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des locaux qui semble être ceux de la lune par laquelle nous sommes passés, le Jardin des Plantes ! Les images se brouillent de nouveau, tout devient noir, l'activité de son cerveau semble s'atténuer, elle doit s'endormir.

Mais ce n'est qu'une impression, car elle se lève doucement et s'assoit sur le bord du lit. Les traceurs s'affolent, ils ne perçoivent plus ses ondes mentales, et ils ne parviennent plus non plus à lui communiquer des messages, ils sont obligés d'utiliser des ondes sonores classiques.

- Vous ne devez pas vous lever, vous ne devez pas vous opposer à ce que nous vous observions.

Énavila ne dit rien, c'est toujours le noir quasi-complet sur l'image de son cerveau, elle doit se concentrer, sans doute, pour les empêcher de distinguer ses pensées. Elle se lève lentement et fais quelques pas, elle est nue et je ne peux m'empêcher de contempler son corps superbe. Elle s'appuie contre le mur, reste un instant ainsi, puis se laisse glisser jusqu'à se retrouver assise par terre. Cette position me fait sourire, car je l'adoptais souvent, quand, un peu dépassé par les événements, ou un peu désespéré, je passais quelques instants à subir le contre-coup d'une journée difficile ou d'un mauvais moment.

Les images commencent à réapparaître, on distingue Goriodon, Gwénoléa, mais tout se bouscule. Notre Dame ! Une image de Notre Dame reste un instant dans son esprit, puis de nouveau tout devient noir. Elle se relève, fait encore quelques pas dans la pièce, les traceurs sont fous et lui répètent inlassablement de cesser de résister à leurs requêtes. Elle se rallonge finalement. De nouveaux des images reviennent, mais elles sont confuses, sans doute s'endort-elle et un début de rêve peuple-t-il son esprit. On n'y revoit des images du Congrès, de moi, de Sarah. On voit Goriodon répondre un ferme "oui, je suis au courant de tout" à la question de Metthios et Mélinawahaza. Apparaissent ensuite Goriodon et Sarah, discutant ensemble, puis le collier d'Énavila recouvre l'image, et une brutale activité mentale se déclenche, Énavila ouvre les yeux et se redresse brusquement. Elle soupire et se laisse retomber sur le lit, elle semble épuisée.

De nouveau le noir complet, elle s'assoit doucement sur le bord

du lit, les traceurs la sermonnent de nouveau, elle se lève lentement, se concentrant pour qu'aucune de ses pensées ne s'échappe. Elle enfile une toge qui s'enroule autour d'elle pour former comme une salopette ou une combinaison légère. Elle marche et se place devant la fenêtre, qui donne sur le parc. Il fait encore nuit noire et presque seule la lumière de la lune éclaire les arbres. Elle passe sa main sur la vitre, peut-être cherche-t-elle à la briser. Elle la tapote avec le dos de l'index puis se retourne vers la porte. Les portes d'ici sont constituées d'une multitudes de petites plaques métalliques qui sont maintenues dans un puissant champ magnétique. Quand elles sont ouvertes, elles se comportent un peu comme des rideaux, pour redevenir une paroi rigide quand elles sont fermées.

Énavila se place devant la porte, et les traceurs s'affolent alors, lui interdisant d'une part de sortir, mais ne relève toujours aucune activité dans son cerveau... Mais soudain un flash se produit, puis l'image revient, et on se rend compte que le traceur est au sol, tout comme les deux autres. Ils se remettent en activité et sortent rapidement de la pièce où ne se trouve plus Énavila. Mais ils n'ont dû rester inactifs qu'un court instant, car celle-ci court dans le couloir. Ils se lancent à sa poursuite et la rattrapent en quelques secondes. L'espace d'un instant ils parviennent à la maîtriser et elle s'écroule au sol, mais elle serre les dents et ferme les yeux et de nouveau les traceurs disjonctent. Seuls deux se remettent du choc, le troisième reste cloué au sol, ou tout du moins il ne transmet plus d'image.

Ils retrouvent Énavila à l'extérieur, courant pour s'éloigner des bâtiments du Congrès. Elle essaie vainement d'utiliser deux sac-à-dos abeilles, mais il semble qu'elle ne parvienne pas à les faire fonctionner, ses gestes agressifs envers les deux traceurs persistant laissent suggérer que ce sont eux qui ont bloqué les sac-à-dos. Elles s'enfuient alors en courant, toujours poursuivie par les deux traceurs qui ne cessent de tenter de lui envoyer des sym ou des messages tout haut.

Énavila courra pendant sans doute plus d'un sixième, trébuchant quand sa garde s'affaissant, les traceurs parviennent à l'immobiliser, puis se relevant de plus belle en les envoyant balader. Mais je n'accélère à aucun moment la diffusion, de peur de manquer un détail crucial, une image qu'elle n'a pu retenir, un indice supplémentaire