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d'apprendre que le procureur avait demandé au commissaire de classer l'affaire sans suite. Stéphane en fut enragé, et tout l'étage l'entendit hurler dans le bureau du commissaire. Mais rien ni fit, Mathieu Tournalet avait des moyens et des relations qui dépassaient largement ce que pouvaient initialement imaginer Thomas et Stéphane. Mathieu Tournalet pouvait faire plier les lois. Mathieu Tournalet ne craignait rien de personne, et il était protégé par de nombreux appuis parmi les puissants.

Le procureur céda, le commissaire céda, et finalement Thomas pensa y trouver son compte. Il se sentit libre, libre de pouvoir reprendre une vie normale, libre de pouvoir oublier cette enquête, libre de la charge qu'il s'était imposer en l'acceptant. Il passa le reste de la journée à ranger et classer les documents, presque guilleret de reléguer toute cette paperasse dans des dossiers qui ne seraient plus jamais ouverts. Ils ne virent plus Stéphane de la journée.

Quand il rentra chez lui, Thomas eut envie de sortir, il alla au cinéma, puis en boîte de nuit. Il alla seul, mais cela ne le dérangeait, pas, même du temps de Seth il lui arrivait de sortir seul. Elle n'aimait pas trop les boîtes de nuit, de toute façon. Thomas avait connu une époque où il sortait une à deux fois par semaine, désormais il ne sortait pas plus d'une fois par mois, mais cette ivresse de s'abandonner sous la musique trop forte lui manquait. Il ne rencontra pas vraiment quelqu'un ce soir là, mais dansa dans une proximité évocatrice avec plusieurs filles échauffées. Il rentra seul mais cela lui convint. Il voulut prendre des vacances, il voulut rejoindre Carole, sur l'Île de Ré, il se rappella d'elle. Il prit un somnifère pour fêter cette journée, et s'endormit rapidement pour une longue nuit qui marquerait, il espérait, le début de sa nouvelle vie...

Le lendemain matin il dormit jusqu'à 11 heures trente. Il se réveilla de bonne humeur et alla voir sa mère, il ne l'avait pas vraiment vue depuis plusieurs jours, et il accepta son invitation à déjeuner. Sa mère fut surprise et contente de cette attention. L'après-midi il alla au centre commercial de Velizy, il fit de nombreuses courses, il n'en avait pas faites depuis plusieurs semaines. Il passa chez un coiffeur et il s'acheta un nouveau jeu pour sa console. Il resta presque quatre heures à tourner dans le magasin, se trouva aussi de nouvelles chaussures, ainsi que deux DVD. Il appela

des amis à lui, avec qui il sortait de temps en temps, pour leur proposer d'aller en boîte de nuit le soir, ils acceptèrent. Il repassa chez lui, fit une partie de son nouveau jeu, s'habilla avec ses nouvelles chaussures et partit rejoindre ses amis pour dîner sur Paris. Il allèrent ensuite dans deux boîtes de nuit, et il ne rentra chez lui que vers 13 heures, qu'après avoir dormi quelques heures chez ses amis, qui habitaient Paris, pour laisser passer son alcoolémie. Il mangea et dormit encore trois heures jusqu'à 17 heures, puis finit la journée en jouant à son nouveau jeu. Il se commanda une pizza et termina la soirée en regardant les deux films du dimanche soir sur TF1.

Il mangea un paquet de cookies avant de se coucher, il savait que c'était mal, et qu'il avait déjà dû aller deux fois chez le dentiste l'année précédente, mais pour ce soir il s'en moquait. Il alla se coucher dans sa chambre, celle où était morte Seth, en se disant que cette histoire était terminée, que ces cauchemars étaient passés, et que désormais il ne les laisseraient plus revenir...

Il la vit entrer, doucement, dans la chambre, dans le noir. Ses yeux brillèrent un instant. Elle était là, debout, le visage livide, sa blessure au cou comme une marque du démon. Il était paralysé par la peur, il se recula dans son lit, en sortit, elle s'avança vers lui. Il voulut saisir son arme, mais elle lui barra le passage. Quand il fut bloqué dans le coin de la pièce, elle lui saisit le bras, il sentit sa peau glaciale. Il voulut la frapper pour s'enfuir mais elle plaça sa main sur son flanc et il sentit une brûlure terrible, il cria mais la douleur ne s'arrêta pas, il cria encore mais il sentait son corps se consumer, brûler sous sa main.