à promouvoir et augmenter les rivalités internes des communautés humaines, en exacerbant leurs velléités, leurs divisions en classes, leurs combats de chefs. "MoKo" signifie "la lutte". Tant que les hommes se battent entre eux, ils restent inoffensifs pour les reptiles, et les codes décrits dans le MoKo, tout comme ceux détaillés dans le Moyoto, sont rapidement instaurés dans toutes les communauté humaines par les reptiliens.
Six ans plus tard le Moyoto et le MoKo sont connus par coeur par presque tous les hommes, et les reptiliens satisfaits d'un climat de sérénité et amusés par toutes les rivalités ainsi créées entre les hommes.
Mais, six ans plus tard, Guerroïk retourne dans les porcheries, pas pour y travailler, mais pour y prêcher. Et si une grande partie de sa vie fut glorifiée par les reptiliens, celle-ci les dérangent beaucoup plus. Guerroïk prêche l'union, il prêche la venue de la fin du règne des reptiliens, il prêche un événement sans précédent, qui rendra à l'homme sa liberté.
Pendant deux ans, il répandra l'espoir parmi les hommes, il répandra l'idée que les reptiliens vont disparaître, et que le moment est proche, de la grande révolte, du renversement, de la gloire de l'homme.
Deux ans de fuite, de paroles échangées sous le manteau. Deux ans d'oppression encore plus forte des reptiliens, et enfin, sa capture, et son martyr. Les reptiliens affichaient toujours avec grande fierté leur force. Et Guerroïk sera cloué sur une grande croix sur la place publique d'Eryas, une des plus grande ville reptilienne, siège de leur pouvoir.
Mais il était déjà trop tard, et Guerroïk, quelques jours plus tôt, se sentant pris au piège, avait lancé les deux mots qui allaient changer notre destinée : le MoyotoKomo. "Komo" signifie "mort" dans le langage reptilien. Et il le répétera sur la croix, autant de fois qu'il le pourra avant de mourir de faim et de soif, et que sa dépouille ne tombe en lambeaux :
- Écoutez-moi mes frères, le jour est venu, assemblez le Moyoto et le Komo, et vous serez libres !
Ce même jour, jour de la mort de Guerroïk, jour zéro de l'an
zéro de notre ère, Antara, dont je suis la représentation, jeune fille de dix-huit ans dont les doigts fins et habiles servaient à la fabrication des barillets pour les fusils de chasse des reptiliens, comprit. Je compris les paroles prophétiques de Guerroïk, je compris car je savais, je savais par coeur, depuis bien longtemps, le Moyoto et le Moko, je les connaissais et je récitai, je récitai tout haut le Moyoto et le Moko, mais, comme conseillé par Guerroïk, je récitai le Moko à l'envers, en partant de la fin.
Et chaque ligne du Moyoto se coupla à chacune du Moko, devenu Komo, et tous comprirent les paroles. Le jour était venu !
Les porcs, les porcs que mangeaient les reptiles, et que nous, les hommes, ne mangions pas, ne mangions plus, ces porcs, en plus d'avoir une meilleure viande et d'être plus gros, ces porcs rendaient les enfants des personnes qui en consommaient stériles, tout comme ils les rendaient dépendantes.
L'association du Moyoto et du Komo partit plus vite encore que les traînées de poudre de la révolte à l'intérieur même de mon usine. Spontanément ou par bouche à oreilles, en quelques jours les humains de la planète entière surent, ils surent que leur gloire était proche, et que quelque soit le temps que cela prendrait, les reptiliens étaient condamnés.
Les reptiliens, une fois qu'ils eurent compris, et plus encore quand ils purent voir qu'au bout d'une semaine sans consommer de la viande de porc ils agonisaient, la rage des reptiliens fut immense, et un massacre sans précédent débuta alors. Mais si les hommes étaient bien faibles face aux masses des reptiliens, ils tuèrent sans tarder tous les porcs qu'il purent, défiant l'autorité des reptiles, les rendant fous.
Je pris le commandement de la révolte dans mon usine, et nous réussîmes à détourner les armes fabriquées à notre profit, et elle devint le premier bastion de résistance humaine. Très vite, sous nos balles, le territoire conquis augmenta, et avec l'aide de toujours plus d'hommes la ville entière d'Estroi fut sous notre contrôle. J'ai dirigé la révolte pendant de nombreuses années, avant d'être capturée et martyrisée cruellement par les reptiles. Ma fin fut sans doute