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Et c'est Erik qui avait raison, comme nous l'observons, la pluie terminée, dressés sur le sommet de la montagne. Montagne qui n'en est pas une, mais le rebord d'un immense cratère abritant la dense forêt que nous avons traversée, et dont le centre ou presque laisse deviner la clairière et le brillant reflet des bâtiments métalliques. Mais notre étonnement ne s'arrête pas là. Ce cratère n'est en effet pas le seul, bien au contraire, et à perte de vue nos horizons en sont emplis, séparés par une mer d'un bleu parfait. Une certitude apparaît donc, cette planète n'est pas la Terre, et au vue de tous ces cratères-îles à peine érodés, elle ne doit pas avoir été colonisée depuis bien longtemps. Ce qui est tout de même très étrange, et la roche imperméable de la surface devant expliquer le phénomène, c'est que ce soit l'extérieur des cratères qui soit sous les flots, et non pas l'intérieur, pourtant d'altitude bien moindre. Nous nous trouvons sans doute sur le plus grand cratère des environs, ce qui expliquerait pourquoi il a été choisi pour la construction des bâtiments. Nous distinguons nettement une dizaine de cratères plus petits autour du nôtre, eux-mêmes la réplique conforme de celui-ci, avec une dense forêt en leurs seins.

Cratère

Vue du haut du cratère

Nous restons de longues minutes à contempler la vue, croyant avec peine la réalité de cet étonnant paysage. C'est Erik qui le premier a l'idée de regarder vers le Nord-Nord-Est, d'où sont sensés venir les hommes-abeilles que nous avons vus.

- Ils se peut qu'ils viennent de cet immense cratère à l'horizon, il a l'air au moins aussi grand que celui dans lequel nous sommes.

Nous nous tournons tous vers la direction indiquée par Erik,

silencieux quelques secondes, puis Naoma demande :

- C'est vrai, mais comment peut-on aller jusque là-bas ?

Je m'interroge moi-aussi :

- Ça m'a l'air très loin, on dirait même qu'il est de l'autre côté de l'horizon.

Naoma imagine déjà comment faire pour aller jusque là-bas :

- Il faudrait que nous construisions un radeau, c'est pas le bois qui manque.

Erik la ramène à la réalité :

- Peut-être, mais niveau cordes et outils, c'est plus limite.

Je ramène mes références culturelles :

- Dans "Seul au monde", il fabriquait des cordes avec des lianes je crois.

Erik toujours très positif :

- Et il pétait dans l'eau pour avancer ?

Je réponds sérieusement :

- Non je crois qu'il avait des rames.

Erik rigole et me file une tape.

- Il faudra bien qu'on se débrouille de toute façon, tu as raison...

Naoma regarde le cratère le plus proche :

- On pourrait même peut-être y aller à la nage, d'un cratère à l'autre, il n'a pas l'air si loin.

L'idée ne séduit guère Erik :

- Je préfère encore tresser des cordes...