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- Bonne chance, Énavila, à bientôt, peut-être, lui crie-je tout de même.

Elle ne se retourne même pas, lève juste le bras en signe d'adieu, et elle part en courant. Nous voilà deux désormais. Nous finissons en silence les trois bêtes cuites qu'il reste, puis nous levons le camp nous aussi.

Nous prenons directement la direction du sommet de la colline. Dans un premier temps la forêt est espacée et accessible, mais rapidement il nous devient difficile de progresser, une sorte de fougère géante recouvre l'ensemble du sous-bois, et la combinaison nous indique que son contact peut être toxique. Nous l'évitons tant bien que mal pour tenter de continuer à monter, mais nous nous trouvons rapidement au beau milieu d'un véritable labyrinthe, sans savoir réellement la direction de la colline. À plusieurs reprises nous hésitons à retourner vers la rivière, mais d'une part nous n'avons d'autre choix que de rebrousser notre chemin et suivre nos traces, ce qui nous prendra de nombreuses heures, et d'autre part Sarah est bien trop fière pour s'avouer vaincu et retourner dans les pas d'Énavila. Nous continuons donc péniblement notre voix, mais après plus de huit heures de marche, notre priorité devient la recherche d'un lieu ou faire une pause et trouver de quoi manger. Malheureusement le coin semble assez pauvre en animaux, hormis une sorte d'insecte qui prolifère sur les fougères, celles-ci semblent avoir repousser des environs les autres animaux ; il n'y à guère que les pseudo-oiseaux que nous entendons caqueter dans les hauteurs, mais ils sont un peu loin pour subir l'influence des bracelets.

Il nous faudra deux nouvelles heures pour trouver un endroit à ciel ouvert, ou la foudre semble avoir abattu un arbre immense. Cette aubaine nous donne l'opportunité de capturer de quoi manger et de trouver du bois assez sec facilement. Nous nous ménageons un espace sur le tronc immense pour notre campement provisoire. Le jour progresse mais le soleil n'est toujours pas levé, la géante rouge est passée pendant quelques heures à l'horizon, nous ne la voyons plus désormais, tout comme la supergéante rouge, qui a disparu.

Le tronc, qui dans sa chute à fait tomber plusieurs arbres des alentours, s'appuie sur la cime des arbres environnant encore debout, et nous permet, sans trop de difficultés, de le remonter pour avoir

une vue d'ensemble. Nous avons du mal à situer la rivière, mais notre progression vers la colline semble bien maigre, notre direction n'était vraiment pas très bonne, je me demande même si nous ne sommes pas revenus vers le lit du fleuve.

Cette constatation ne nous donne guère de courage et nous nous octroyons un petit repos sur l'énorme tronc. Il ne nous faut pas longtemps pour tomber dans un profond sommeil, la marche dans les sous-bois était épuisante. Nous ne nous réveillons que plusieurs heures plus tard, et le soleil ne semble toujours pas lever, mais nous nous mettons néanmoins en marche rapidement, l'arrivée prochaine du jour attise notre crainte des grillés, il nous faut trouver une cachette rapidement.

- Est-ce que ça vaut encore le coup qu'on monte sur la colline, on devrait peut-être s'occuper à chercher un endroit où nous réfugier, dis-je à Sarah, alors que nous reprenons la route.

- Jusqu'à présent nous n'avons rien trouvé qui puisse faire office de cachette.

- Peut-être simplement nous terrer sous ces fougères et attendre, il faisait relativement sombre là-bas dessous.

- Il ne faisait pas beaucoup plus sombre que dans la première grande forêt que nous avions traversé au début, et les chiens-lézards nous avait suivi, pourtant.

- Oui, et puis si jamais ils nous rattrapent la dedans, nous n'aurons aucune chance d'en réchapper, ils sont plus habiles que nous.

- Mais d'un autre côté ton Chien-Lézard en a baver pour traverser ces fougères, on sentait bien qu'il ne voulait pas du tout y aller, d'ailleurs il n'avançait pas plus vite que nous pour éviter les fougères, peut-être que ça les empêcherait de venir, mais c'est un pari dangereux.

- Oui d'autant que comme ils sont grillés, ils ne sentent peut-être plus rien.

- C'est bien possible. C'est pour ça que je pense que c'est mieux que nous nous rendions près de la colline, nous aurons plus de