Sarah reste silencieuse un instant puis me répond :
- Non, son générateur est directement inclus dans la carcasse, impossible de le récupérer. Il lui reste un mode de propulsion opérationnel, mais il consommerait trop rapidement l'énergie qu'il lui reste, au pire on pourrait le bouger de quelques centaines de mètres (quelques tri-pierres), peut-être quelques kilomètres (quelques quadri-pierres), mais pas beaucoup plus.
- Est-ce qu'il avait fait une cartographie de la planète ?
- Sans doute, mais le crash à détruit la mémoire volatile, il ne nous reste que l'intelligence de base.
Énavila coupe court à notre discussion :
- On ne pourra rien faire de ce tas de ferraille, il nous faut bouger d'ici si on veut pouvoir s'en sortir.
- Ces sales lézards continuent à nous tourner autour.
- On peut peut-être essayer d'en manger un.
- Je commence sérieusement à avoir faim. Sarah, tu peux dire au vaisseau de ramener un lézard par ici et de le faire griller ?
Sarah reste silencieuse un instant, finalement un lézard vient s'écraser lamentablement contre la carcasse du vaisseau. Sarah le récupère et le pose sur un restant d'aile, elle nous fait signe de nous reculer :
- Je ne sais pas trop si le vaisseau est encore capable d'avoir des faisceaux très directionnels.
Énavila regarde le lézard posé sur l'aile d'un peu plus près :
- Pour l'instant il ne nous a pas encore grillé en repoussant les lézards.
- Recule-toi, Énavila, c'est un peu plus puissant pour faire chauffer, d'ailleurs on ferait mieux d'aller sous le vaisseau.
Nous nous glissons avec Sarah sous le vaisseau, en descendant du talus vers la tranchée crée lors du crash. Deux minutes plus tard nous remontons voir le résultat. Le lézard crépite encore un peu.
- Il est un peu trop cuit.
Énavila arrache un bout d'une des queues. Elle sent. Je m'approche pour sentir aussi, elle se recule :
- T'approche pas trop de moi, s'il te plait.
- Ça va, je vais pas te le bouffer !
- Ça ne me fait pas spécialement plaisir de devoir me contrôler pour ne pas te buter, alors ne me rends pas la tâche plus difficile.
- Putain mais qu'est-ce que je t'ai fait !
- Ta gueule.
- Pfff.
C'est n'importe, quoi, elle est complètement parano. Sarah ne dit rien et nous regarde loin, je prends un bout de l'autre queue et je le goutte dans trop faire de chichi. Ça n'a pas un goût très fort, ça ressemble à un mélange entre du poisson et du poulet. C'est plus élastique, un peu plus fort, ça pique un peu.
Sarah se rapproche :
- Alors ?
Énavila a aussi goûté :
- C'est mangeable, pas très bon, mais mangeable.
- T'as déjà mangé des animaux ?
Énavila me regarde froidement, comme si je la prenais pour une idiote. Je me tourne vers Sarah :
- Tu en as déjà mangé, toi ?