Le jeune homme présomptueux perdu immédiatement son air supérieur.
- Je m'excuse belle-maman.
Elle le coupa sèchement :
- Madame Sofri, je vous prie, que je sache ma petite-fille ne vous a pas encore dit oui.
- Mais Madame Sofri, je vous rappelle au contraire que nous sommes mariés depuis deux semaines...
- PAS... DEVANT... DIEU ! Je me moque des hommes et de leurs lois, ils ne sont d'aucune confiance. Retirez-vous, désormais, je vais recevoir ces jeunes gens dignement, comme cette famille a toujours fait. Vous avez encore des manières à apprendre, Christophe.
Le jeune-homme se retira sans même adresser un regard ni à la vieille dame ni à Thomas ou Carole. La vieille dame s'adressa alors à eux :
- Veuillez l'excusez, ce jeune imprudent, sous prétexte d'un pouvoir qu'il a trop rapidement acquis, en oublie qu'il n'est qu'un être de chair et de sang, comme nous tous, et que c'est sur le respect d'autrui qu'est bâtie cette famille. Je vous souhaite la bienvenue, mais suivez-moi donc dans le salon, nous ferons les présentations une fois installés, laissons un peu de côté le protocole, si vous le voulez bien, notre époque n'est plus aussi stricte, sachons en profiter.
Ils ne firent qu'acquiescer silencieusement, tous deux impressionnés par cette vielle dame, et la suivirent dans le somptueux salon où elle les invita à s'asseoir dans des fauteuils qui parurent d'un autre temps à Thomas et sans doute beaucoup trop cher pour s'y installer sans remord à Carole. Un domestique vint aider la vieille dame à s'asseoir, et elle commanda par la même occasion trois thés à la menthe et des biscuits. Elle lui somma de même de conserver au chaud son déjeuner juste commencé. Carole comprenant qu'ils avaient interrompu son repas s'excusa aussitôt.
- Nous vous avons dérangé en plein repas, nous sommes vraiment désolés, si vous voulez nous pouvons repasser un peu plus tard ?
- Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas de toute façon avec l'appétit que j'ai que vous m'avez fait manquer quelque chose. Je suis bien plus friande de conversations que de mets, aussi bons soient-ils, désormais. Mais je vous en prie, présentez-vous.
Carole prit la parole avant même que Thomas ne put dire un mot. Elle préféra prendre les devant pour faire en sorte de ne pas irriter la vieille dame, au fort caractère, semblait-il.
- Je m'appelle Carole Menguez-Martès, je suis écrivain, mon ami s'appelle Thomas Berne, il est policier.
La vieille dame sourit.
- Ah, une écrivain ! Et c'est vous qui prenez la parole ! Désormais les femmes prennent plus le pouvoir apparent qu'elles ne le faisait dans le passé. Je ne sais pas si c'est un mal ou un bien, diriger les hommes dans l'ombre a son charme, je dois avouer. Mais l'époque change, aurions-nous une inversion des rôles ? Qu'en pensez-vous, Monsieur Berne ?
Thomas se sentit bien embêté. Carole le coupa alors qu'il s'apprêtait à répondre une bêtise.
- Nous ne sommes pas ensemble, juste amis. J'ai rencontré Thomas par hasard alors qu'il cherchait des informations sur Seth Imah. C'est d'ailleurs ce qui nous amène ici. Nous avons cru comprendre que vous la connaissiez.
- C'est juste, en effet, mais qui vous a dit une chose pareille ?
Carole hésita, Thomas répondit :
- Fabrice Montgloméris, le cousin de Mathieu Tournalet. C'est une histoire un peu compliquée, en fait.
- Je ne connais pas ces noms, étrange... Êtes-vous pressés ?
Carole répondit :
- Non pas du tout. C'est sur la demande de ce Fabrice