page 90 le patriarche 91











Sarah ouvrit les yeux dès qu'elle entendit la voix de sa mère. Elle savait désormais avec certitude que c'était cette personne toute blanche qui parlait ainsi. Elle pouvait la voir qui bouger autour d'elle. Elle la suivait souvent du regard, elle aimait bien la voir bouger. Elle souriait quand elle la prenait dans ses bras, et encore plus quand elle sentait l'odeur qui annoncer le goût dans la bouche, ce goût qu'elle aimait tant. Elle aimait cette voix, elle aimait rester là à écouter cette voix lui parler, dire toutes ces choses, elle aimait le mot 'Sarah', la personne le disait souvent et elle aimait la façon dont il sonnait à ses oreilles. Elle aimait aussi le mot 'Teegoosh', elle aimait l'impression acidulée que lui donnait la prononciation de ce mot. Mais par-dessus tout, elle aimait le mot 'maman'.

Mélinawahasa parlait de Teegoosh à sa fille, elle se disait parfois que de parler de lui compenserait son absence. Il lui manquait, lui, pas uniquement son esprit, elle pouvait l'appelait presque quand elle voulait, même si elle se refusait à être systématiquement l'appelante. Mais ils devaient converser au moins une fois tous les trois jours. Mais c'est lui qui lui manquait, son corps, se sentir dans ses bras, se sentir près de lui avec sa fille. Quatre petits sixièmes qu'il n'était pas venu, c'était long, trop long. Elle ne voulait pas le supplier, pas que l'idée de paraître faible devant lui la gênât, elle aimait s'y adonner, au contraire, mais elle voulait qu'il comprît par lui même son importance, elle voulait qu'il vînt par envie et non par obligation.

Teegoosh était encore loin, il était sur Ora, une des planètes du commerce principale. Pour la première fois, il discutait avec Yarnavasol en tête-à-tête, pour la première fois, il fut complètement d'accord avec Mélinawahasa sur cet homme, ce n'était qu'un opportuniste qui n'avait aucune conviction. Il eut alors envie de revoir sa douce, et deux heures et quart seulement après sa discussion

(trois trente-sixièmes), il se préparer à être téléporté sur Fra. Quatre jours plus tard, il garait son glisseur dans le long tunnel menant à l'entrée de la résidence de sa Belle, cinq cent vingt mètres plus bas (trois tri-quadri pierres).

Mélinawahasa fut surprise de le voir, mais elle lui en voulait.

- Teegoosh, vous auriez pu me prévenir, je ne vous attendais pas.

Teegoosh fut vexé par une telle remarque, alors qu'il s'attendait à un accueil chaleureux.

- Préférez-vous que je reparte.

- Si votre susceptibilité est supérieure à votre amour, oui, je le préfère.

- J'aurais pensé avoir un meilleur accueil.

- Après que vous aillez annulé deux de vos visites, n'ai-je pas des raisons de vous en vouloir ?

- Aurai-je envie de vous faire de nouveau des surprises, si je suis accueilli ainsi ?

- Comprenez que j'aurais pu de pas être là, ou avoir de la visite, il serait fâcheux que vous arriviez dans une telle situation.

- Certes, vous avez raison, je serais plus prudent à l'avenir. Avez-vous de la visite de prévu dans le prochain sixième ?

- Non, pourquoi donc, me feriez-vous l'honneur de revenir avant ?

- De ne pas partir.

Mélinawahasa ne put s'empêcher d'avoir un sourire et le regard qui pétille quand elle comprit que Teegoosh allait rester trois mois complets (tout un sixième) avec elle. Elle s'approcha de lui et se laissa prendre dans ses bras.

- Vous allez vraiment rester tout ce temps avec moi ?