Je reprends conscience quand ma tête sort de l'eau et qu'une immense inspiration rempli mes poumons d'air frais. Je suis au milieu d'une sorte de port. Je me dirige tant bien que mal vers l'endroit que je juge le plus adéquat pour me tirer hors de l'eau. Une sorte d'échelle métallique me permet de me glisser sur la terre ferme, je m'allonge, épuisé, et m'endors, ou m'évanouit, aussitôt.
Je me fais réveiller par un passant qui venait prendre l'air frais du matin. Il me réveille et me demande si ça va. Il ne parle pas ma langue mais je comprends ce qu'il me dit. Je connais cette langue, je lui réponds que j'ai soif et faim. J'ai toujours une migraine terrible. Il s'éloigne en me disant de rester là. Je fais de gros efforts pour me mettre à genoux. Mes habits sont encore trempés. J'ai toujours une migraine terrible. Je m'assoupis vaguement et je suis de nouveau réveillé par ce même passant qui me temps une bouteille d'eau et un sandwich. Je le remercie vivement. Je bois sans attendre. Lui me fait la morale, qu'il ne faut pas boire d'alcool à ce point, que si je ne vais pas bien il y a des centres d'accueils, que tout n'est pas perdu, que je devrais reprendre mon courage à deux mains et tenter de remonter la pente. J'hésite à lui raconter mon histoire, puis je me ravise en estimant qu'il ne comprendrait pas et me prendrait pour fou.
Il me laisse, une fois la bouteille bue et le sandwich avalé, et que je sens un soupçon d'énergie revenir en moi, je m'assois sur un banc et retire mes vêtements pour les essorer et tenter de les faire un peu sécher au vent. Il fait frais mais rien de comparable à la température qu'il y avait dans les couloirs. Je grelotte. Mon mal de tête ne passe pas, j'ai toujours autant soif, et le sandwich m'a ouvert l'appétit tout en me causant un désagréable mal au ventre, sans doute parce que je n'ai rien mangé depuis plusieurs jours. Le Soleil est désormais levé, et je me trouve un petit coin de Soleil pour me
réchauffer et faire sécher mes vêtements.
Je suis choqué par toutes les blessures sur mon corps. J'ai notamment une énorme cicatrice sur le ventre, et en passant la main dans mon dos je déduis que quelque chose ma traversé de part en part, peut-être bien l'une des épées qui traînait dans les sous-sols... Ce qui semblerait cohérent avec le tee-shirt déchiré que j'avais trouvé, c'était sans doute la marque du coup d'épée. Les tâches sur le sol étaient alors peut-être bien mon propre sang. J'ai d'autres marques, sur le poignet, sur les jambes, les bras... Je me demande bien qu'elle vie j'avais. Étais-je un criminel, un terroriste ? Qu'est-ce que je faisais dans ce tube ? Est-ce que j'étais mort ?...
En plus de toutes ces questions, j'en profite aussi pur sortir les papiers de mes poches et les faire un temps soit peu sécher. Le carnet à tenu le choc, une partie des écritures ont été lavées par l'eau de mer, mais il reste suffisamment d'adresses lisibles pour m'occuper. Les billets de banque sont encore en bon état, et je compte avec joie plus de cinq mille dollars australien. Je ne sais pas si c'est beaucoup, mais j'ai tout de même le vague sentiment que cela représente de quoi tenir bon quelques jours.
Je me laisse somnoler quelques instants au Soleil, c'est si bon... Que vais-je faire ? Il n'est peut-être pas prudent de me rendre dans un hôpital ou la police, si je suis vraiment un criminel, je ne suis pas persuadé qu'ils croiront avec ferveur à mon amnésie. Avec un peu de chance, je me trouve dans cette ville indiquée sur presque toutes les adresses du carnet, Melbourne ; il y aura bien une personne à l'une d'elles qui saura me dire qui j'étais, qui je suis.
Je reste plusieurs heures au Soleil. Je tente de me convaincre que je ne dois pas rester là, que je perds peut-être un temps précieux, mais je suis encore tellement fatigué. Je me paye deux mars et une autre bouteille d'eau à un distributeur avec la monnaie que j'avais dans ma poche. Une partie de mes habits commençant à être sec, je les renfile, y compris les jeans même si ceux-ci sont encore trempés, mais je ne fais pas très présentable autrement, et puis j'ai peur que des policiers ne me fassent déguerpir s'ils me trouvent presque nu sur un banc. Je récupère l'argent et je laisse les deux