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une cave où il m'attache à une conduite. Je le supplie de ne pas me laisser les menottes et de simplement fermer la porte, mais celle-ci n'étant pas très solide d'aspect, il sait comme moi que je la fracturerai en peu de temps. Ce n'est pas tant m'échapper que je voudrais, mais plus avoir une chance quand ils viendront me récupérer. Attaché ainsi je mourrai sans doute criblé de balles à l'endroit même où Erik me laissera.

Impossible de le faire changer d'avis, et c'est dans une position des plus inconfortable que je passe le reste de la nuit, après quelques infructueux essais pour arracher cette conduite, ou me défaire des menottes. Il devait être près de minuit quand je suis arrivé ici, et sans doute près d'une heure ou deux du matin à présent. Ah quelle misère encore et toujours ! Comment vais-je donc ressortir cette fois-ci ? Avec une balle dans le bras ou dans la jambe, ou vraiment mort ? Qui me sauvera, encore cette fille ? Depuis que je n'ai plus l'émetteur elle ne doit plus savoir où je suis, nul besoin que je compte sur elle... Et de plus qui viendra ? Un du clan des molosses que j'ai rencontré à l'hôpital et à Sydney, ou les exécutants de ceux m'ayant fait prisonnier ? À moins que ce ne soient les tueurs qui ont tendu l'embuscade au Mexique ? Diablerie ! Je ne sais même pas qui est du côté de qui et quelles sont mes chances. C'est tourmenté et épuisé que je m'endors enfin, sans doute vers les 2 ou 3 heures du matin, alors qu'il ne m'en reste que deux ou trois avant d'être fixé sur mon sort.

Mais je dors bien plus que deux ou trois heures. Je me réveille de moi-même ; je n'ai pas de montre, et la cave étant en sous-sol sans fenêtre, je ne peux me rendre compte de la lumière du jour, mais j'ai le sentiment d'avoir dormi cinq ou six heures, ce qui ferait 8 ou 9 heures du matin, par conséquent, pas moins, et personne encore qui n'est venu me chercher, c'est étrange, encore quelque chose qui ne tourne pas rond. Erik aurait-il fui ? Se serait-il rendu compte de la supercherie et aurait-il laissé tomber ? C'est d'autant plus frustrant que d'être dans l'ignorance et la peur de mourir de faim et d'abandon plutôt qu'assassiné. Que vais-je donc faire si personne ne vient ? Cette fichue conduite est solide, je n'ai aucune chance de m'en défaire. Dans l'obscurité presque complète de plus que puis-je espérer ? Crier à l'aide ? Mais je dois me trouver dans un endroit désert. Qu'importe, je m'écrie à plusieurs reprises et écoute attentivement une éventuelle réponse. Rien. Une heure, peut-être deux,

passent. Je commence à perdre patience et m'énerve un peu sur cette conduite. Qui sait, avec beaucoup d'efforts je serai peut-être après tout en mesure de la briser.

Un bruit, quelqu'un, je coupe ma respiration et tente de discerner des bruits de pas au dessus du bruit des battements de mon coeur. Une personne s'approche. Ami ou ennemi ? Que faire ? J'attends, retenant ma respiration. Elle avance doucement. Elle s'arrête devant la porte et l'ouvre. Toutes les images de ma bagarre à l'hôpital de Sydney me reviennent, j'ai très peur et me prépare à recevoir un coup de feu. Je me plaque contre le mur pour n'être distingué qu'au dernier moment. J'ai un noeud dans le ventre et le coeur qui bat à cent à l'heure.

La porte s'ouvre doucement... Erik, c'est Erik ! Je l'entraperçois à la lumière du couloir. Je souffle. Il se dirige vers moi et me détache. Il semble blessé.

- Suis-moi et ne fais pas le malin, tu ne le vois peut-être pas mais j'ai une arme pointée sur toi et pas moins que ceux qui te cherchent je n'hésiterais à m'en servir.

Une fois détaché il me fait passer devant lui. Il fait sombre mais il semble être blessé. Je lui demande ce qu'il s'est passé.

- Tu avais raison, ils n'avaient pas l'argent. Mais ils ne t'ont pas toi non plus et ils devront payer !

- Ils t'ont laissé partir ?

- J'ai réussi à leur fausser compagnie plutôt !

J'ai soudain un doute, et s'ils lui avaient inséré un émetteur ? Je lui demande s'il a senti comme une piqûre, comme un éclat alors qu'ils lui tiraient dessus.

- Oui en partant ils m'ont tiré dessus et m'ont manqué, j'ai senti quelque chose comme une piqûre au mollet, mais ce n'était pas une balle, pourtant.

Je me retourne et m'écrie :