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Viper GTS, rouge en plus ! Tiens, monte sur le siège tu verras mieux la route. Et je me lance sur la longue ligne droite. Mais il ne me faut pas longtemps pour penser que ce n'est pas très intelligent de garder cette voiture. Elle doit se repérer à dix bornes à la ronde. De plus elle est peut-être marquée et ils sont en train tranquillement de préparer le barrage routier sur mon passage. Et où aller ? Ce n'est pas de conduire une super voiture qui va rendre le fait d'être un hors-la-loi sur le territoire américain quelque chose que l'on pourrait appeler un facteur de joie intense... Quoique... Quelques minutes s'écoulent, et la tension retombe. Je me demande dans quels fichus draps je me suis fourré, tout en me rendant compte que je n'y suis pas vraiment pour grand-chose, je n'ai fait que tenter de me tirer d'affaire. Je décide de rouler pendant un moment jusqu'à trouver un autre moyen de transport, délaissant l'idée de m'arrêter tout de suite et partir à pied ou faire du stop. Mais comment savoir quoi faire ? Aller à Los Angeles ? C'est là-bas que peut se trouver une autre pièce du puzzle, mais j'ai bien peur que ce ne soit un peu compromis désormais. Et quand bien même je ne sais toujours pas qui ou ce que je pourrai bien trouver là-bas. De plus je ne suis toujours pas sûr que mes suppositions soient valides, l'homme du Pentagone voulait-il vraiment partir en douce de l'organisation et rejoindre mon hypothétique allié le marabout "Truc-en-A" en Afrique ?

Je juge qu'il serait indubitablement plus prudent que je m'éclipse discrètement des États-Unis et que j'essaie de récupérer l'homme de L.A. non pas directement ici mais plutôt à son arrivée à Dakar. Maintenant que je n'ai plus les derniers cahiers, il me sera d'autant plus difficile de trouver la raison de sa visite à Los Angeles et plus rien ne m'oblige à y aller, d'autant que je ne suis plus réellement le bienvenu dans le coin. Je m'étonne moi-même de m'apercevoir à quel point j'étais persuadé de vouloir, de devoir, toujours aller à Los Angeles sans vraiment y avoir réfléchi ; mais les premières pensées sur lesquelles on se focalise deviennent souvent moins raisonnables face à une réflexion un peu plus approfondie ne serait-ce que de quelques minutes. En plus mon homme voulait peut-être uniquement régler une affaire là-bas sans rapport avec mes problèmes. Une fois décidé qu'il ne vaut pas la peine d'aller à Los Angeles et qu'il me faut partir des États-Unis au plus vite, il me reste à trouver comment. Si j'ai effectivement les policiers à ma recherche ils ne vont pas tarder à transmettre mon signalement et tout

bloquer, aéroports y compris, et je vais rester coincé ici comme un idiot. J'ai l'idée de passer au Mexique et voir une fois là-bas, le problème est que je n'ai aucune idée de la distance du Mexique à partir de l'endroit où je me trouve. Il me semble que c'est juste au sud, mais j'ai peur que ce ne soit loin, beaucoup plus que ce que je ne m'imagine. Les distances ici étant démesurées, il me faudra sans doute des jours avant d'y arriver, en comptant que je ne me fasse pas attraper entre-temps. Dans certaines circonstances cependant ces quelques jours pourraient me faire oublier un peu et relâcher les mailles du filet autour de moi. Une première étape serait déjà de ralentir mon allure et de me stabiliser à la vitesse autorisée, inutile de tracer mon chemin en déclenchant tous les radars sur mon passage.

D'autres questions me turlupinent, pourquoi Samuel a-t-il attendu que David me dise tout ce qu'il savait avant de le tuer ? Voulait-il faire en sorte que j'apprenne ces éléments ? Pourtant à quoi peuvent-ils bien me servir, savoir que cette organisation est allée à Londres, Paris, Rome, Sydney... Mon plongeon dans le lac l'a-t-il empêché de me tuer ou ne le voulait-il pas ? Comment l'organisation a-t-elle pu atteindre justement la personne de confiance en qui croyait David ? Est-il possible qu'elle ait des ramifications aussi étendues ? Plus j'en apprends d'un côté plus je suis embrouillé de l'autre. Cette histoire est vraiment folle, mais dans quoi suis-je embarqué ? Je suis si seul, qu'est-ce que je peux bien faire face à eux ? La route défile et je m'évade un peu en contemplant le paysage maintenant sauvage que je traverse. Décidément, bandit aux État-Unis au volant d'une Viper... J'ai du mal à réaliser que toute cette histoire est bien réelle... Mais comment je vais me sortir de là ?...

Je roule encore tranquillement pendant deux heures avant que la réserve de carburant ne m'oblige à chercher de quoi faire un plein. Quand on conserve une vitesse limitée la consommation est plus raisonnable que je ne le pensais au premier abord. J'ai parcouru cent soixante miles en deux heures et le réservoir devait être mi-plein quand je suis parti de Raleigh. Il est 18 heures, je décide d'aller manger un bout et de rouler encore un moment avant de m'arrêter pour la nuit. Je trouve une station-service fast-food au bout de quelques kilomètres. Un plein de carburant puis je vais me garer en face du restaurant. Je prends l'argent sur moi plutôt que de le laisser dans