Finalement c'est un peu le hasard qui le fera rencontrer Mirtandalos plusieurs centaines d'années plus tard, alors qu'il avait même délaissé en partie ses recherches. Mirtandalos travaillait sur la colonisation et la terraformation de nouvelles planètes. L'humanité croissait encore à un rythme très soutenu et le besoin de nouveaux espaces était plus que jamais présent. Des dizaines de planètes étaient en cours de terraformation, et les accidents n'étaient pas rares. C'est ainsi qu'au cours d'un colloque, Eutir apprit, en discutant avec Mirtandalos, qu'une de ces terraformations tournait mal depuis qu'un vaisseau de surveillance s'était écrasé, et qu'aucune nouvelle n'émanait de l'équipage depuis plus de quatre cent trente ans.
La première phase d'une terraformation consistait principalement en une phase automatique ou des artificiels repéraient une planète aux caractéristiques favorables, s'assuraient qu'aucune forme de vie développée ne se trouvât à la surface, la morale de l'époque ne s'encombrait pas de considération envers les espèces monocellulaire ou bactérienne, et, le cas échéant, enclenchaient un processus de terraformation. Celui-ci prenant généralement des milliers d'années, l'évolution favorable entraînait la mise en place en orbite d'un centre de téléportation pour que la dernière phase soit gérée par une équipe dépêchée sur place. Parfois même, si la planète pouvait être rendue favorable à l'homme en quelques siècles seulement, et qu'elle était bien située, l'humanité pouvait ternir un peu sa morale et compromettre certaines espèces vivantes évoluées.
Mirtandalos explique à Eutir les détails de l'expérience en difficulté, la perte de l'observatoire en orbite, quand celui-ci s'est écrasé à la surface de la planète, toute récemment accueillante pour l'homme, détruisant le seul centre de téléportation présent à proximité. La planète en question, beaucoup plus éloignée que la majorité des planètes en cours de terraformation, se trouvait à plusieurs centaines d'années de distance d'une autre planète habitée à même de lui envoyer secours, rendant pour l'instant tout contact avec les éventuels survivants impossible.
En apprenant cette nouvelle de Mirtandalos, Eutir eut l'espoir fou que certaines personnes de l'équipe ait survécu au crash, et se soient trouvées dans les conditions qu'il avait toujours voulu recréer.
Il fallut attendre encore une vingtaine d'années avant que les artificiels encore opérant autour de la planète réussissent à mettre en place un nouveau centre de téléportation. Eutir avait fait part de ses espoirs à Mirtandalos, et tous deux avaient convenu de garder l'événement le plus secret possible en attendant de s'assurer de la survie, ou non, de l'équipe.
Trois éléments ont contribué au succès de l'expérience. D'une part, étrangement, les artificiels ont mis un temps démesurément long pour mettre en place un nouveau centre de téléportation, ensuite, tous les vaisseaux, sans exception, partis pour porter secours ont disparu, sans qu'aucune explication ne soit trouvée. Toutefois la perte d'un vaisseau n'avait rien d'exceptionnel à l'époque, il arrivait encore fréquemment que les générateurs à fusion s'emballent, ou que des objets spatiaux repérés trop tardivement n'endommagent la structure des vaisseaux. Les signaux de secours mettant souvent plusieurs dizaines ou centaines d'années avant d'être captés, il était souvent bien trop tard pour tenter quoi que ce soit, et nombre de navires du passé doivent encore voguer aujourd'hui dans l'espace interstellaire...
Le troisième élément ayant permis le succès de l'expérience, le plus important, est que les clones de l'époque n'étaient pas stériles. Le clonage était encore à ses débuts, et toute les dérives qui ont conduit plus tard à la stérilisation des clones n'avaient pas encore eu lieu.
Ces trois coïncidences ont contribué à la consécration des espoirs d'Eutir, en plus, bien entendu, du fait que plusieurs membres de l'équipe aient effectivement survécu au crash de la station, notamment une femme.
L'espérance de vie de l'époque, sans clonage, avoisinait les sept cent ans. Toutefois, après le crash, dans une partie du continent que vous appelez "Afrique", les conditions difficiles et les bêtes féroces ont considérablement diminué l'espérance de vie des quelques survivants.
Quand Eutir et Mirtandalos sont arrivés sur place, une communauté d'une petite cinquantaine d'individus s'était formée. Mais, malheureusement pour Eutir et Mirtandalos, les rescapés initiaux avaient réussi à sauver du crash plusieurs appareils sophistiqués,