page 446 le patriarche 447

"Et si tu te fais attaquer ?"

"Si je me fais attaquer, avec ou sans toi, je suis mal barré, je peux difficilement me défendre, et quand on se fait attaqué on n'a déjà bien à faire pour sauver sa peau, alors..."

"Il vaut peut-être mieux attendre quelques jours que tu puisses te débrouiller."

"Au plus on attend au plus elle sera loin, et il me faudra des semaines avant d'être sur pied pour me battre. M'attendre c'est tirer un trait sur Sarah, vas-y tout seul. C'est ce que je ferais si j'étais toi."

"Oui je sais, mais retourner vers les grillés encore plus démunie que ce que nous étions, c'est aussi un peu suicidaire pour moi."

"On peut laisser tomber. Je ne te reprocherai pas de ne pas y aller, je ne suis pas sûre que j'y serai vraiment aller moi-même, c'est risqué, et il fait encore grand jour."

"Normalement il va faire nuit bientôt, si je me dépêche je pourrai peut-être la retrouver avant qu'il ne fasse jour, et revenir ici."

"Revenir peut-être pas, mais la retrouver sûrement."

"Bon alors je n'hésite pas plus, j'y vais."

"Bon courage. Je vais tenter de rester dans le coin pendant quelques jours. Si je ne suis pas là à ton retour, c'est que j'aurai sans doute descendu le fleuve, quoi qu'il en soit, si nous ne nous retrouvons pas, je tenterai d'être ici dans un mois (deux petits sixièmes)."

"OK, à bientôt j'espère."

Elle ne répond pas et je pars sans plus attendre en direction du signal de Sarah. Je n'ai même pas fait un somme alors que je suis épuisé. Je ne pourrai pas courir deux jours dans dormir, il me faudra bien me reposer. De plus je suis parti en direction du signal mais je n'ai même pas correctement regarder l'horizon pour voir les collines et montagnes à passer, pour choisir un itinéraire. Qu'importe, de

toute façon il me faudra remonter fréquemment en altitude, parce que même pas une demi-heure plus tard, je n'ai déjà plus le signal du bracelet de Sarah.

Un peu plus de deux heures plus tard, je tombe littéralement de fatigue et je monte dans un arbre pour faire un somme à l'abri. Je trouve un grand arbre-herbe dont la tige, tordue, m'offre un siège confortable à trois mètres en dessus du sol.

Jour 393

Quatre heures plus tard, le bracelet me réveille en sursaut, des grillés ! D'après lui il fonce sur moi, il a réussi à les repérer malgré leur onde mentale incohérente parce qu'ils sont très nombreux, à moins d'un kilomètres. Mince ! Je m'apprête à sauter pour prendre la fuite, mais ce n'est pas le moment de se tordre la cheville. Je glisse le long du tronc et par en courant dans la direction opposée.

"Énavila ! Des grillés, ils me foncent dessus, je fais demi-tour, ils vont dans ta direction !"

"Merde, pourtant c'est presque nuit, comment ça se fait."

"J'en sais rien, mais d'après mon bracelet il y en a des centaines, je ne pourrais pas les combattre, je cours vers toi."

"OK je me prépare à partir avec le radeau. De toute façon tu ne seras pas là avant plusieurs heures. C'est étrange."

Énavila a raison, il fait presque nuit pourtant.

"La planète ! me crie Énavila virtuellement, c'est sans doute elle qui réfléchit suffisamment le soleil pour les activer !"

C'est vrai que le croissant de la planète, à un peu plus de la moitié, est très lumineux dans le ciel couchant. Pourtant il fait assez sombre, c'est étrange, il doit y avoir autre chose :

"Il n'y a pas l'autre étoile, aussi ?"