que j'éprouve certaines choses que je ne t'ai pas dites ?

- Non, je ne sais pas, je me demande...

- Si tu me le demande, c'est que tu le crois ou l'espère...

- Peut-être, tu ne veux pas répondre ?

Oh, ça va encore mal se finir... Restons vague.

- Je pense que je t'ai tout dit, oui. Une certaine forme d'attachement et de tendresse communément appelée amitié.

- Rien d'autre ? Pourquoi tu as dit avec tant de certitude que tu ne voulais plus faire l'amour avec moi ?

- Pourquoi tu me poses toutes ses questions ? Erik t'as déclaré sa flamme et tu dois lui répondre, c'est ça ?

- Oh, mais ? Il t'en a parlé ?

- Non.

- Mais comment as-tu deviné ?

- C'est pas sorcier, nous sommes trois ici je te rappelle, pour que tout d'un coup tu veuilles savoir précisément s'il n'y a plus d'espoir avec moi, c'est que tu es face à un choix, sinon, malheureusement je pourrais dire, tu aurais continué à espérer.