pressenti. La luminosité est un peu plus grande à l'extérieur mais il fait tout de même très sombre. Nous bifurquons à gauche. Elle me traîne le long de divers couloirs. Nous passons aux côtés de quelques pièces, j'ai l'étrange impression que tout le monde est endormi à l'intérieur. Elle a peut-être utilisé un produit ou un gaz somnifère avant d'arriver... C'est sans doute pour cela que je suis complètement dans les vapes. Nous prenons divers escaliers. Je suis péniblement son rythme, elle a l'air très pressée. Je serais complètement incapable de me rappeler par où nous passons. Il me semble que nous montons. Les tunnels se sont assombris et il fait presque complètement nuit, je me demande bien comment elle parvient à se diriger. Elle me laisse me reposer un moment sur le bord d'un couloir, alors qu'elle ouvre une lourde porte. Elle ne prend pas la peine de la refermer et nous continuons notre progression. Je suis vraiment sonné. Nous traversons une sorte de cave. Puis de nouveau elle doit ouvrir une lourde porte, puis une troisième. Nous marchons toujours dans l'obscurité complète. Mais il me semble désormais que les murs sont plus réguliers, plus lisses, avec l'aspect du béton plutôt que celui des pierres inégalement posées. Nous franchissons à présent deux portes semble-t-il beaucoup plus modernes que les lourdes portes précédentes. Nous montons facilement l'équivalent de deux étages, parcourons quelques couloirs, et je suis soudain ébloui quand elle ouvre une dernière porte qui nous amène en pleine lumière. Elle me porte encore quelques instants et m'aide à m'asseoir sur une sorte de canapé.
Nous devons être dans l'entrée d'un bâtiment. Nous voyons l'extérieur par les portes ouvertes. Ça a tout l'air d'être un vieux bâtiment, d'après les décors et les lampes alambiquées. Il fait jour, je n'ai aucune idée de l'heure. La fille me laisse et se dirige vers des personnes vraisemblablement à l'accueil. Tout le monde me regarde éberlué, il est vrai que je suis à moitié nu, couvert d'ecchymoses, avec une blessure de balle dans l'épaule qui date d'à peine un jour ou deux. La fille qui m'a tiré de là est habillée étrangement, elle porte une sorte de combinaison grise légèrement moulante, qui laisse deviner ses formes superbes. Elle est bien brune comme il m'avait paru. Elle doit faire à peu près ma taille. Elle a la peau bronzée. Je lui donnerais entre vingt-cinq et trente ans. Elle a comme un petit sac à dos, enfin plus exactement il semblerait que sa combinaison contienne un sac intégré dans le dos. Des sortes de bretelles passent au niveau
des épaules, d'aspect métallique, ainsi qu'une ceinture du même aspect. Je crois en tout état de cause que je ne suis pas trop réveillé et je ne distingue pas très bien. Elle parle avec les personnes à l'accueil et me désigne du doigt à un moment. La personne à l'accueil passe un coup de fil. La fille lui dit de tout évidence merci et se dirige vers la sortie. Quand je réalise qu'elle s'en va, je tente de me lever pour la suivre, mais je suis très faible. J'ai beau serrer ma pierre cela ne change pas beaucoup les choses, à croire que son effet avait une durée limitée. Et alors que je me lève, la dame de l'accueil accourt vers moi. Elle me parle en anglais.
- Non non monsieur, restez assis, j'ai appelé l'ambulance ils seront là dans une minute. Votre collègue m'a expliqué pour l'explosion dans la cave. Mais elle devait partir et ne pouvait attendre.
Je n'ai pas la force d'en faire plus, je me laisse retomber dans le canapé. La dame de l'accueil me propose de boire un peu d'eau, que j'accepte. J'appréhende un peu de voir sortir mes poursuivants de la porte par laquelle nous sommes arrivés dans ce hall. Mais je suis épuisé et dort à moitié. Heureusement l'ambulance ne tarde pas à arriver, et je n'ai pas vraiment le temps de m'inquiéter. La dame de l'accueil va à l'encontre des ambulanciers et leur explique sans doute ce que lui a raconté la fille. Ils me placent sur une civière, et environ trois quarts d'heure plus tard, peut-être beaucoup plus ou beaucoup moins car j'ai légèrement perdu le sens du temps et je n'ai plus de montre, je suis dans un lit d'hôpital. Avant même qu'un docteur n'arrive, je m'endors, épuisé.
Une infirmière me réveille. J'ai dû dormir plusieurs heures. Elle m'explique que le docteur va passer me voir, qu'ils ne m'ont pas réveillé après mon arrivée ce matin, mais que je dois répondre à quelques questions. Je suis attaché, j'ai une menotte au poignet gauche, ainsi qu'une seringue pour accueillir un tube dans une des veines. Ils m'ont peut-être déjà injecté quelque chose, du sucre ou un sédatif. Plutôt un sédatif que du sucre parce que j'ai vraiment du mal à me réveiller. Je m'aperçois aussi que j'ai une trace de brûlure très prononcée au poignet droit. De toute évidence ma sensation juste avant que je ne me débarrasse du bracelet était bien réelle. J'ai des douleurs partout, à mon épaule entre autres. J'ai très faim. Je suis