- Ou alors il faudrait une corde, mais je ne crois pas qu'il y en ait dans le vaisseau. C'est vraiment bête parce que du haut de la gouverne arrière je suis sûre qu'on dépasse les arbres.
- Allons voir cette rivière, on verra si on trouve en chemin une liane ou de quoi nous aider.
Énavila acquiesce et nous redescendons vers Sarah. Elle ne dit rien et nous repartons sous les arbres. Ces arbres qui n'en sont pas vraiment. Ils n'ont pas vraiment d'écorce, plutôt une sorte de peau, un peu molle, noire. On dirait presque de la roche. Ils ont des branches mais leur feuille ressemble un peu à des plumes. C'est très étrange, on dirait presque des animaux. Pas grand chose pousse sous les sous-bois, surtout ces sortes de plantes à bulbes dont avait parlé Énavila. Elles ne m'inspirent pas vraiment confiance, je n'ai pas tellement envie d'y goûter.
Énavila est plus téméraire que moi, elle en arrache un et parvient à l'ouvrir avec une pierre. Il ressemble à un gros oignon, c'est jaune clair à l'intérieur, et le coeur est noir. L'odeur n'est pas géniale, un mélange entre de l'eau croupi et une vague impression de sucré. Elle lève les yeux au ciel un instant :
- Hum, il y a peut-être des composés comestibles.
- Comment tu le sais ?
C'est Sarah qui me répond.
- Le bracelet est capable d'interpréter de manière plus fine que le cerveau les odeurs.
Elle touche avec son doigt, le gant de la combinaison ayant sans doute lui aussi un analyseur de composition.
- Par contre il y a énormément de soufre.
- Tu crois que c'est comestible ?
- Je vais goûter.
Elle touche avec sa langue, mais ferme les yeux et fait la moue
en signe de dégoût.
- C'est dégueulasse !
Elle passe sa langue à l'intérieur du col de sa combinaison pour la nettoyer et retirer le goût.
- C'est vachement fort. C'est amer, ça pique, ça brûle même, aucune chance de pouvoir manger un truc pareil. Il y a pas mal de nitrates en plus du soufre, très peu d'eau. C'est astringent !
Bien sûr je ne connaissais pas le terme astringent dans la langue d'Adama. Ce terme se dit de quelque chose qui assèche et fait se contracter les tissus. Sur la langue l'impression est d'avoir quelque chose qui aspire la salive, un peu comme les dattes fraîches.
Nous laissons tomber les bulbes et continuons en direction du bruit d'eau coulante. Nous arrivons rapidement en haut d'une pente assez raide, mais la présence de ses sortes d'arbres nous facilite la descente. Il n'y en a pratiquement qu'une seule sorte. C'est un peu repoussant cette peau écorce un peu molle. Elle est froide, on a l'impression de toucher un cadavre. D'ailleurs ces arbres sont un peu souple, ils se plient quand on s'appuie dessus. Mais ils doivent secréter une substance protectrice, car nous sommes averti par la combinaison qu'il vaut mieux ne pas trop s'y frotter.
Nous arrivons finalement auprès de la rivière, qui est plus un torrent. L'eau est claire, ce qui nous rassure, il y a juste au fond des sortes d'algues orangées. Énavila trempe le doigt dans l'eau, nous attendons son verdict.
- Chier, c'est limite, beaucoup trop riche en soufre. On ne peut pas la boire telle quelle, ou alors en très petite quantité seulement.
- Ça fait quoi le soufre sur l'organisme ? On a a besoin non ? Les acides aminés soufrés, c'est nécessaire ?
- Le vaisseau pourra nous en dire plus, mais sous cette forme là le soufre peut-être dangereux, il a des effets négatif sur la vascularisation et les fonctions cérébrales. Mais il vaut mieux boire un peu de cette eau que de se laisser mourir, de toute façon. Il n'y a