pensons tous les trois à la même chose, tenter de leur voler de la nourriture. Malheureusement les chariots, de taille assez conséquentes, sont chacun gardés par trois hommes-oiseaux en armes ; nous devrons plutôt tenter de leur voler que de les attaquer. La caravane passe doucement, ce sont deux chariots à quatre roues et un à deux roues, traînés par cette sorte de gros chien-lézard, peut-être les mêmes bestioles qui nous ont attaqués à notre sortie du premier village.
"Nous pourrions tenter de faire fuir l'attelage, avec les bracelets, et tenter ensuite de leur voler leur nourriture."
"S'ils ont de la nourriture, ce qui n'a rien de sûr."
"Ils doivent bien manger !"
"Ils ne mangent peut-être qu'une fois par jour, quand le soleil se lèvent, c'était à ce rythme qu'ils nous donnaient leurs restes."
"Peut-être aussi le prochain village est-il assez près."
Nous sommes perplexes et nous convenons plutôt dans un premier temps de les suivre, et de décider un peu plus tard que faire. Toutefois ils avancent à bonne allure, et il nous faut trottiner pour les garder en vue. Assez rapidement l'option de stopper un chariot prédomine, et nous nous rapprochons suffisamment pour que nos combinaisons de combat est une action sur l'attelage. Les gardes ont des casques, c'est sans doute ce qui rend nos bracelets doublements inactifs sur eux. La mise en déroute de l'attelage est assez simple, et en dix minutes les hommes-oiseaux ont la surprise de voir s'évanouir dans la nature leur six chiens de traîneaux. Ils sont un peu déboussolés, et la caravane s'arrête. Ils décident, à notre grande satisfaction, de laisser le chariot sur le bord du chemin, et de tous partir avec les deux autres chariots. Cela n'est toutefois pas forcément bon signe, s'ils transportent des armes ou autre chose que de la nourriture, cela ne nous avancera guère.
- Je ne pense pas qu'ils transportent des armes, dit Énavila, c'est trop lourd, ils doivent les transporter par bateau.
- Pourquoi ne transporteraient-ils pas tout par bateau, de toute
façon, c'est peut-être plutôt des choses qu'ils ont oubliées, ou alors un de leur bateau est tombé en rade, lui dis-je.
- Moi je pense que c'est de la bouffe, répond-elle.
- Tu essayes de t'en convaincre ? lui dis-je sur un ton de défi.
- Tu paries ?
- Je parie la moitié de ma part que tu te trompes, que ce sont des armes ou un truc du genre.
Nous avançons de plus en plus vite vers le chariot au fur et à mesure de nos estimations, pour terminer en sprint et vérifier enfin qui a raison. Nous arrivons presqu'en même temps, mais notre arrivée est pitoyable, boitant l'un autant que l'autre, presqu'à cloche pied. Nous éclatons de rire mais ne perdons pas de temps pour découvrir la cargaison. Des armes ! Plus exactement des couteaux, des piques, des têtes de flèches.
- Ah ! Saloperie ! jure Énavila, désappointée.
- Cela ne nous donne même pas un endroit sec ou nous mettre, désespère Sarah.
- Nous pouvons toujours nous placer dessous le chariot, au moins on sera abrité un moment.
- TaaDaa ! crie Énavila en brandissant deux petits sacs.
- Qu'est-ce que c'est, demande Sarah ?
- Leur casse-crûte ! s'enorgueillit Énavila.
- Cool !
Nous nous réfugions sous la carriole, obligés de nous ternir presqu'allongés, mais au moins nous n'avons plus cette satanée plus qui nous tombent dessus. Nous ouvrons frénétiquement les deux sacs.
- Tu me files la moitié de ta part, alors, c'est ça ? demande Énavila.