?
- Je pense que votre homme est François Aulleri, aussi appelé Ylraw.
Fabrice eut une expression de surprise mal déguisée. Thomas flatta sa prétention en dévoilant ce nom, puis regretta de l'avoir dit sans l'avoir monnayée plus intelligemment.
- François Aulleri ? Jamais entendu ce nom... Je ferai quelque recherche pour savoir si Mathieu avait eu affaire à lui. En attendant, bonne fin de journée, bon séjour. Je pense que je vous recontacterai d'ici à mercredi.
Thomas regarda avec envie le 4x4 qui recula puis quitta la cour. Il resta un instant sur le pallier, sa mère, curieuse, accourut. Il lui expliqua en deux mots que c'était une relation pour son travail, il ne lui dit rien de l'argent et de l'hôtel. Il la congédia en prétextant l'envie de faire une sieste. Il entra et s'assit en face des cinq mille euros. Il les recompta, six billets de cinq cents et dix billets de deux cents, deux fois et demi son salaire net.
Il avait tout de même quelque chose au travers de la gorge, comme s'il acceptait de pactiser avec le diable, comme s'il s'était vendu, comme s'il avait perdu son honneur. Il hésita un instant à rappeler Fabrice pour lui demander de revenir chercher son argent. Puis il se ravisa en considérant que cette somme était sans doute insignifiante pour lui, peut-être ce qu'il dépensait chaque jour entre ses voitures, ses sorties, ses bijoux et ses habits. Et puis il n'avait rien signé, rien accepté concrètement, et après tout ce Fabrice était peut-être de bonne foi.
Il prit l'argent et le rangea d'abord dans son portefeuille, puis se ravisa d'avoir une si grosse somme au même endroit, et il l'a répartit entre ses poches. Dans les dix minutes il tentait de convaincre Carole de venir avec lui sur la Côte d'Azur, réticente au début, la perspective d'en apprendre un peu plus sur cette histoire eut vite fait de la convaincre, même si elle ne voulait surtout pas donner la fausse impression à Thomas qu'elle cédait pour lui.
Thomas lui raconta son entrevue avec Fabrice, et elle trouva néanmoins le tout extrêmement suspect, et d'autant plus quand elle
réussit finalement à tirer les vers du nez de Thomas et apprendre le montant de la somme donnée par Fabrice. Elle jugea d'ailleurs Thomas encore plus immature qu'elle ne le croyait sur ce jeu de devinette stupide. Surtout elle aurait préféré qu'ils partissent directement à la recherche d'Ylraw, le seul d'après elle a posséder la clé de l'histoire. Thomas n'était pas très emballé par cette idée, le week-end sur la côte le tentait plus, et en plus, comme il en convainquit Carole, de Cannes il pourrait remonter sur Gap, pour le retour. Alors finalement tous deux se mirent d'accord et Thomas lui rembourserait le billet La Rochelle-Paris pour le lendemain matin, arrivée à 8 heures 50 gare de Montparnasse. Elle parvint à le convaincre de ne pas y aller en voiture mais en avion, et elle réserva par internet un aller simple pour Nice avec Easyjet, même si elle fut tentée de prendre un billet Air-France presque dix fois plus cher, en estimant que si le tarif était bas cela sous-entendait quelques conditions difficiles pour le personnel ; mais si elle était prête à payer deux fois le prix pour des oeufs bio, ne pas payer dix fois plus pour un billet d'avion leur permettrait de louer une voiture confortable pour la semaine. D'autant que l'avion c'était tout de même le transport le plus polluant, alors autant payer le moins possible, et malheureusement si le TGV pour Marseille était rapide, aller à Cannes était une autre histoire et Thomas avait refusé catégoriquement de passer cinq heures dans le train, il n'aimait pas le train. Elle savait toutefois que les avions court-courriers étaient la plus mauvaise affaire en consommation d'énergie, consommant un équivalent pétrole de huit litres par passagers pour cent kilomètres parcourus, en moyenne, alors que la voiture consommait un peu moins de six litres, l'avion long-courier cinq, le train régional trois, un autobus un peu plus de deux et le métro un peu moins, le TGV quant à lui consommait l'équivalent de un litre et demi, et, bien devant, de loin le transport le plus efficace, le vélo et sa consommation équivalente à un décilitre et demi de pétrole pour cent kilomètres.
Ils ne discutèrent pas plus remettant au jour suivant toutes les questions qu'ils pouvaient avoir. Une fin d'appétit et cinq mille euros en poche suffirent à Thomas pour le convaincre d'aller se payer un bon déjeuner dans un restaurant côté du coin. Il eut des remords mais le canard à l'orange les lui fit vite passer. Il trouva sympathique de déjeuner seul, accueilli comme il se doit, et fier de