d'avancer on se retrouve toujours au même point, seul. Quel est l'intérêt ? Quel est le but de toutes ces choses ? Je me moque du passé, c'est le présent qui m'intéresse, et à chaque fois que je m'en rends compte, je suis triste, n'y aurait-il donc que la tristesse qui nous montre le temps qui passe ? Pas de câlin. C'est ma faute, ce n'est pas ma faute, c'est la faute à qui ? À quoi ? Et pourquoi cela fait mal ? Qu'est-ce-qu'on peut bien gagner en une journée ?
Se laisser vivre, le rêve de beaucoup, n'est peut-être finalement que le plus grand des cauchemars. N'avoir qu'une vie inutile, remplie de plaisirs éphémères et sans portée. Mais où est donc ce qui est écrit dans ces livres ? Où est donc cet amour ? Cette motivation ? Ces grandes choses que l'homme est sensé faire ? La morale et l'éthique, le respect de l'individu, les conventions, les protections, les associations, les droits égalitaires... Ne seraient-ils pas, finalement, ce qui aseptise notre diversité, et nous réduit à n'être qu'un citoyen monotone, mono-goût, monoculture ? Je n'ai pas envie, moi, d'être comme les autres, traité comme les autres, ignoré comme les autres. Qu'est ce que j'ai fait, dans cette journée, que je pourrais raconter plus tard, sans avoir la triste impression qu'elle n'était, finalement, qu'une journée si banale qu'elle résumait à elle seule la vie de la majeure partie de l'humanité.
Se laisser vivre, c'est mourir prématurément.
Pourtant il est si dur d'être tout le temps, en permanence, attentif. N'a-t-on vraiment droit à aucune faiblesse ? Restera-t-on vraiment si seul ? Il est des douleurs qui sont toujours les mêmes, et dont on se lasse presque tellement on les connaît, presque en nous, presque nous. Il est dur d'aimer, peut être pas aussi dur de ne pas aimer, mais qu'importe, puisqu'au final tout revient toujours au même.
Samedi 21 juillet 2001
21 juillet, 2001, 15 heures 14, j'ai perdu, une fois de plus. Pourquoi l'espoir est-il toujours là ? Comme s'il ne servait qu'à alimenter la douleur.
Je ne sais plus trop ce qu'il faut faire, ce que je dois faire, et pourquoi. Pourquoi je suis là, pourquoi j'ai choisi cette route et
où elle me mène. Je me suis longtemps dit, pendant ces moments, que la voie ne pouvait être faite que de solitude, et malgré tous les efforts, je n'ai jamais pu, réellement, me prouver le contraire. J'aimerais parfois m'arrêter, juste là, attendre, ne plus avoir à réfléchir, ne plus avoir à encaisser, juste me reposer. Ne peut-on vraiment créer que dans le tourment ? Dans la peine et la rage, n'y a-t-il que ces sentiments comme combustible à la créativité ? Le bien ne sortirait-il que du mal ? Je suis fatigué de tout cela.
21 juillet, 2001, 21 heures 26, la liberté est un mal, une porte ouverte à la débauche, et à l'inutilité.
Je ne veux pas que ce soit facile, je ne veux pas décider de quand j'ai envie d'aimer ou pas, d'être seul ou pas, d'être heureux ou pas. Je ne veux pas que le plaisir soit comme la télé qu'on allume et qu'on éteint, le frigo, le cinéma, la fête... Je veux mériter. Je veux souffrir pour savourer. Je n'aime pas ce monde où tout est si tendre, si proche, si facile, où quand on est malheureux ce n'est qu'un chagrin d'amour. L'homme n'est qu'une livide ineptie dans le confort. J'ai honte, parfois.
Dormir parfois donne un peu de courage, un peu de raison, un peu de quoi avoir envie de faire quelque chose. Ou au moins d'en avoir l'idée. Pas toujours. Peut-être que trop dormir, comme de trop faire quoi que ce soit, ne fait que détruire la vertu de l'action. C'est presque de ne pas avoir mal qui me le fait. C'est difficile à comprendre. C'est comme si subitement, alors que c'est toujours un peu l'esprit qui agit sur le corps, pour le rendre plus fort. Comme si subitement à trop subir c'est le corps qui devient plus fort, insensibilise, rend indifférent... Aimer est une belle chose cependant, mais il est à croire qu'elle ne survit pas au traitement qu'elle subit dans notre société moderne. Cela me tue, presque, de n'avoir plus rien, de ne sentir plus rien. Pourtant je suis triste, peut-être la douleur change-t-elle, peut-être deviens-je plus mature, et que ce n'est plus la passion qui me tue, mais l'absence de logique.
La route est longue, et semée d'embûches, heureux ceux qui peuvent la suivre longtemps...
Dimanche 22 juillet 2001