page 314 le patriarche 315

Erik n'est pas très convaincu.

- Mouais bouffe des plantes si tu veux moi je préférerais un peu de viande, on y va ?

Je propose de prendre les paniers :

- Reprenons les paniers si ça se trouve il y aura des champignons après la pluie ?

Et voilà notre petite expédition repartie en direction de la forêt. La pluie s'est bien arrêtée mais le sol est complètement détrempé. Toutefois l'humidité a eu pour effet de faire sortir une flopée de bestioles diverses qui courent dans tous les sens. Petite souris, lézards, insectes... Ils grouillent de toutes parts.

Je partage mon expérience des lézards :

- Si vous voyez un lézard n'hésitez pas j'en ai mangé en Australie c'est pas mal.

Naoma s'inquiète de la cuisson :

- Oui mais comment va-t-on faire du feu, en frottant des bouts de bois les uns sur les autres ?

L'idée me rappelle un film que j'avais vu en revenant d'un séjour au ski à Courchevel, à Moutier, en attendant notre train.

- Ah oui je me rappelle Tom Hanks faisait un truc comme ça dans "Seul au monde" et c'était pas super évident.

Erik toujours très terre à terre :

- Super tes références.

- T'as mieux ?

- Non mais je la ferme.

- Je t'emmerde...

Je tente de détendre l'atmosphère en changeant de conversation :

- Ça pourrait être utile si par chance la salle des WC fonctionnait pareil que la machine à bouffe de Bakorel que vous avez vu.

Naoma est écoeurée.

- Berk, quand j'y repense, dire que j'ai mangé de ce truc pendant je ne sais pas combien de jours...

- Vous êtes restés là-bas autant que ça ?

- Ben en fait on n'en sait rien, il n'y avait pas vraiment de jours et de nuits, et puis tu verras dans la suite que ce n'est pas si simple que ça.

Erik s'impatiente :

- Vous feriez mieux de tenter de trouver le dîner plutôt que de papoter.

Erik a raison et sur ce je prends la décision de quitter la voie qu'il trace pour en créer une moi-même, dans l'espoir de trouver quelques animaux. Naoma se contente elle de ramasser les fruits et autres plantes qui pourraient être comestibles. Je lui recommande cependant, comme elle n'a pas de barre, de rester derrière Erik, au cas où une bête sauvage nous attaque de nouveau. Mais la chasse est d'une facilité déconcertante. Et en moins de deux heures nous assommons deux petits rongeurs de la taille d'une marmotte et trois gros lézards aussi épais que le bras. Jugeant notre chasse et notre cueillette suffisants, et de plus le jour commençant à décliner, nous retournons vers les bâtiments et tentons de ramasser des branches de bois pas trop humides. En prévision des jours prochains nous amassons un tas conséquent de manière à disposer de bois sec plus facilement.

Mais l'épreuve du feu se révèle difficile, d'autant que le manque d'herbe sèche ou de papier ne facilite pas la tâche. Nous profitons de l'expérience infructueuse pour aussi couper de l'herbe et la mettre de côté de façon à la faire sécher. D'autant que sans outils, ni hache ni couteau, nous finissons par nous retrouver tous les trois assis autour d'un tas de branche, le regard dans le vide... Frotter des bouts de bois, faire tourner un bâton contre un autre, taper des pierres l'une contre l'autre, contre une barre